22 mai 1997 |
Le Réseau interordinateurs scientifiques québécois entend relever les défis d'Internet en déployant son propre réseau de fibres optiques
"Dans quelques années, une culture qui ne sera pas numérisée sera une culture marginalisée", a affirmé Louise Beaudoin, ministre de la Culture et des Communications, devant les participants au Colloque RISQ 1997 qui se déroulait sur le campus la semaine dernière. Profitant de cette tribune, la ministre, également responsable du dossier du Fonds de l'autoroute de l'information, a promis le dépôt de la Stratégie québécoise de l'implantation de l'inforoute avant la fin de l'année.
"Plusieurs ministères voient l'autoroute de l'information comme une dépense supplémentaire plutôt que comme un moyen d'adaptation pour rendre de meilleurs services à la population, a-t-elle déploré. Le passage de l'imprimé à l'électronique est une révolution aussi importante que celui du manuscrit à l'imprimé et le Québec a un rôle à jouer pour affirmer la place du français dans ce nouvel univers. Des ministres de 49 pays se réunissent d'ailleurs à Montréal la semaine prochaine pour discuter des enjeux de l'inforoute pour la Francophonie".
Internet 2
Le RISQ (Réseau interordinateurs scientifiques québécois)
a entrepris dès 1989 d'engager le Québec sur la voie de l'inforoute.
Créé par un regroupement des principales universités
québécoises, dont l'Université Laval, il dispose maintenant
d'un réseau intégré au réseau canadien CA*net
et au réseau Internet. Le RISQ relie les universités, de
même que certains collèges, écoles, organismes gouvernementaux
et entreprises. Au cours des prochains mois, il projette d'accroître
la puissance de son réseau et l'étendre jusque dans les régions
éloignées des grands centres, notamment Rouyn-Noranda et Rimouski.
Et il entend le faire en déployant son propre réseau plutôt
qu'en louant des lignes. "C'est une simple question de coûts,
dit Yvon Barbeau, directeur du Service de l'informatique et des télécommunications
(SIT) et membre du Comité de gestion du RISQ. Nous croyons qu'il
est plus avantageux de posséder notre propre réseau plutôt
que de louer des lignes à des fournisseurs privés."
L'existence d'un réseau à haute vitesse va devenir cruciale pour les universités, a fait valoir Réjean Bernard, directeur du Service de l'informatique à l'UQAM, lors du colloque du RISQ. L'an dernier, un groupe d'universités américaines a d'ailleurs entrepris le développement d'Internet 2 pour satisfaire les besoins de l'enseignement et de la recherche. Des applications comme le multimédia et la vidéoconférence exigent énormément de puissance et l'engorgement et les limitations actuelles d'Internet en freinent l'usage. Le hic est que le ticket pour monter à bord d'Internet 2 coûte environ 750 000 $ par établissement en équipement et en ressources humaines. C'est très cher, reconnaît Réjean Bernard, et le RISQ a un rôle à jouer pour que les universités québécoises ne soient pas marginalisées dans ce réseau qui fonctionnera en parallèle avec l'Internet actuel.
Une bonne partie du réseau local de l'Université répond déjà aux exigences d'Internet 2, estime Denis Savard, chef de projet au SIT. Les pavillons sont reliés entre eux par un réseau de fibres optiques offrant suffisamment de puissance et, en modifiant certains commutateurs des sous-réseaux, chaque poste de travail pourrait éventuellement être desservi par une ligne à 10 mégabits, la vitesse de croisière prévue sur Internet 2.