20 février 1997 |
Québec, le 19 février 1997
Chers collègues,
Chers amis,
Il y a plusieurs mois déjà, des collègues m'ont invité à me porter candidat au poste de recteur de l'Université Laval. Occupant actuellement, et pour encore plus de deux ans, un poste très exigeant et dans lequel je trouve beaucoup de satisfaction, j'ai procédé à une sérieuse réflexion personnelle et à de nombreuses consultations à l'intérieur de la communauté de Laval aussi bien que dans la région de Québec avant de donner suite à cette invitation. Ayant constaté que les attentes d'un grand nombre de collègues de Laval et de membres importants de la communauté québécoise correspondaient bien à la vision que je me fais de la direction d'une grande université comme Laval dans le contexte actuel, j'ai décidé de mettre mon expérience, mes idées et mon énergie à la disposition de l'Université Laval et de me porter candidat au poste de recteur.
L'Université Laval est une grande université avec une longue tradition d'excellence. Elle a suivi, au cours des quinze dernières années, une évolution tout à fait remarquable, que ce soit au plan de la diversité et de la qualité de ses programmes de premier cycle ou de ses activités de deuxième et troisième cycles. Elle doit, aujourd'hui, poursuivre son développement en relevant plusieurs défis: défi du recrutement de bons étudiants de toutes les régions du Québec; défi de l'adaptation de ses programmes aux exigences d'un environnement rapidement changeant; défi de la création d'une image distinctive de ses activités à l'heure de la mondialisation; défi des nouveaux besoins de formation, d'une formation initiale plus large et adaptable à une formation continue dont l'importance ira en croissant; défi des nouvelles technologies de l'information et des communications qui ont le potentiel de modifier fondamentalement nos méthodes d'enseignement et de nous ouvrir de nouveaux marchés... ou de nouvelles concurrences.
L'Université Laval est aujourd'hui une des dix grandes universités de recherche au Canada, compétitive avec les meilleures sur la scène mondiale dans bien des secteurs. Elle doit maintenant faire face, comme toutes les grandes universités de recherche, à une compétition accrue pour les fonds de recherche et à des attentes très élevées de la société au chapitre du transfert des connaissances et de la contribution au développement économique. Laval va devoir poursuivre le développement de ses activités de recherche en sachant maintenir l'équilibre essentiel entre recherche libre et recherche appliquée, de façon à participer à la mutation de la société québécoise vers une économie du savoir dans le plein respect de sa mission première de formation des jeunes générations.
Dans un contexte économique de plus en plus difficile pour tous les établissements d'enseignement supérieur, l'Université Laval est aujourd'hui dans une situation financière relativement bonne. Cependant, les contraintes budgétaires des quelques prochaines années vont poser le défi de l'utilisation optimale des ressources, optimisation qui passera par une décentralisation aussi large que possible des pouvoirs et des responsabilités de gestion et par la mise en place de processus qui permettront des choix éclairés, puisqu'aussi bien il sera de plus en plus difficile de tenter de satisfaire toutes les attentes et d'être présent sur tous les fronts de l'activité universitaire. Ceci dit, il faudra aussi savoir sortir de nos modes traditionnels de financement pour pallier leur insuffisance et générer des revenus nouveaux à partir d'activités choisies de façon stratégique dans les domaines de l'enseignement et de la recherche et, de plus en plus, grâce à la philantropie de nos anciens et amis.
L'Université Laval est une grande organisation riche d'un personnel créatif, dévoué et productif. Elle devra, au cours des prochaines années, s'adapter au rythme toujours plus rapide de l'évolution des besoins d'enseignement et de recherche. Elle devra, pour relever avec succès le défi du changement permanent, savoir mobiliser les énergies de tous les membres de la communauté universitaire, en développant une culture de l'innovation, de la concertation et de la responsabilisation, dans la plus grande transparence possible.
Dans les milieux de la région de Québec et de l'Est du Québec, l'Université Laval a toujours joué un rôle prépondérant. Elle devra continuer à le faire, et de plus en plus, en recherchant la collaboration des autres établissements d'enseignement supérieur - CEGEPs et universités - pour contribuer à bien desservir l'ensemble des besoins de formation. Elle devra élargir ses actions en partenariat avec les intervenants socio-économiques régionaux pour faire bénéficier toute la société des fruits de ses recherches.
Voici brossé, en quelques traits trop rapides, un tableau des nombreux défis que l'Université Laval devra relever au cours des prochaines années pour bâtir sur ses traditions d'excellence académique et avoir la maîtrise de son avenir. Les consultations que j'ai menées au cours des derniers mois m'ont conforté dans l'idée que la communauté de Laval a toutes les qualités, la créativité et l'énergie requises pour que, ensemble, nous puissions relever ces défis avec succès.
Quant à moi, fort d'une longue expérience d'enseignant et de chercheur acquise à l'Université Laval entre 1968 et 1989 comme professeur au département de génie civil, fort aussi d'une bonne pratique de la gestion universitaire, comme doyen de la faculté des sciences et de génie de 1985 à 1989, puis comme vice-principal à l'Université McGill depuis 1989, je pense être bien préparé pour relever ces défis avec l'appui de toute la communauté de Laval. En effet, ayant participé à la gestion de deux grandes universités aux traditions et aux cultures bien différentes, je pense avoir acquis l'expérience nécessaire pour offrir à la communauté de Laval le leadership nécessaire en ces temps de changement accéléré. Mes diverses implications dans les instances du réseau universitaire québécois et dans plusieurs organismes provinciaux et nationaux de gestion de la recherche et du transfert technologique m'ont aidé à acquérir une bonne compréhension des nouvelles dynamiques de développement et de concertation, essentielle dans le contexte actuel.
J'ai donc décidé de me porter candidat au poste de recteur de l'Université Laval. Au cours des prochaines semaines, je compte vous proposer, par le biais du courrier interne pour les membres du Collège électoral et le biais d'un site web (voir l'adresse ci-dessous) pour tous les membres de la communauté, mes réflexions sur les différents aspects de la vie universitaire, en vue de dégager une vision du développement de l'Université Laval. Cette vision, que j'espère vous faire partager, est celle avec laquelle je compte, avec votre collaboration, diriger l'Université Laval au cours des prochaines années.