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5 juin 1997 ![]() |
Remue-méninges trilingue pour faire le point sur le théâtre dans les universités
Comment écrire du théâtre à l'université? De quelle façon la créativité développe-t-elle l'imagination? La formation des ingénieurs est-elle influencée par la pratique théâtrale? Voici quelques-uns des thèmes sur lesquels les participants au Congrès mondial de l'Association internationale du théâtre à l'université (AITU) vont se pencher. Ce congrès, qui débute le 14 juin au Collège de Valleyfield, va se poursuivre les 17 et 18 juin à l'Université Laval sous la direction du programme d'études théâtrales et de José-Luis Thenon. Il réunit des praticiens et des théoriciens du théâtre d'établissements d'enseignement supérieur des cinq continents.
Le statut du théâtre universitaire varie beaucoup selon les pays. Si au Québec cette appellation fait surtout référence à l'apprentissage et à la réflexion d'étudiants sur ce mode d'expression, en Amérique Latine les universités engagent souvent des acteurs aguerris pour jouer des pièces et former des troupes permanentes. Ainsi, la plus grande compagnie professionnelle mexicaine dépend d'une université, et a déjà remporté un prix du Festival de théâtre des Amériques pour une production présentée à Montréal. Lieu de recherche originale et de création, le théâtre universitaire permet surtout d'aborder de nouvelles façons de jouer ou de développer un répertoire inédit, en d'autres mots de prendre des risques qui effraient les autres institutions théâtrales.
Peut-être plus ouvert que les conservatoires ou les écoles spécialisées, le théâtre universitaire s'affiche également comme un moyen d'éducation populaire permettant parfois l'émergence d'un public d'amateurs avertis. Certaines universités, comme celles d'Argentine ou du Danemark, tentent également de comprendre l'importance de cette discipline pour favoriser l'apprentissage d'autres connaissances, tandis qu'en Galice, une province espagnole, on utilise le théâtre à l'université pour affirmer une identité nationale sans État.
Un congrès trilingue
Organisé dans trois langues de travail, l'espagnol, le français
et l'anglais, le Congrès de l'AITU propose aux 150 participants une
réflexion autour des thèmes suivants: le théâtre
et la formation, les pratiques créatrices, la théorie et la
recherche théorique sur le phénomène théâtral.
Généralement, les conférences sur les pratiques théâtrales
ou la mission des théâtres universitaires auront lieu en matinée
dans la salle multimédia du pavillon Alphonse-Desjardins, tandis
que le reste de la journée est consacré à des sessions
plus spécifiques ou à des ateliers pratiques.
Plusieurs théoriciens du programme d'études théâtrales de l'Université Laval animent ces séances, comme Hélène Laliberté, qui présente une méthode d'analyse de l'espace dans le texte, ou Marie-Christine Lesage soulignant l'apport du montage et du collage comme sources éloignées des formes dramatiques actuelles au Qébécu théâtre. Le théâtre de l'Atelier de l'Université Laval, animé principalement par José-Luis Thenon, présentera également aux congressistes Les conquérants de la frontière nord, à Valleyfield, en collaboration avec le Théâtre universitaire professionnel Ubu du Costa-Rica.
Plusieurs animateurs venus de Bulgarie, d'Australie, du Maroc offriront également aux participants d'élargir leur pratique théâtrale en se frottant à la performance, à la méthode Studentina, ou au théâtre traditionnel marocain. Les congressistes auront, d'autre part, l'occasion d'obtenir un bref aperçu du paysage théâtral de Québec en visitant la toute nouvelle Caserne de Robert Lepage. L'occasion pour eux de constater comment un lieu de recherches intenses de nouvelles formes théâtrales et un lieu de production peuvent s'unir sous un même toit.