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22 mai 1997 ![]() |
Les contaminants seraient victimes, à leur tour, de l'implacable loi de la jungle...
Des chercheurs ont isolé une souche de bactéries capables de dégrader efficacement l'explosif TNT (trinitrotoluène). Le microorganisme en question, Serratia marcescens , a été découvert dans un sol contaminé depuis un siècle par les rejets d'une usine de munitions. Les chercheurs Stéphane Montpas, Éric Langlois et Robert Chênevert du Département de chimie, Julie Samson et Yves Piché, du Centre de recherche en biologie forestière, et Jiyu Lei, de la firme Biogénie, font connaître leur découverte dans le dernier numéro de Biotechnology Letters.
"Les terrains contaminés constituent un bon endroit pour chercher des microorganismes possédant des caractéristiques particulières, dit Robert Chênevert. Il s'opère une forme de sélection naturelle qui favorise les espèces capables de résister aux contaminants." La bactérie découverte par les chercheurs utilise le TNT comme source de carbone. Ce faisant, elle le dégrade en composés inoffensifs pour l'environnement.
Les chercheurs examinent la possibilité de faire appel à cette bactérie pour restaurer des sites contaminés par le TNT ou par d'autres composés de la famille des nitroaromatiques. Signalons que les nitroaromatiques se retrouvent dans plus de 10 % de la production chimique industrielle mondiale. Outre les explosifs, on les utilise dans la fabrication des médicaments, des pesticides, des colorants, des solvants et des matières plastiques. "Les nitroaromatiques sont toxiques et mutagènes pour les organismes vivants, signale Éric Langlois. Leur structure chimique les rend stables et donc assez difficiles à dégrader. Ils se retrouvent d'ailleurs sur la liste des priorités de l'Agence de protection environnementale des États-Unis."
Deux autres espèces de microorganismes capables de dégrader le TNT avaient été décrites précédemment. Lors des travaux qui ont permis d'isoler Serratia marcescens , les chercheurs de Laval ont également trouvé deux espèces de champignons ainsi que deux autres espèces de bactéries, ne provenant pas du sol, qui possèdent également un certain pouvoir de dégradation du TNT. Des expériences seront réalisées sous peu afin de déterminer si ces espèces parviennent à dégrader le TNT dans des conditions semblables à celles qui prévalent dans les sites contaminés.
Ces travaux ont été réalisés dans le cadre d'un projet université-entreprise du CRSNG. La firme Biogénie, spécialisée en biorestauration, est le partenaire industriel du projet.