19 juin 1997 |
Les sept collations de grades des trois cycles ont attiré près de 12 000 personnes au stade couvert du PEPS
Le nombre de diplômées et de diplômés des cycles supérieurs a atteint un nouveau sommet à l'Université Laval, en 1996-1997. C'est la bonne nouvelle que Dinh N. Nguyên, doyen de la Faculté des études supérieures, s'est plu à répéter à l'occasion de chacune des sept collations de grades des trois cycles qui se sont tenues dans le stade couvert du PEPS, au cours des deux dernières fins de semaine.
Du 1er mai 1996 au 30 avril 1997, 1 787 étudiantes et étudiants ont complété leurs études aux 2e et 3e cycles, dont 226 au doctorat, a-t-il fait savoir. Par ailleurs, des statistiques compilées par le Bureau du registraire révèlent que l'Université a délivré, cette année, 6 511 diplômes de baccalauréat.
Les cérémonies traditionnelles ont attiré, comme en juin 1996, près de 3 000 futurs diplômés et diplômées, accompagnés de parents, conjoints, enfants ou amis, c'est-à-dire quelque 12 000 personnes, si l'on ajoute de plus professeurs, professeures et invités spéciaux.
Ce n'est qu'un début
Chaque collation de grades représente, à n'en point douter, un moment grandiose dans le cours d'une année universitaire, car elle couronne les efforts qui ont fait traverser avec succès le baccalauréat, la maîtrise ou le doctorat. Cette "fête académique" se déroule selon un cérémonial commun, mais chacune des séances conserve son caractère distinctif.
D'une fois à l'autre, c'est sur les premières mesures d'une chaconne d'Henry Purcell, interprétée par le quatuor Romance de la Faculté de musique, que le défilé universitaire s'est mis en branle, précédé d'un porteur ou d'une porteuse de masse.
Comme le veut la tradition, le début de chacune des rencontres a été le moment qu'a choisi le recteur François Tavenas, récemment élu, pour féliciter les étudiantes et les étudiants. "Votre succès témoigne de vos capacités intellectuelles, de votre ardeur au travail et de votre persévérance. Votre diplôme ne met pas fin à votre vie d'étudiant ou d'étudiante, cependant; il ne constitue en fait qu'une phase initiale importante qui vous aura appris à apprendre. Pour réussir dans le monde actuel, vous devrez maintenir vos connaissances à jour et revenir, sans doute, au port d'attache du savoir qu'est une université moderne", a-t-il déclaré en substance.
Du dépassement à l'accomplissement
Les propos qu'a tenus pour sa part Dinh N. Nguyên, doyen de la Faculté
des études supérieures, étaient empreints, cette année,
d'une fierté bien légitime. La promotion record des diplômés
des 2e et 3e cycles y était certes pour quelque chose. Mais sa brève
allocution voulait également se faire l'écho des succès
remportés par les professeurs-chercheurs et les étudiants-chercheurs
au dernier congrès de l'Association canadienne française pour
l'avancement de la science ("le plus grand nombre de prix d'excellence"),
et du taux de réussite des étudiants lavallois au récent
concours de bourse d'excellence du Conseil canadien de recherche en sciences
humaines ("un record national").
"Tout cela n'est pas un accident de parcours; c'est plutôt une répétition. Ce n'est pas non plus un hasard; c'est le fruit d'un effort collectif de longue haleine de tous les membres de la communauté universitaire. D'une tradition de dépassement, nous sommes parvenus à une culture d'accomplissement", devait-il souligner.
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Les sept cérémonies de collation des grades se sont tenues
en deux fins de semaine consécutives. Le calendrier a débuté
par les collations des facultés de Médecine, de Médecine
dentaire, de Pharmacie, et de l'École des sciences infirmières,
le samedi 7 juin à 15 h.
Gérard Siest, pharmacien et professeur à l'Université de Nancy I, s'est vu décerner pour l'occasion un doctorat honoris causa. Incitant les étudiantes et les étudiants à se diriger du côté de la recherche, le récipiendaire devait par la suite les inviter à réfléchir sur les conséquences éthiques de cette recherche, mais aussi, dans un deuxième temps, à découvrir d'autres cultures, d'autres pays, "surtout s'ils ont la même langue que nous".
Faire rayonner l'Université Laval
Deux autres cérémonies étaient présentées
le lendemain. À 10 h 30, c'était au tour des finissantes et
des finissants des trois cycles des facultés de Foresterie et de
géomatique et des Sciences de l'agriculture et de l'alimentation
de recevoir leur diplôme des mains du recteur François Tavenas.
Cette séance a été marquée par la remise de doctorats honorifiques à Bernard Bélanger et Maurice F. Strong, et par la proclamation de Michel Maldague, de la Faculté de foresterie et de géomatique, et de Gérard-B. Martin, de la Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation, à titre de "professeurs émérites".
"Que ce soit au sein d'une grande organisation ou de votre propre entreprise, osez!", a lancé aux diplômées et diplômés Bernard Bélanger, président et chef de la direction des Entreprises Premier CDN, en les encourageant à faire rayonner leur compétence et à être des ambassadeurs de l'Université Laval.
"Profondément honoré", Maurice F. Strong devait témoigner à son tour quelques minutes plus tard. "Les valeurs intellectuelles et scientifiques qui ont fait la grandeur de l'Université Laval sont les valeurs sur lesquelles la société doit fonder son avenir", a prétendu le conseiller à la présidence de la Banque mondiale.
Summum et Summa
La Faculté des sciences et de génie prenait place dans le
stade couvert du PEPS, en fin d'après-midi. La cérémonie
de collation a été rehaussée par la remise d'un doctorat
d'honneur à Emil Wolf, physicien et professeur à l'Université
de Rochester, aux États-Unis. Ont d'autre part été
élevés au rang de "professeur émérite":
Lucien Huot, du Département de biologie, Pierre La Rochelle, du Département
de génie civil, et Rodolfo-J. Slobodrian, du Département de
physique.
Julie Audet, étudiante à la maîtrise en génie chimique, et Simon Larochelle, étudiant au baccalauréat en physique, ont mérité respectivement, quant à eux, les médailles d'or et d'argent du Gouverneur général du Canada. L'Association des étudiantes et des étudiants de Laval inscrits aux études supérieures (AELIÉS) a par ailleurs donné un prix d'excellence à Yannick Maltais, étudiant à la maîtrise en génie civil.
La Faculté des sciences et de génie a également décerné des prix Summa à quatre de ses membres et diplômés: Aristide Bouchard, directeur des laboratoires au ministère de l'Environnement et de la Faune du Québec; Guy Goupil, président-directeur général de Lab-Volt (Québec) ltée; Michel Jacques, professeur agrégé à l'École d'actuariat; et Clément Gosselin, professeur titulaire au Département de génie mécanique.
Le succès: un tremplin
La deuxième série de collations a commencé le samedi
14 juin à 10 h 30, avec la Faculté des sciences de l'administration.
Placée sous la présidence d'honneur de Claude Lessard, président
et chef de la direction de la société Cossette Communication-Marketing
ltée, la cérémonie de la FSA a été le
théâtre d'une hommage bien senti à Pierre Péladeau,
"celui qui incarne le mieux au Québec l'esprit d'entreprise",
dira l'ex-recteur Michel Gervais, appelé à faire l'éloge
de cet "entrepreneur par excellence".
"La partie ne fait que commencer pour les diplômés, car le diplôme n'est pas une clé magique, a averti le coloré président et chef de la direction de Quebecor Inc., nouveau docteur honoris causa. Le succès ne vient jamais par enchantement. Il faut travailler, oser, aller de l'avant, savoir où l'on s'en va. Vendre, c'est la clé de la réussite personnelle et en affaires. Il faut savoir se vendre." Reprenant à son compte une citation de John F. Kennedy, il devait renchérir: "Le succès n'est jamais final. Il n'est pas une fin, mais un tremplin." Un discours franc, direct, parfois teinté de "nationalisme", qui lui a valu - fait exceptionnel dans ce genre de rencontre universitaire - une ovation debout.
Pionnier européen en marketing, Jean-Jacques Lambin s'était vu accorder, lui aussi, quelques instants auparavant, un doctorat d'honneur par l'Université Laval. "N'ayez pas peur de continuer à apprendre. Faites preuve de flexibilité. Soyez prêts à affronter tout. Ne craignez pas de commencer au bas de l'échelle, de créer votre propre emploi, d'aller ailleurs, d'apprendre les langues", a conseillé l'économiste, qui est professeur à l'Université catholique de Louvain, en Belgique. Une attitude qui se résume, selon lui, en ces quelques mots d'un philosophe chinois: "La connaissance est le commencement de l'action. L'action est l'achèvement de la connaissance."
Le professeur Charles Pelletier, du Département des sciences comptables, a été proclamé "professeur émérite" lors de la cérémonie.
Touraine, le développeur
La séance de collation des facultés de Droit et des Sciences
sociales a suivi vers 16 h 45. Lubin Lilkoff, de la Faculté de droit,
Marc-André Lessard et Pierre Maranda, de la Faculté des sciences
sociales, ont été nommés "professeurs émérites".
L'éminent "sociologue de l'action" Alain Touraine, directeur
d'études à l'École des hautes études en sciences
sociales de Paris, a alors revêtu l'épitoge réservée
aux récipiendaires d'un doctorat honorifique.
François Létourneau, finissant du baccalauréat en science politique, a mérité la médaille d'argent du Gouverneur général du Canada. L'AELIÉS a remis, d'autre part, une bourse de participation et d'excellence à Nancy Cameron, étudiante à la maîtrise en relations industrielles. La médaille Georges-Henri-Lévesque a été décernée, pour l'année1997, à Michel Audet, président et directeur général de la Chambre de commerce du Québec. Cette médaille d'honneur est accordée annuellement à un diplômé ou une diplômée en sciences sociales "dont le rayonnement et la contribution à l'avancement de la société, au pays et à l'étranger, dans des domaines liés à leur formation universitaire, ont été particulièrement remarquables".
Matinée dominicale de fête
Le programme du dimanche 15 juin s'est déployé en deux temps.
En matinée, les finissantes et les finissants des trois cycles des
facultés de Philosophie, de Théologie, des Sciences de l'éducation
et du Programme de baccalauréat multidisciplinaire ont reçu
leur diplôme à compter de 10 h 30. Les professeurs Fernand
Landry, de la Faculté des sciences de l'éducation, et Jean-Guy
Paré, de la Faculté de théologie, sont devenus "émérites".
La Faculté de théologie a rendu un hommage particulier au théologien et sociologue Jacques Grand'Maison en lui donnant un doctorat honorifique. (On trouvera le texte de son allocution en page 0 du présent numéro). Sophie Tremblay, étudiante au doctorat en théologie, a reçu par ailleurs la médaille d'or du Gouverneur général du Canada.
Patience et longueur de temps...
L'Université Laval a finalement honoré deux autres personnalités
à l'occasion de la dernière cérémonie de collation
qui avait lieu dans le stade couvert du PEPS, à 16 h30: le pianiste
Louis Lortie, l'un des plus brillants interprètes de sa génération,
et l'historien Jacques Revel, président de l'École des hautes
études en sciences sociales de Paris.
Au cours de cette séance, qui réunissait les facultés d'Aménagement, d'architecture et des arts visuels, des Lettres et de Musique, les professeurs Gilles Dorion et William F. Mackey, respectivement du Département des littératures et du Département de langues et linguistique de la Faculté des lettres, ont accédé au rang de "professeur émérite".
De plus, Marc Gagnon, étudiant à la maîtrise en musique (interprétation), a reçu le Prix de l'Orchestre symphonique de Québec, tandis que Isabelle Pouliot, étudiante à la maîtrise en communucation publique, a obtenu la Bourse de participation et d'excellence de l'Assocation des étudiantes et des étudiants de Laval inscrits aux études supérieures (AELIÉS).
Cette ultime cérémonie de collation des grades aura vu défiler, sur la grande scène installée dans le stade couvert du PEPS, le plus âgé des nouveaux diplômés de l'Université Laval: Paul-André Fournier, qui, à l'âge de 82 ans et aveugle par surcroît, est venu chercher son parchemin de doctorat en arts et traditions populaires, accompagné par son directeur de thèse, Jean Simard, professeur au Département d'histoire.