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22 mai 1997 ![]() |
Les personnes atteintes de maladie respiratoire ou cardiaque ont tout à gagner d'un programme d'activité physique adaptée
Vingt ans après sa première édition, le Symposium international sur l'activité physique adaptée revenait, la semaine dernière, à Québec, dans la ville où il a fait ses premiers pas. Tout comme en 1977, près de 400 personnes d'un peu partout à travers le monde ont convergé vers le Château Frontenac pour discuter de l'activité physique destinée à ceux qui, en raison d'un accident, d'une maladie ou simplement de leur âge, requièrent une attention ou un encadrement spécial pour dépasser leurs limites physiques.
Organisée par une équipe dirigée par les professeurs Clermont Simard et Denis Drouin, du Département d'éducation physique, la 11e édition de l'événement était placé sous le thème "Actif différemment".
Plus ça change...
Si, depuis 1977, une nouvelle génération de chercheurs a pris
la relève des pionniers de l'activité physique adaptée,
certaines choses, elles, n'ont pas changé. "Il y a vingt ans,
les recommandations médicales officielles rejetaient carrément
l'idée que l'exercice physique puisse être bénéfique
aux personnes qui avaient subi un accident cardiaque", a rappelé
Jean Jobin, du Centre de recherche de l'Hôpital Laval (Faculté
de médecine). L'exercice occupait même le sommet de la liste
des contre-indications. À mesure que des études ont prouvé
les effets positifs de l'activité physique pour les cardiaques, l'exercice
a progressivement glissé vers le bas de la liste des contre-indications.
"Aujourd'hui, il y a encore des spécialistes de la santé
qui mettent en doute les bienfaits de l'activité physique dans la
réadaptation et le mieux-être des patients ayant subi un accident
cardiaque, malgré les nombreuses études qui prouvent le contraire",
déplore Jean Jobin. Les données sont pourtant claires: l'activité
physique est bonne pour le coeur et pour les muscles, l'entraînement
est sécuritaire et, même à intensité modérée,
les bienfaits sont importants.
Pierre Leblanc, également du Centre de recherche de l'Hôpital Laval, signale qu'il y a deux mois à peine, une importante revue scientifique américaine publiait, en éditorial, un texte en faveur et un texte contre le programmes d'entraînement pour les personnes atteintes de maladies respiratoires chroniques. "On trouvait là des choses qui auraient pu être écrites il y a vingt ans", note-t-il. En collaboration avec ses collègues Jean Jobin et François Maltais, Pierre Leblanc a soumis 42 personnes souffrant de problèmes respiratoires à un programme d'entraînement sur bicyclette stationnaire (30 minutes, 3 fois par semaine, 12 semaines). Bien que la charge de travail lors de ces entraînements ne dépassait pas 50 % de la capacité maximale des participants, leur condition physique s'est améliorée de façon appréciable. "Le programme leur permet d'atteindre un certain niveau de condition physique, précise-t-il. Par la suite, pour maintenir leurs gains, ils doivent intégrer l'exercice dans leur mode de vie."
Les trois mêmes chercheurs et leur collègue Clermont Simard ont aussi examiné l'effet de l'entraînement sur les muscles de sujets souffrant de problèmes respiratoires chroniques. "L'exercice provoque une véritable adaptation physiologique des muscles des patients, a expliqué François Maltais lors du Symposium. Il entraîne une augmentation de l'activité des enzymes oxydatives des muscles, les fibres musculaires grossissent et le nombre de vaisseaux sanguins irriguant les muscles augmente."
Selon les chercheurs, l'un des principaux obstacles à la reconnaissance des bienfaits de l'activité physique pour les personnes atteintes de maladies cardiaques ou respiratoires demeure le manque d'information des médecins et des patients. Mais, peu à peu, les preuves s'accumulent et les choses changent. Qui sait, dans vingt ans, les patients sortiront peut-être du cabinet du médecin avec, en poche, une prescription de programme d'activités physiques!