20 février 1997 |
Plus de 28 000 personnes ont visité le Salon
de l'agriculture, de l'alimentation et de la consommation, axé cette
année sur un créneau prometteur:
l'agroalimentaire régional.
Le Québec, à l'instar de la France, aura-t-il un jour des spécialités agroalimentaires régionales si distinctives qu'elles feront la renommée de leur coin de pays au point de constituer des pôles d'attractions touristiques? Les étudiants de la Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation (FSAA) le croient fermement, au point qu'ils en ont fait le thème de leur 22e Salon de la Semaine de l'agriculture, de l'alimentation et de la consommation (SAAC). Et ils ne sont pas seuls à y croire ce concept si on en juge par la réponse du public qui a franchi en grand nombre les tourniquets du Salon au parc Expo-Québec en fin de semaine dernière. "Nous nous étions fixés un objectif de 18 000 visiteurs pour les trois jours, rappelle Marie-Aube Simon, directrice des communications de la SAAC. Nous en avons accueilli plus de 28 000."
L'agroalimentaire régional constitue un domaine appelé à connaître un essor rapide au Québec, estime cette étudiante. "La plupart des marchés traditionnels sont saturés ou contingentés de sorte que les producteurs s'orientent vers de nouveaux produits." La majorité de ces nouvelles productions misent sur la touche "terroir local". C'est le cas notamment des breuvages de canneberges cultivées dans les Bois-Francs, des vins produits dans les vignobles de Montérégie et de l'Estrie et des liqueurs fabriquées avec de l'airelle, un petit fruit qui pousse à l'état sauvage sur la Côte Nord et au Saguenay/Lac-Saint-Jean. D'autres produits tels que la viande de sanglier, de bison, d'autruche ou d'émeu, tablent davantage sur l'exotique et l'inédit.
Cet agroalimentaire québécois teinté aux couleurs locales existe déjà bel et bien. "Il ne nous a fallu que deux jours pour trouver des producteurs de toutes les régions intéressés à participer au Salon, dit Marie-Aube Simon. Par contre, ce secteur est encore peu structuré et grandement méconnu." Le problème, poursuit-elle, en est un d'appellation contrôlée. Il faudrait que les producteurs forment des tables régionales et s'entendent sur des produits et des modes de production qui les caractérisent. "Au lieu de ça, chacun fabrique son produit qui diffère un peu de celui de son voisin. Si les producteurs européens sont parvenus à s'entendre sur des appellations contrôlées, je ne vois pas pourquoi on n'y arriverait pas ici. Le Salon voulait prouver aux producteurs qu'il y avait un intérêt du public pour ces spécialités régionales et qu'ils avaient tout intérêt à régler leurs chicanes."
La préparation du Salon a exigé un an de travail. Selon la directrice des communications, entre 300 et 400 étudiants de la FSAA ont participé soit à l'organisation soit à l'animation de cet événement. Le financement de l'activité, dont le budget atteint 90 000 $ cette année, provient en bonne partie de fidèles commanditaires: la Banque Royale, la Coopérative fédérée de Québec, l'Ordre des agronomes du Québec, le MAPAQ et la FSAA. Cette année, Radio-Canada, Le Soleil et CITF ont également donné un solide coup de pouce à la promotion de l'événement, ce qui a contribué au succès de foule du Salon.