20 février 1997 |
Déjà visible à l'oeil nu, la comète Hale-Bopp promet d'en mettre plein la vue à la fin mars. Ne la ratez pas, elle ne reviendra qu'en 4376!
Depuis quelques semaines, la comète Hale-Bopp salue les braves qui ont le courage d'affronter la froidure des nuits d'hiver pour l'observer. Le rendez-vous des irréductibles a lieu au petit matin, entre 4 h 30 et 6 h, en direction est.
Dominique Beauchamp, étudiant en astrophysique, et Yvan Bourassa, étudiant en génie électrique, font partie de cette race de spartiates capables de s'arracher à l'attraction des draps de coton dès qu'ils entendent l'appel de la comète. Lorsque le ciel est dégagé, les deux étudiants prennent la route à 2h du matin et se rendent à l'observatoire Alphonse-Tardif du collège de Lévis, situé à Saint-Nérée de Bellechasse, pour photographier Hale-Bopp. Quelques-unes des photos qu'ils ont réalisées la semaine dernière ont d'ailleurs fait la une du site W3 du Jet Propulsion Laboratory, un organisme de la NASA. "Nous prenons des photos de la comète à divers moments de sa course dans le but de réaliser une mosaïque qui montre son évolution, explique Dominique Beauchamp. Ça n'a rien à voir avec nos études, c'est simplement pour le plaisir et pour l'aspect artistique de la chose."
Les deux compères font de l'astronomie amateure en duo depuis une quinzaine d'années. Cet intérêt commun les a conduits à concevoir un système informatisé d'aide au positionnement des télescopes pour faciliter le repérage des objets célestes. Ils ont d'ailleurs créé une petite entreprise, MaestroniX inc., pour commercialiser ce produit destiné aux astronomes amateurs. "Les photos que l'on prend de la comète sont signées du nom de notre compagnie et comme elles circulent sur différents sites W3, ça nous fait également de la publicité", confesse Dominique Beauchamp.
De la visite rare
Les comètes sont de gigantesques boules de neige formées de
gaz gelés et de poussières. Elles naissent dans les régions
externes du système solaire et fondent en s'approchant du Soleil.
L'évaporation des gaz gelés crée autour d'elles un
nuage lumineux appelé coma ou chevelure. Leur queue, formée
de poussières et de gaz, est soufflée par les radiations du
Soleil à mesure qu'elles s'en approchent.
La comète Hale-Bopp a été découverte simultanément en 1995 par deux astronomes amateurs américains. Son noyau fait environ 40 kilomètres de diamètre, ce qui la rend beaucoup plus brillante que la comète Hyakutake qui a traversé le ciel l'hiver dernier. Par contre, en raison de l'angle de sa trajectoire vers le Soleil, sa queue paraît moins longue et moins spectaculaire que celle de Hyakutake.
"À l'oeil nu, elle ressemble à une étoile brillante entourée d'un halo, dit Dominique Beauchamp. On peut présentement l'observer à 15 degrés au-dessus de l'horizon en direction est mais elle va progressivement monter vers le nord jusqu'en avril. Pour bien l'observer, mieux vaut s'éloigner de la luminosité des villes et utiliser des jumelles". Son passage à proximité de la Terre surviendra le 23 mars. Elle sera alors à 197 millions de kilomètres, ce qui n'est pas exactement à la porte puisque, en guise de comparaison, le Soleil se trouve à 150 millions de kilomètres de la Terre.
Ceux qui désirent voir la comète Hale-Bopp feraient bien de profiter des prochaines semaines car sa prochaine visite n'aura lieu qu'en 4376. Son dernier passage est survenu il y a 4 200 ans.