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5 juin 1997 ![]() |
Des étudiants du Nunavik apprennent à faire des routes à la Forêt Montmorency
Depuis la mi-avril, 36 étudiants du Nunavik séjournent à la Station expérimentale de la Forêt Montmorency afin d'y apprendre les métiers d'opérateur de machinerie lourde et de conducteur de camion. S'ils ont accepté de faire en sens inverse le chemin que des milliers de Québécois ont emprunté il y a 25 ans pour aller dans le Grand Nord, c'est que, tout comme eux, ils désirent tout simplement travailler. "Ils sont tannés du BS, tannés de l'assurance-chômage, ils veulent être autonomes et mieux arriver financièrement, dit Clayton Laporte, coordonnateur-formateur à la Commission Kativik. Ils viennent ici parce qu'ils veulent réaliser leurs ambitions et ça se sent par leur détermination à apprendre."
C'est la première fois que la Forêt Montmorency s'associe à ce programme de formation des adultes dispensé par la Commission scolaire Kativik. L'année dernière, les cours avaient lieu à Saint-Lazare, dans la région de Montréal. Selon Clayton Laporte, les conditions retrouvées à la Forêt Montmorency, entre autres le sol rocailleux et humide, s'apparentent davantage au milieu dans lequel les étudiants seront appelés à travailler dans le Nord.
Les participants au programme sont presque tous originaires des villages les plus septentrionaux du Québec: Kuujjuarapik, Umiujaq, Inukjuak, Puvirnituk, Akulivik, Salluit, Quaqtaq, Kangirsuk et Kuujjuaq. "La plupart n'avaient jamais touché à un volant de leur vie avant d'arriver ici, raconte Clayton Laporte. On a vraiment dû commencer à partir de la base." Entre la mi-avril et la mi-juillet, les étudiants doivent compléter 600 heures de ce programme qui en compte au total 900. Un premier groupe d'étudiants est donc sur le terrain dès 6 h chaque matin et le deuxième groupe prend la relève de 14 h à 22 h, question de rentabiliser au maximum l'utilisation des 13 engins en location. Les étudiants n'ont droit qu'à une journée de congé par deux semaines.
Malgré tout, Nuluki Papigatuk, de Salluit, apprécie la chance qui lui est offerte même s'il lui arrive de trouver le temps bien long lorsqu'il n'est pas aux commandes de son engin. "Je n'ai jamais été parti aussi longtemps de la maison auparavant. Mon amie me manque", admet-il spontanément. Tout comme certains de ses confrères de classe, il avait déjà un emploi mais il a choisi de se perfectionner "pour avoir plus d'options", dit-il. Il est d'ailleurs très confiant que son diplôme lui permettra de décrocher un travail à la mine de la Falconbridge située à Baie Déception.
Par ailleurs, la Forêt Montmorency profitera des travaux pratiques réalisés par les étudiants pour améliorer son propre réseau routier. En effet, les étudiants apprennent présentement les manoeuvres de base dans les gravières de la Forêt mais, sous peu, ils devraient s'attaquer à de véritables travaux sur les routes de la Station expérimentale. "Nous avons environ 100 kilomètres de route, dit Daniel Lessard, gérant de la Forêt Montmorency. Les étudiants vont effectuer des travaux d'entretien et ils doivent aussi redresser un secteur de la route où on retrouve une courbe un peu serrée".
La possibilité de travailler sur de vraies routes fait de la Forêt Montmorency un site très intéressant pour ce type de formation, estime le responsable de la Forêt Montmorency, Gilles Poirier. "Il y a cinq ou six ans, nous avions contacté le ministère de l'Éducation ainsi que quelques commissions scolaires pour leur signaler que la Forêt pouvait constituer un lieu de formation idéal pour des cours très appliqués. La Forêt remplit ainsi sa mission d'éducation tout en démontrant son utilité sociale." L'entente avec la Commission scolaire Kativik est valable pour cette année seulement mais, si le bilan est positif pour les deux partenaires, la collaboration pourrait être renouvelée pour une période de cinq ans, précise Gilles Poirier.