22 mai 1997 |
Les finissants en arts plastiques s'affichent jusqu'au
26 mai
à l'édifice La Fabrique
Ophélie va partir en Europe se dépayser, s'imprégner d'autres lieux et visiter les musées. Yana s'envole prochainement pour le Japon pour nourrir son inspiration. Odile a déjà loué son atelier, non loin de l'édifice La Fabrique, pour garder le contact avec les autres finissants et les artistes du quartier. Denis, lui, veut bâtir ses projets sans attendre après les galeries d'art ou les institutions, quitte à exposer dans une garderie ou sur le boulevard Charest. Avant de se séparer, leur baccalauréat en arts plastiques en poche, les 33 finissants affichent leurs travaux, jusqu'au 26 mai, dans les locaux de l'École des arts visuels, à l'édifice La Fabrique. Attention, cuvée exceptionnelle!
L'imagination, la maturité, la diversité, qui se dégagent des oeuvres regroupées dans Cumulart, frappent l'oeil lorsqu'on déambule dans les immenses salles de travail de l'École des arts visuels, toilettées et revampées pour l'occasion. En mettant sur pied cette exposition qui donne au public un aperçu de l'évolution de leur approche des arts plastiques tout au long de leur baccalauréat, les étudiants ont voulu bâtir une atmosphère, une ambiance. Loin de constituer une courtepointe de pièces disparates, Cumulart met en valeur un certain esprit commun qui transcende des oeuvres aux thèmes et aux suports pourtant fort variés.
Individualistes par essence, ces artistes en devenir ont laissé leur ego au vestiaire pour unir leur imagination, à quelques occasions, autour de sujets collectifs comme les miniatures, les ficelles ou l'eau. Dans cette salle, par exemple, ils n'ont pas hésité à tamiser les lumières de bleu, à tendre des plastiques aux murs, à bâtir un savant montage avec gouttelettes et parapluies en suspension pour mieux accentuer l'ambiance humide suggérées dans les tableaux et les sculptures. Les finissants souhaiteraient-ils faciliter la compréhension des oeuvres par un plus large public? Selon Denis Terriault, un des finissants qui a monté l'exposition, l'art contemporain ne doit pas être réservé à une élite. "Lorsque je vais m'acheter du bois dans un magasin, je prends le temps d'expliquer l'utilisation de la planche qu'on me découpe, dit-il. Le vendeur de la quincaillerie est d'ailleurs venu au vernissage de l'exposition."
Tout matériau peut être artistique
L'École des arts visuels de l'Université Laval se distingue
parmi les institutions similaires de la province par sa volonté marquée
d'initier les étudiants à toutes sortes de techniques et de
matériaux. Utilisation du bois brut, du métal, du tissu, de
la vidéo, de la peinture, de l'infographie, de la performance, les
oeuvres de Cumulart témoignent de ce bouillonnement. Pendant
qu'un Dominique Toutant s'amuse à mêler les styles bien reconnaissables
des grands maîtres de l'art moderne comme Beys, Warhol, Duchamp ou
Woodraw, Bruno L'Écuyer déploie ses spirales, tandis que Marie-Eve
Higgins tisse ses ailes en acier. La provocation fait aussi partie du décor,
lorsque Carl-Dave Lagotte s'installe sur une chaise la corde au cou, pour
une performance filmée sur vidéo.
Qu'elles soient profondément réfléchies et intellectualisées, ou émotives et sensitives, les oeuvres exposées à La Fabrique recèlent une énergie très prometteuse dans certains cas, qui dépassent aisément les simples travaux d'étudiants. Rien d'étonnant dans ces conditions que les artistes bien établis dans le milieu et les amateurs éclairés fréquentent assidûment cette exposition des finissants, année après année.