6 mars 1997 |
Quatre équipes de la Ligue universitaire d'improvisation (LUI) se préparent pour la demi-finale qui se tiendra le 7 mars, à la salle Henri-Gagnon.
À sa deuxième année dans la LUI, Patrick Guérard confie que le besoin de bouger a été le départ de son engagement dans le monde de l'improvisation: "Lorsque j'ai commencé à faire de l'improvisation au secondaire, je le faisais surtout pour avoir du plaisir et me défouler. Au fil des années, j'ai réalisé que ce que j'aimais le plus dans l'impro était de jouer en équipe. Le groupe devient à la longue comme une deuxième famille; on ne peut plus se passer de la complicité et la solidarité qui se développent entre ses membres".
En ce qui concerne les critères d'une improvisation bien réussie, ils varient d'un joueur à l'autre, selon Patrick Guérard qui se déclare pour sa part satisfait quand trois critères - indissociables l'un de l'autre - sont remplis: un public content, une équipe satisfaite et finalement, le sentiment d'avoir fait de son mieux. "En fait, il n'y a rien de plus envoûtant que le sentiment de bien-être qu'on ressent en improvisant", lance ce joueur de l'équipe des Carreau.
Instructeur d'une équipe d'improvisation à l'École polyvalente La Camaradière et membre de la LUI pour une troisième saison consécutive, Jean-Philippe Joubert explique l'effet bénéfique que lui apporte l'improvisation. "Faire de l'improvisation représente un défi constant parce qu'il faut toujours se surpasser et prouver ce qu'on vaut. Avoir la chance de l'enseigner me permet en plus de faire partager ma passion aux jeunes de la relève et en plus de m'obliger constamment à réfléchir sur les mécanismes de l'improvisation. Tous ces facteurs contribuent à améliorer mon jeu."
Capitaine de l'équipe des Pique, Julie Cossette entame également sa troisième année dans la LUI. Pour cette étudiante en communication graphique, plus il y a de monde et mieux elle se sent. "Ce qu'il y a de captivant dans l'improvisation, c'est de se lancer dans des personnages et des situations inconnues. Le public a aussi sa grande part de responsabilité dans notre goût et notre passion de jouer. Lorsque nous réussissons à donner une intensité et une émotion à l'action, que nous savons garder cette intensité jusqu'au bout et que nous voyons les gens trépigner sur le bord de leur siège, alors là nous pouvons dire que nous avons bien joué".
Un sentiment de liberté
Henri Lauzière, un ancien de la ligue, soulève comme plusieurs
le sentiment de liberté éprouvé à faire de l'impro:
"Lorsqu'on improvise, on est le seul responsable de ses actes et de
ses paroles. C'est beaucoup plus valorisant que de jouer au théâtre
puisque tous les mots et toutes les phrases prononcées proviennent
de notre imagination". Étudiante au baccalauréat en enseignement
primaire et préscolaire, Tammy Verge, l'assistante-capitaine des
Carreau, a eu la chance de faire partie des quatre équipes de la
ligue. Joviale à souhait, la jeune femme avoue avoir parfois de la
difficulté à garder son sérieux pendant les matchs:
"Souvent, la situation est tellement drôle qu'il m'arrive de
pouffer de rire pour des raisons n'ayant aucun rapport avec l'improvisation
qui se déroule sur la scène, avec le résultat que je
récolte des punitions pour décrochage".
Fondée il y a quinze ans par Réjean Labrie, un étudiant de l'Université Laval, la LUI est appelée à prospérer. À cet égard, de plus en plus d'équipes d'improvisation se forment dans les écoles secondaires et les cégeps, et l'assistance augmente sans cesse. L'humoriste Jean-Michel Anctil de même que Josée Deschênes, comédienne dans le téléroman La Petite Vie, ont d'ailleurs fait leurs premières armes dans la LUI.
Toutes les personnes désirant faire partie de la LUI, qui pensent avoir le talent et la passion pour cette activité peuvent passer des auditions au début du trimestre d'automne, l'important étant le plaisir qu'on éprouve à jouer, selon les responsables. Quant à la possibilité que la LUI doive quitter la salle Henri-Gagnon et déménager ses pénates ailleurs sur le campus, Patrick Guérard déplore totalement cette perte éventuelle. "Ce serait dommage qu'on nous enlève cette salle, la plus belle pour faire de l'impro au Québec. Il y a une atmosphère magique et un lien très fort qui existe entre les membres de la LUI et cette salle. Un divorce est impensable".
Au moment d'aller sous presse, personne ne savait quelles équipes allaient s'affronter en demi-finale. Il semblerait toutefois que les Pique terminent bon premier après le calendrier de la saison régulière. Une chose est sûre, avec la fébrilité qui règne, la lutte promet d'être chaude pour la deuxième demi-finale le 21 mars et pour la finale le 11 avril prochain.