3 avril 1997 |
François Tavenas est devenu, hier, le 25e titulaire du poste de recteur de l'Université Laval. Il entrera officiellement en fonction le 3 mai, succédant ainsi au recteur sortant, Michel Gervais.
Ce fut certes l'élection au rectorat la plus chaudement disputée depuis celle du premier recteur laïque, Larkin Kerwin, en 1972. Il aura fallu attendre au troisième tour de scrutin pour que François Tavenas reçoive l'appui majoritaire des 127 membres votants du collège électoral, réunis à huis clos dans la grande salle du Cercle du pavillon Alphonse-Desjardins, à compter de 9 h 15. Le collège électoral, rappelons-le, est composé des membres du Conseil universitaire, du Conseil d'administration, de la Commission des études, de la Commission de la recherche et de la Commission des affaires étudiantes.
Au premier tour du scrutin secret, François Tavenas a obtenu 47 votes, 35 sont allés à Michel Pigeon, 21 à Jacques Desautels et à Sébastien Larochelle-Côté, et 3 à Serge Genest. Celui-ci n'ayant plus accès au second tour parce qu'il avait terminé au dernier rang, qui plus est, l'étudiant Sébastien Larochelle-Côté ayant décidé de se retirer de la course, trois candidats restaient encore en lice. Au deuxième dépouillement, le décompte se lisait comme suit: François Tavenas, 58 voix, Michel Pigeon, 54, Jacques Desautels, 15. Le contenu de la boîte du dernier scrutin devait confirmer la victoire de François Tavenas sur Michel Pigeon, le ballotage lui accordant 64 votes contre 59, 4 bulletins étant annulés.
L'ampleur des défis
"Je suis extrêmement honoré du choix que le collège
électoral a fait de me confier la direction de l'Université
Laval au cours des cinq prochaines années. Mais je suis pleinement
conscient de l'ampleur des défis qui nous attendent. La croissance
de l'Université Laval l'a placée au tout premier rang canadien
depuis plusieurs années. Cette progression est le reflet de la qualité
du travail de Michel Gervais et de l'équipe qui l'a entouré.
Poursuivre dans la même veine va être une tâche extrêmement
difficile", a confié aux journalistes le nouveau recteur, à
l'occasion d'un point de presse qui s'est tenu peu après son élection.
Ces défis sont de plusieurs ordres. Reprenant les grandes idées qu'il a défendues tout au long de la course au rectorat, François Tavenas a rappelé que l'Université Laval devra capitaliser sur les progrès réalisés au cours des dernières années pour renforcer sa position sur les scènes québécoise, nationale et internationale. "L'Université Laval, l'université de la capitale, est particulièrement bien placée pour jouer un rôle important dans le développement de la société québécoise", devait-il renchérir.
Sous le signe de l'adaptation
L'Université devra, selon lui, poser des gestes concrets dans un
avenir rapproché. Elle devra notamment adapter ses programmes de
formation aux conditions de plus en plus changeantes, fournir des formations
plus générales au 1er cycle, donner des formations qui sont
"plus directement qualifiantes au niveau du marché du travail",
mieux attaquer toute la problématique de la formation continue, qui
est "le grand marché de croissance de l'activité universitaire
partout dans le monde".
"Nous avons encore un certain nombre d'années difficiles à passer, qui vont exiger de notre part une collaboration interne très efficace entre l'ensemble des participants - corps professoral, employés, étudiants et direction de l'Université -, pour nous assurer que les ressources publiques qui sont mises à notre disposition sont utilisées de la manière la plus efficace possible", a lancé le recteur nouvellement élu.
François Tavenas veut d'autre part s'attaquer à un dossier qui commande l'urgence: celui du financement public des universités. Il tentera, comme il le dit, de trouver des bases de consensus entre les différents membres de la communauté universitaire québécoise qui vont permettre de mieux défendre des positions communes dans ce dossier.
Un partenaire important
Le recteur Tavenas compte aussi relever un autre défi: celui de mieux
établir Laval comme un partenaire culturel et économique dans
la région de Québec et dans tout l'est du Québec: "Il
faut que nous réalisions l'importance de Laval dans la région
de Québec, et il faut que la région de Québec réalise
l'importance de Laval pour la région de Québec", a-t-il
insisté.
Une des tâches qui attend François Tavenas, au cours des prochaines semaines, sera, de son propre aveu, de se "réapproprier la communauté" après huit ans d'absence. "Dès les premiers jours de mon mandat, je vais prendre les moyens nécessaires pour mettre en place une structure de consultation de la communauté qui va nous aider à transformer un programme électoral en programme d'action", devait-il ajouter par ailleurs.