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24 avril 1997 ![]() |
Certains dossiers internationaux reliés au
développement
durable progressent de façon remarquable
La plupart des forums de discussion de la planète, qui permettent aux dirigeants politiques de débattre et de s'entendre sur des directives communes, ont tendance à opposer les intérêts des pays développés à ceux des nations moins favorisées. Un groupe fait exception à cette règle tacite: l'ensemble des pays qui ont en commun l'usage du français, puisqu'aux 43 pays en voie de développement qui en font partie, s'ajoutent le Canada, la Belgique, la Suisse et la France. Même s'il a attendu le milieu des années 80 et le Sommet de la francophonie de Dakar pour prendre position en faveur du développement durable, ce groupe constitue le fer de lance de la défense de l'environnement, selon Jean-Marc de Comarmond, directeur exécutif de l'Institut de l'énergie des pays ayant en commun l'usage du français (IEPF).
Invité par la Chaire Unesco-Laval sur le développement durable, le directeur de l'IEPF a brossé un tableau relativement optimiste de la coopération multilatérale francophone sur le dossier du développement durable, lors d'une conférence organisée conjointement avec la Faculté des sciences sociales, le 15 avril dernier. À la lumière des plans d'action et des programmes mis en place à l'occasion de différentes rencontres, Jean-Marc de Comarmond évalue que les pays du Sud ont réussi à faire passer certains messages à l'ensemble de la planète. Ainsi, les dirigeants de ces États qui partagent l'usage du français ont convenu de débourser des budgets additionnels pour le développement durable, une résolution plus ambitieuse que celle votée à Rio, en 1992.
La lutte contre la désertification a commencé
Le directeur de l'IEPF pense, d'autre part, que la volonté des francophones
a permis aux nations réunies au Sommet de la Terre de s'entendre
sur une déclaration de principe visant à protéger les
forêts, même si la signature d'une convention précise
reste en suspens. Selon lui, l'insistance des pays africains a aidé
également les discussions à avancer sur une éventuelle
convention de lutte contre la désertification. Certains programmes
fonctionnent déjà au Burkina-Fasso ou au Sénégal
pour inciter la population locale à prendre soin des forêts
classées, ce qui leur permet de rester sur place entre deux récoltes.
"L'élimination de la pauvreté est au centre du concept de développement durable", soutient Jean-Marc de Comarmond qui évoque l'échec de la mise en place de certaines sources d'énergie dans le Tiers-Monde. "J'ai visité une école en Haïti, il y a quelques mois, où on préparait le repas des écoliers sur des foyers en pierre peu fonctionnels, à côté de brûleurs et de bouteilles de gaz rouillés. Il aurait mieux valu financer la construction de foyers efficaces, plutôt que de subventionner à grands frais un système au gaz qui cesse de fonctionner quand l'argent n'arrive plus."
À la lumière des engagements pris par les dirigeants des pays qui partagent l'usage du français, le conférencier croit que ce groupe va veiller à rappeler aux grands de ce monde les engagements pris au Sommet de Rio. Lors de précédentes réunions, les représentants des pays concernés sont tombés d'accord, notamment, pour réaffirmer la nécessité de consacrer 0,7 % du PNB de chaque budget national à l'environnement, de renforcer les capacités du pays du Sud et de favoriser le transfert des technologies. Reste à savoir si les nations qui se réuniront en juin prochain à New-York pour décider des domaines d'intervention prioritaires en matière d'environnement, cinq après le Sommet de Rio, partageront leurs vues.