27 février 1997 |
Les Treize présentent Gertrud de Hjalmar Söderberg les 7, 8 et 9 mars, à la salle multimédia du pavillon Alphonse-Desjardins.
Socrate affirmait que la connaissance de soi représentait la voie par excellence du bonheur. À l'instar du grand philosophe grec, l'héroïne de la pièce de Söderberg, Gertrud, a compris toute l'importance du "Connais-toi toi même" pour s'assurer la maîtrise de sa propre existence. Mais le chemin qui mène à la liberté est semé d'embûches et Gertrud aura fort à faire pour ne pas perdre de vue l'objet de sa quête, c'est-à-dire elle-même.
Écrite en 1906, cette pièce en trois actes se déroule dans l'atmosphère quelque peu étouffante de la bourgeoisie suédoise de l'époque. Dans une société où la femme n'a d'autre choix que d'être épouse et mère pour exister aux yeux des autres, Gertrud a abandonné son métier de chanteuse d'opéra pour se marier. Confinée à un rôle de figurante au sein d'un couple où règne l'incommunicabilité, Gertrud décide de quitter son mari. Elle revoit son amant d'avant le mariage, Liedman, puis un autre homme ayant compté dans sa vie, Jansonn. En trois jours, Gertrud fera le tour du jardin de sa vie, pour finalement se rendre compte que la vie ne vaut la peine d'être vécue que si on demeure fidèle à soi-même. Et si cette intégrité consistait à larquer les amarres vers un ailleurs peut-être incertain mais dont on pressent toute la richesse?
La dignité humaine
"Essentiellement, Gertrud est l'histoire d'une femme qui a rendez-vous
avec elle-même, explique le metteur en scène de la pièce,
Jacques Baril. Dans une société dominée par les hommes,
et donc basée sur l'inégalité entre les sexes, Gertrud
ne réussit pas à trouver l'homme de sa vie, celui pour qui
elle ne sera pas seulement un accessoire mais une femme à part entière.
À ses yeux, cette quête d'une relation authentique est une
question de dignité humaine. Parce qu'elle ne veut pas se retrouver
dans une situation qui lui coûtera le prix de son âme, elle
décide donc de partir."
Oeuvre peu connue en Amérique du Nord, Gertrud a été beaucoup jouée en Suède où la pièce a connu un vif succès. Fait intéressant, l'oeuvre serait une sorte de confession autobiographique, Söderberg ayant écrit la pièce à Stockholm après avoir vécu lui-même une déception amoureuse. Avouant un penchant particulier pour les pièces nordiques du début du siècle, notamment à cause de la profondeur psychologique des personnages, Jacques Baril dit admirer au plus haut point ces dramaturges dont le génie tient à la connaissance de l'âme humaine, entre autres Henrik Ibsen et Anton Tchekhov: "À l'instar de ces auteurs, Söderberg fait preuve de réserve et d'une grande économie de sentiments dans ses pièces. Le défi consiste alors à traduire tous ces silences et ces non-dits, pourtant révélateurs de grandes vérités, à l'intérieur d'une mise en scène dépouillée mais riche. Dans Gertrud, l'un des personnages déclare à un certain moment que "Ce qu'on a gagné n'est rien et ce qu'on a perdu est tout". Toute l'essence de la pièce est là: que faisons-nous de notre vie? Comment se fait-il que les êtres humains soient finalement si habiles à passer à côté du bonheur?"
La distribution comprend neuf personnages, avec Marie-Annie Pereira dans le rôle-titre, tandis que Chantale Duchesneau est assistante à la mise en scène. Le prix des billets est de 10$ (en prévente à 8$). On peut réserver au 656-2765.