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20 mars 1997 ![]() |
Les chercheurs du Centre de recherche en biologie de la reproduction (CRBR) peuvent maintenant compter sur une dizaine de spécialistes québécois des questions d'éthique, de droit et de biodiversité pour les conseiller sur ce qui est acceptable dans le domaine des manipulations génétiques. Ce "comité des sages", qui s'est réuni pour la première fois la semaine dernière sur le campus, a été formé à l'initiative des chercheurs du CRBR qui ressentaient le besoin d'un éclairage extérieur sur les délicates questions soulevées par les recherches en reproduction animale et humaine.
"Nous voulions avoir des avis sur ce que devraient être les barrières morales du côté, par exemple, de la production d'animaux transgéniques", explique François Pothier, professeur au Département des sciences animales et membre du CRBR. "Est-ce moralement acceptable d'avoir une brebis transgénique qui synthétise un produit pharmaceutique dans son lait? L'expertise variée des gens qui ont accepté de collaborer avec nous va nous aider à voir plus clair sur ces questions."
C'est par pur hasard si cette réunion survient quelques jours à peine après l'annonce de la mise au point, par des chercheurs écossais, d'une technique de clonage permettant de reconstituer une brebis entière à partir d'une cellule de brebis adulte. Néanmoins, ce fait illustre bien que la technologie a quelques longueurs d'avance sur la réflexion puisque cette annonce semble avoir pris de court de nombreux experts qui ont dû improviser une position sur la pertinence de transposer un jour cette découverte aux humains.
"Il n'est pas question pour nous d'arrêter les manipulations génétiques sur des animaux mais nous sommes prêts à modifier certains aspects de nos travaux si les arguments des experts qui nous conseillent sont convaincants, précise François Pothier. Lorsque les discussions ont lieu uniquement entre scientifiques, notre vision est davantage limitée."
Du même coup, les chercheurs du CRBR espèrent en arriver à mieux comprendre les réticences et les attentes de la population face à ces questions. "Depuis dix ans, la pensée de plusieurs chercheurs maintenant membres du CRBR a évolué sur les questions éthiques, ajoute François Pothier. Il y a maintenant des projets qui, en raison de leurs implications morales, ne sont plus considérés comme prioritaires."