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13 février 1997 ![]() |
Programme Réseau de recherche du CRSNG
Le Groupe interuniversitaire de recherches océanographiques pilotera une étude internationale pour percer le mystère des polynies, ces oasis des mers arctiques.
Le Groupe interuniversitaire de recherches océanographiques du Québec (GIROQ) pilotera, au cours des quatre prochaines années, une étude internationale visant à percer les secrets de la productivité biologique des polynies. Les polynies sont de grandes étendues d'eaux retrouvées dans les mers arctiques couvertes de glace. D'énormes populations de poissons, d'oiseaux marins, de phoques, d'ours polaires et de baleines les utilisent comme aires d'alimentation, d'hivernage et de reproduction. "Ce sont des oasis dans des déserts de glace, des points chauds au coeur des mers arctiques", dit Louis Fortier, directeur du GIROQ et leader scientifique du projet NOW (International North Water Polynia Study). "Depuis une trentaine d'années, des chercheurs d'ici et de l'étranger rêvaient d'étudier en détails ce qui se passe dans ces polynies et nous allons enfin avoir la chance de réaliser ce projet."
Trente chercheurs canadiens provenant des Universités Laval (Louis Fortier, Louis Legendre), McGill, UQAR, INRS-océanologie, Memorial, Dalhousie, Manitoba, ainsi que d'organismes fédéraux (Pêches et Océans, Environnement, Défense nationale) composent le contingent canadien de NOW. Le Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie vient de leur octroyer 4,7 millions de dollars pour la réalisation du projet dans le cadre de son programme Réseau de recherche. À ce groupe s'ajoutent 31 chercheurs étrangers provenant des États-Unis, du Japon, du Danemark, de Belgique, de Grande Bretagne, du Mexique et de Pologne. Ces différents pays injectent également des fonds dans ce projet dont le budget total flirte avec les 34 millions de dollars.
En 1998 et 1999, les chercheurs effectueront deux missions totalisant une centaine de jours dans la polynie du North Water, située entre la Terre d'Ellesmere au Canada et la côte ouest du Groenland. "De par la régularité de son expansion annuelle et sa remarquable productivité biologique, le North Water représente l'archétype de la polynie, celle que tout le monde voulait étudier, dit Louis Fortier. Le but des recherches est d'identifier les mécanismes physiques responsables de l'ouverture des eaux et de déterminer si ces mêmes mécanismes sont responsables de la productivité biologique des polynies." L'isolement géographique de l'aire d'étude et le fait que les premiers chercheurs doivent arriver sur le terrain au mois de mars, en plein hiver arctique, nécessitent une logistique impressionnante, notamment l'utilisation du brise-glace Louis S. Saint-Laurent de la Garde côtière canadienne.
En 1990, un organisme international regroupant douze pays, dont le Canada, a mis sur pied le Programme international d'étude des polynies arctiques afin de promouvoir la recherche sur cet intrigant phénomène biologique qui pourrait jouer un rôle dans les changements climatiques globaux. Les polynies contribueraient à la réduction de l'effet de serre en précipitant dans les fonds océaniques une partie du CO2 atmosphérique. Environ 50 % du dioxyde de carbone produit par les activités humaines depuis le début de l'ère industrielle a été absorbé par les océans. Même si elles ne représentent que 5 % de la surface des mers arctiques, les polynies seraient responsables de 50 % des échanges de chaleur entre l'air et l'océan arctique durant l'hiver.