22 mai 1997 |
Plus de 13 000 étudiants fréquenteront le campus cet été
Pour nombre de gens, l'année universitaire se résume aux seuls trimestres d'automne et d'hiver, l'été étant relégué au rayon des saisons mortes. Si le campus se vide à la fin d'avril, n'y règne toutefois pas une totale vacuité quelques jours après. À preuve, plus de 13 000 étudiants et étudiantes fréquenteront l'Université d'ici à la mi-août.
L'affluence estivale, qui représente près du tiers de la population étudiante habituelle, provient de toutes les disciplines, et ce aux trois cycles, constate Jocelyne Fortin, chargée de recherche en statistiques au Bureau du registrtaire. Ce sont toutefois les étudiantes et les étudiants inscrits à la maîtrise et au doctorat qui sont encore les plus nombreux dans la cité universitaire durant les mois d'été. Cette année, on en compte quelque 8 700 sur les 12 288 "estivants" toutes catégories recensés par le Bureau du registraire. Si l'on ajoute à ce dénombrement le deuxième contingent de non-francophones qui se pointera en juillet pour apprendre le français ou de francophones qui étudieront une autre langue, la fréquentation aura dépassé le cap des 13 000 personnes aux études.
Une école vivante de langues
L'École des langues vivantes accueille présentement près
de 800 étudiants dans les divers cours qu'elle offre à la
première session du trimestre d'été. Il y a tout lieu
de croire qu'il en sera de même en juillet, indique Marcel Tremblay,
directeur adjoint de l'ÉLAV. "Même si l'on note une certain
engouement pour les cours de français langue seconde - on enregistre
quelque 180 inscriptions provenant notamment des États-Unis, du Mexique,
du Japon, de Corée, du Canada -, ici encore, c'est la présence
des étudiants de l'Université Laval qui se fait sentir",
révèle-t-il. Actuellement, 280 d'entre eux suivent des cours
d'anglais, 120 se hasardent à parler ou perfectionnent leur espagnol
et une soixantaine s'initient ou s'accoutument au dépaysement des
cours d'allemand.
Seul ou avec d'autres
L'apprentissage des langues, et du français en particulier, attire
aussi à l'Université des groupes en provenance de notre continent
ou d'ailleurs. Ainsi, au cours de la présente saison estivale, deux
groupements différents de professeurs de français d'Amérique
latine, des États-Unis et du Canada - ils sont plus de 70 au
total - auront participé, chacun de son côté, à
un stage de perfectionnement d'une durée de trois semaines. C'est
le temps que resteront également quelque 80 aînés de
l'Elderhostel qui se sont installés sur le campus le lundi 19 mai.
Une première
Certains arrivent, d'autres sont sur leur départ, comme ces 11 professeures
de langues de l'ex-Allemagne de l'Est qui nous quitteront dans quelques
heures, après avoir baigné pendant deux semaines dans la culture
française en Amérique. "C'est à leur demande,
et grâce à l'étroite collaboration entre l'Université
de Erfurt et l'École des langues vivantes que ces professeures en
exercice - qui enseignent le russe et d'autres langues... et bientôt
le français - ont pu venir se recycler à l'Université
Laval", explique Denise Pépin, professeure et coordonnatrice
de ce programme spécial "fait sur mesure". Une première
avec un ancien pays de l'Est, signale-t-elle. Les futures professeures de
français ont eu droit à 18 heures de cours de langue, mais
également à 12 heures de conférences. Celles-ci ont
porté particulièrement sur le Québec vu à travers
son histoire, sa chanson et sa littérature, sa géographie
humaine, l'état de son français.
Le Québec dans tous ses états
Le Québec n'est pas le point de mire de ces seules Allemandes. À
quelques corridors de là, à l'intérieur du pavillon
Charles-De Koninck, l'École d'été sur le Québec
politique et social du Département de science politique reçoit,
pour toute la durée du mois de mai, une petite cohorte d'étudiants
universitaires canadiens, issus de milieux non francophones du Québec
et de l'extérieur.
Au programme: conférences de synthèse, modules pratiques mêlant visites et échanges avec des personnalités du monde politique, et périodes de discussion et de recherches dirigées. La deuxième édition de l'école d'été du Département de science politique, placée sous la direction de Louise Quesnel, ne pouvait pas mieux tomber, cette année, pour ces sept étudiantes et deux étudiants en quête d'un "pays" inconnu. Ils sont tombés en pleine campagne électorale fédérale... et de l'omniprésente question de la souveraineté du Québec qui se profile en filigrane.
Au fait, qu'est-ce qui a bien pu les attirerà Laval? "Je voulais apprendre le français, entrer en contact avec la culture québécoise, car il n'est pas beaucoup question du Québec en Colombie-Britannique", confie Tara Hungerford, étudiante à l'Université de Victoria, qui avoue se retrouver dans "un autre pays". "Les questions d'identité et de l'identité québécoise me préoccupent. Je voulais avoir une meilleure idée de la société québécoise", ajoute Shelly Goguen, jeune femme de souche acadienne qui étudie à l'Université du Nouveau-Brunswick à Saint-Jean.
"Comme on entend surtout le point de vue fédéraliste à Concordia, je suis venu ici pour connaître celui des Québécois, m'informer sur leurs sentiments, avant la séparation", déclare pour sa part Roland Mansour, étudiant d'origine libanaise inscrit à l'Université Concordia, à Montréal. Car, s'il est une crainte vive qu'ils partagent tous trois, à l'évidence, c'est celle de la séparation du Québec du reste du Canada. Le mois qu'ils auront passé au coeur de la francophonie nord-américaine contribuera sans doute à lever quelque peu le voile sur cette société québécoise que l'on dit "distincte"...