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20 mars 1997 ![]() |
COMPLÉMENTS À MON PLAN D'ACTION
PAR MICHEL PIGEON
CANDIDAT AU POSTE DE RECTEUR
Chères et chers membres de la communauté universitaire,
Je vous ai proposé il y a quelques semaines un plan d'action (voir Au fil des événements du 27 février 1997). Les principales idées de ce plan sont l'importance pour notre université de bien définir sa spécificité, entre autres en misant sur l'interdisciplinarité, de savoir s'adapter rapidement au changement et d'être un lieu de formation accessible où domine le sens de l'effort et où les étudiantes et les étudiants des trois cycles sont au coeur de nos préoccupations. Les rencontres et les débats des dernières semaines m'ont permis de discuter avec plusieurs d'entre vous des différents éléments de ce plan. Ces discussions ont été fort intéressantes et m'ont amené à en préciser certains points. Je vous présente dans ce document ces quelques précisions.
Valoriser les unités
L'Université, c'est devenu presque un lieu commun de le dire, doit
rationaliser ses façons de faire, simplifier ses méthodes
administratives et être sans cesse préparée à
faire face au changement. Dans notre structure administrative, ce sont les
directions des unités qui sont les plus proches de celles et ceux
qui sont affectés par les décisions. Il est donc extrêmement
important que ces directions soient conscientes que leur rôle principal
est de stimuler le développement de leur unité et que le recteur,
l'équipe de direction et les doyennes et doyens suscitent et encouragent
cet esprit de développement et d'adaptation au changement.
Une université complète
Rationaliser nos façons de faire, je tiens à le redire, n'implique
pas nécessairement à mon avis l'abandon de nombreux champs
du savoir et la fermeture de nombreuses unités. Bien des gestes peuvent
être posés avant ceux-là. Laval est une grande université
et cette distinction a de nombreux aspects très positifs. Je pense
bien sûr à l'interdisciplinarité, et aussi, entre autres,
à l'importance pour la société que la recherche scientifique
se fasse dans un milieu où la recherche sur les aspects sociaux et
éthiques est présente.
Le défi de l'ouverture
L'ouverture est un concept qui réfère à de nombreuses
réalités. Une de ces réalités est l'ouverture
aux autres universités. Depuis quelques années, plusieurs
programmes conjoints avec d'autres universités ont été
mis sur pied. C'est une avenue qu'il faudra continuer d'explorer avec vigueur
chaque fois que cela sera possible. Il faudra aussi continuer le travail
entrepris, particulièrement par des chercheures et des chercheurs,
pour développer nos relations avec des universités à
l'extérieur du Québec et du Canada.
Les changements technologiques qui affectent notre société représentent une autre des réalités nouvelles auxquelles l'Université Laval doit être ouverte. À cet égard, en tant que première université francophone, Laval peut se révéler un partenaire de premier plan pour le gouvernement et le secteur privé afin d'accroître le contenu francophone sur l'autoroute de l'information au niveau international.
L'accueil et l'encadrement des étudiantes et des étudiants
Bien que l'effort personnel et le travail soient les deux principaux instruments
requis pour réussir des études universitaires, l'Université
doit fournir aux étudiantes et aux étudiants les conditions
les plus propices à leur réussite. À cet égard,
outre les propositions décrites dans mon plan d'action, je souhaite:
- que les professeures et les professeurs ainsi que les chargées et chargés de cours qui enseignent durant la première année des programmes soient particulièrement choisis en fonction de leurs qualités pédagogiques,
Par ailleurs, considérant les difficultés inhérentes à l'enseignement à de grands groupes, tant pour les étudiantes et les étudiants que pour les professeures et les professeurs, il faudra innover dans nos pratiques pédagogiques, particulièrement pour les cours donnés durant la première année des programmes.
Une formation de qualité
Le développement de l'Université Laval durant les années
qui viennent ne sera possible que si la formation qui y est dispensée
est de grande qualité. Afin d'aider à sensibiliser les professeures
et les professeurs qui arrivent à l'Université à l'importance
de cette question, je propose:
- qu'ils et elles soient toutes et tous dégagés d'un cours durant leur première année pour leur permettre de suivre des activités pédagogiques,
- que les directions départementales et facultaires demandent à ceux et celles qui ont de l'expérience d'encadrer les jeunes professeures et professeurs.
Valoriser le travail des étudiantes et des étudiants
Une façon intéressante de bien montrer que les étudiantes
et les étudiants des trois cycles sont au coeur de nos préoccupations
serait de mettre en valeur leurs travaux par divers moyens de diffusion
comme par exemple des séances d'affiches ("poster sessions")
ouvertes à tous les membres de la communauté universitaire.
Ces séances, qui seraient sous la responsabilité des associations
étudiantes, mais qui seraient appuyées financièrement
par l'Université, pourraient aussi parfois servir de "vitrine"
à l'Université et donc accroître sa visibilité
dans la région.
La préparation au marché du travail
Une des qualités les plus valorisées par les employeurs est
l'aptitude au travail en équipe, et tout particulièrement
en équipe multidisciplinaire. Il est donc essentiel que toutes les
étudiantes et tous les étudiants de l'Université Laval
soient non seulement conscients de cela, mais que l'Université leur
offre des possibilités de développer cette habileté.
Un des moyens serait de s'assurer que dans toute la mesure du possible les
stages effectués par les étudiantes et les étudiants
aient une dimension multidisciplinaire.
Le fonds de soutien au doctorat
Les liens entre la formation et la recherche, il faut le rappeler, sont
extrêmement importants. Le fonds de soutien au doctorat doit donc
être maintenu, car il s'agit d'un élément important
pour empêcher que le nombre d'étudiantes et d'étudiants
inscrits au troisième cycle, dont l'apport à la recherche
est considérable, ne diminue. À ce sujet, il faut:
- que l'on continue de voir ce fonds comme un fonds de soutien et non comme un fonds permettant d'accorder des bourses d'excellence,
- que sa répartition résulte d'une discussion entre les étudiantes et les étudiants et l'Université, tant pour ce qui est des règles générales au niveau de toute l'Université que des règles particulières au niveau facultaire et départemental.
Comme vous le savez toutes et tous, le prochain recteur devra faire face à de nombreux défis, dont le principal sera de continuer à développer l'Université dans une période très difficile. Cela ne sera possible qu'avec l'aide de toute la communauté universitaire et que si tous les membres de cette communauté, dans les unités d'enseignement et de recherche comme dans les services, se sentent responsables de ce développement. L'imagination au service du développement, voilà ce qui permettra à Laval de demeurer une grande université, forte et complète! Tout en étant porteur de cette vision de l'université et le garant de ses valeurs fondamentales, le recteur aura donc le devoir d'être à l'écoute, de poser des gestes concrets pour favoriser la solidarité et d'en donner l'exemple.
Le 17 mars 1997