6 mars 1997 |
Les Françaises et les Francais qui voyagent en groupe au Québec retournent dans leur pays quelque peu amers et déçus: et pour cause, cette nature grandiose qu'on leur vante tant dans des dépliants touristiques n'a de réalité que sur papier, si on peut dire. Les voyages en groupe étant par définition "organisés", nos cousins français ne voient peu ou pas l'objet de leur désir, sinon à travers la vitre teintée du car qui les transporte rapidement d'un endroit à un autre. D'ailleurs, quand on demande à ces touristes pourquoi ils reviendraient éventuellement au Québec, ils répondent invariablement "pour voir la nature", explique Arnaud Rousseau, qui a consacré son mémoire de maîtrise sur le tourisme estival français et les voyages de groupe.
Pour les fins de cette étude réalisée sous la direction de Cécyle Trépanier, du Département de géographie et la codirection de Pascale Levesque, de l'Université du Maine au Mans, en France, Arnaud Rousseau a enquêté auprès d'une quarantaine de Français ayant séjourné dans différents hôtels de Québec, à l'automne 1996. Ces personnes, dont l'âge se situe autour de 60 ans, passent moins de 15 jours au Québec, voyageant à 74 % par l'entremise d'une agence. Ils empruntent le circuit touristique suivant: arrivée à Montréal, visite des Chutes du Niagara, des villes de Toronto, Ottawa et Montréal. Après une halte d'une journée ou deux à Québec, nos touristes se rendent à Tadoussac voir les baleines, visitent le Zoo de St-Félicien, dansent la gigue à Trois-Rivières et dorment chez l'habitant, avant de retourner à Montréal prendre l'avion.
Quand on leur demande de définir le Québec, 35 % des touristes interrogés répondent "l'immensité, la forêt et l'eau", note Arnaud Brousseau. Vient en second lieu l'accueil et la convivialité des gens (33 %); la propreté (11 %); la francophonie (11 %) et la tranquillité (11%). En outre, les Québécois sont perçus comme "des personnes ayant des racines, une langue et une culture françaises, mais dont la façon de vivre et la proximité géographique avec les États-Unis en font des Nord-Américains vivant à la manière française".
"Lors d'un second voyage au Québec, les Français interrogés ont signalé qu'ils aimeraient voir l'hiver et rencontrer des Québécois. Concernant ce dernier point, il y aurait lieu d'organiser des échanges plus poussés qu'une simple nuit chez l'habitant, par exemple. À mon avis toutefois, proposer un voyage moins long en termes de kilomètres serait déjà un pas en avant."