![]() |
13 février 1997 ![]() |
Les trois astronomes suivront l'évolution de
l'étoile
qu'ils ont découverte l'année dernière grâce
à Hubble
Les chercheurs Laurent Drissen, Carmelle Robert et Jean-René Roy, du Département de physique. viennent d'obtenir 30 heures d'observation sur l'observatoire spatial Hubble. Ce temps d'observation, réparti sur les trois prochaines années, servira à suivre l'évolution d'une étoile qu'ils ont découverte l'année dernière, grâce à Hubble, et dont ils publient une description dans le dernier numéro du Astrophysical Journal.
L'Institut du télescope spatial Hubble n'accepte habituellement que des projets devant être complétés l'année-même mais il fait parfois exception pour des projets spéciaux. "Il était très important à ce stade-ci qu'on obtienne du temps pour suivre l'étoile NGC 2363-V1 parce qu'on ne peut prévoir pendant combien de temps encore elle demeurera visible, explique Laurent Drissen. L'éruption qui l'a rendue soudainement lumineuse peut se terminer d'ici un an, deux ans, dix ans, on n'en sait rien. Après, elle risque de ne plus être visible."
La première observation de cette étoile a eu lieu le 8 janvier 1996 alors que le télescope Hubble récoltait des images pour le compte des trois chercheurs dans une région de formation d'étoiles appartenant à la galaxie NGC 2366. L'étoile NGC 2363-V1 est une étoile lumineuse bleue variable située à 10 millions d'années-lumière de la Terre. Seulement cinq étoiles de ce type ont été répertoriées dans notre galaxie et, au total, on n'en connaît qu'une vingtaine dans tout l'Univers. Sa masse atteint environ 60 fois celle du Soleil et sa luminosité s'est accrue d'au moins 25 fois depuis 1992, ce qui en fait l'étoile la plus lumineuse de toute sa galaxie.
"Sa luminosité a augmenté rapidement parce qu'elle traverse une période d'instabilité pendant laquelle elle expulse ses enveloppes externes dans l'espace à de très grandes vitesses, ce qui augmente la quantité de photons qui s'en échappent, dit Laurent Drissen. Éventuellement, on ne peut prévoir quand, elle explosera en supernovae. En suivant son évolution, nous allons pouvoir mieux comprendre les phases qui précèdent la mort des étoiles massives".
Au cours des trois prochaines années, les trois chercheurs du Département de physique, en collaboration avec deux astronomes britanniques, utiliseront Hubble pour étudier la signature de lumière émise par cette étoile. "L'interprétation des spectres nous renseignera sur la masse, la composition chimique, la température et le taux de perte de masse de l'étoile", explique Laurent Drissen.
L'Institut du télescope spatial Hubble a reçu 1 800 propositions de projets lors du dernier concours. Seulement une demande sur six a reçu une réponse positive, ce qui en fait l'observatoire le plus convoité pour la recherche astronomique.