6 mars 1997 |
Amour, haine et vengeancc: l' Agamemnon d'Eschyle n'a jamais été aussi actuel. Un rendez-vous avec le Théâtre de l'Agora les 21, 22 et 23 mars.
Si vous en avez marre de toutes ces pièces de théâtre dont l'action se déroule dans les cuisines de bungalows de banlieux et dont l'insipidité des personnages rejoint l'insignifiance des propos, réservez vite vos billets pour Agamemnon, cette grande tragédie grecque d'Eschyle que présente le Théâtre de l'Agora, les 21, 22 et 23 mars, à la salle Multimédia du pavillon Alphonse-Desjardins. En plus de mieux connaître ce genre théâtral où incidemment, un malheur n'arrive jamais seul, vous aurez le plaisir de côtoyer des personnages ayant traversé les siècles sans prendre une ride et des thèmes éternellement - et étonnement - actuels.
Écrite en 458 av. J.-C., la pièce débute au moment où Agamemnon, chef suprême des Grecs et roi de Mycènes, revient de la guerre de Troie où il a combattu durant dix ans. Afin que les vents soient favorables à son départ, Agamemnon a immolé sa fille Iphigénie, ce que sa femme Clytemnestre ne lui a jamais pardonné. Avec l'aide de son amant Égisthe, elle décide de venger sa fille et d'assasiner son époux meurtrier ainsi que Cassandre, princesse troyenne captive et amante du roi.
"Dans cette tragédie qui s'inscrit dans la trilogie de l'Orestie, on retrouve le mythe des Atréides qui veut que le meurtre se paie par le meurtre, explique le metteur en scène et étudiant en science politique Jean-François Breton. Sept ans plus tard en effet, Orestre et Électre, les enfants de Clytemnestre, vont venger leur père en tuant leur mère. S'y retrouve également un autre mythe, celui de Cassandre, à qui le dieu Apollon a donné le don de prophétie mais qui décrète qu'elle ne sera jamais prise au sérieux, afin de la punir d'avoir repoussé son amour."
Confusion et chaos
Pour respecter la "démesure" de la pièce, Jean-François
Breton et Sophie Loiselle, qui assurent conjointement la mise en scène,
ont privilégié des décors audacieux et des costumes
flamboyants, rompant ainsi avec la mise en scène sobre et dépouillé
des productions précédentes du Théâtre de l'Agora.
On promet donc un décor spectaculaire avec de échafaudages
périlleux et des éclairages dramatiques, rien n'étant
laissé au hasard afin que le spectateur entre de plain-pied dans
cette tragédie où règnent en maître la confusion
et le chaos. Dans la plus pure tradition du théâtre grec, cinq
choeurs, représentant les simples citoyens, racontent le déroulement
de l'action. Jean-François Breton joue le rôle du coryphée,
chef de l'assemblée des citoyens et médiateur entre les différents
personnages.
Pourquoi le commun des mortels assisterait-il à cette pièce écrite il y a des millénaires et qui semble à première vue bien loin des préoccupations des gens d'ici et d'aujourd'hui? "Tout simplement parce que les problèmes qu'on y traite sont exactement les mêmes qu'en 1997, répond Jean-François Breton. On y parle d'amour, de haine, de passion et de vengeance: une femme veut se venger de son mari qui a tué sa fille. L'année dernière, le Théâtre de l'Agora a présenté Médée d'Euripide, dans laquelle une mère tue ses enfants pour se venger de son mari qui l'a quitté pour une autre femme. Finalement, l'actualité regorge d'histoires de ce genre..."
Le prix des billets est de 9$ (en prévente à 7$). On peut réserver au 656-2765 ou se rendre au Service des activités socio-culturelles, bureau 2344 au Pavillon Alphonse-Desjardins.