6 mars 1997 |
L'étoile montante du cabinet Chrétien a compris rapidement que gouverner n'est que l'art du possible
"C'est une belle époque pour être jeune et c'est une période extraordinaire pour arriver sur le marché du travail. Bien sûr, le monde est plus instable qu'il y a vingt ans mais le nombre de potentialités est beaucoup plus grand. Vous vivez dans une époque palpitante où les frontières tombent et où le monde s'offre à vous." Les propos tenus par le ministre fédéral du Développement et des Ressources humaines, Pierre Pettigrew, lors de son passage à l'Université, le 26 février, surprennent, compte tenu du taux de chômage élevé. Mais, livrés avec conviction par l'étoile montante du Parti libéral du Canada, ils produisent tout de même leur effet. "Il ne m'a pas vraiment convaincu mais je le trouve sympathique et très humain", a résumé un étudiant à la sortie, traduisant bien l'humeur générale de l'auditoire.
De retour dans sa ville natale, dans un pavillon où il se souvient avoir déjà suivi des cours de Léon Dion, le ministre Pettigrew était toutefois conscient que la plupart des jeunes à qui il offrait le monde se contenteraient volontiers d'une simple job. Aussi, a-t-il rappelé les grandes lignes de sa "Stratégie emploi jeunesse" dévoilée deux semaines plus tôt. "Le programme vise à briser le cercle vicieux du "pas d'expérience pas de job" en offrant à 110 000 jeunes Canadiens la chance d'effectuer un stage en milieu de travail", a dit le ministre. Un autre élément de sa stratégie repose sur la création d'un guichet unique virtuel rassemblant en un seul endroit tous les renseignements utiles sur les études et les carrières (http://www.jeunesse.gc.ca).
Arrivé en politique il y a treize mois à peine, Pierre Pettigrew a admis qu'il n'était pas toujours facile de gouverner dans une époque caractérisée par l'instabilité, notamment pour tout ce qui touche l'emploi. "C'est la première fois de l'histoire que nous avons une croissance économique sans création d'emplois. Ça me préoccupe mais je n'ai pas de réponse à ça et d'ailleurs, méfiez-vous des gens qui ont réponse à tout." Aujourd'hui à la tête d'un ministère dont le budget atteint 59 milliards de dollars - le deuxième en importance après le service de la dette - , le ministre a rappelé que son gouvernement avait mis en place les conditions réclamées depuis de nombreuses années par le secteur privé. "Nous avons coupé 50 000 postes dans la fonction publique fédérale, nous avons repris le contrôle de la dette et les taux d'intérêt canadiens sont à leur plus bas depuis des décennies. C'est maintenant au tour des investisseurs de se manifester et de créer de l'emploi."
Pierre Pettigrew a déploré le fait qu'un Québec à deux vitesses semble se profiler. "Il y a un Québec qui économiquement se porte très bien mais un autre qui reste derrière", a-t-il dit, notamment dans son propre comté de l'est de Montréal. "Il faut que le Québec en entier profite de la nouvelle économie. Le pire danger, ce serait de se couper en deux sur le plan économique, et dans d'autres domaines aussi. Il ne faut laisser personne derrière." Pour profiter pleinement des occasions offertes par cette nouvelle économie, le ministre a laissé un conseil aux étudiants: "De grâce, restez à l'école longtemps. C'est encore la meilleure garantie pour avoir une vie professionnelle bien remplie."