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13 février 1997 ![]() |
Le rouge c'est la couleur de la passion. L'or évoque l'opulence. Chacun de nous a la chance de porter ces deux couleurs, de contribuer à en assurer l'éclat. ROUGE. OR.
Ces deux couleurs font partie de l'arc-en-ciel bien sûr, mais ici elles nous distinguent, nous donnent une allure particulière, pourrait-on dire. Je fais partie du personnel de l'Université Laval depuis 1969 et la passion j'y tiens. L'Université m'a choisi et voulu dans ses rangs. Chaque fois que j'ai à travailler à la promotion de l'Université ou de ses entités j'en ressens une émotion particulière. Je suis comme ça. Je demande à vibrer. Nous sommes nombreux comme ça et c'est tant mieux. ROUGE.
Le journal Au Fil des Événements du 20 janvier nous propose deux textes intéressants: l'un sur la situation financière de l'Université et l'autre sur sa politique de gestion des ressources humaines. Et ça aussi c'est important puisque cette institution c'est d'abord ça, des personnes. Nous sommes maintenant dans le rouge au plan financier. Ça fait peur. On en parle beaucoup. À l'époque -- la mienne du moins -- on nous exhortait du haut de la chaire à tout faire pour éviter le déficit, à tout faire surtout pour se rapprocher du zéro. Il nous reste quelque chose de cette peur-là, de ce désir aussi de se tenir près du zéro. Déficit zéro. Mais on n'y arrive pas.
Aujourd'hui pourtant la plupart d'entre nous vivent avec des déficits: crédit et dettes de toutes sortes. Le rouge est à la mode. L'audace aussi. Nous pouvons crier au manque de subventions. La réalité c'est que les gouvernements n'ont plus d'argent. Nous commençons à voir que le déficit servira de moteur pour passer à autre chose, pour oser. L'audace d'investir, de posséder du capital-actions, de se mettre dans le rouge pour un temps s'il le faut, de suivre le courant. L'audace aussi de proposer du jamais vu, des formules de formation originales, de prendre les devants. L'OR. Et surtout l'audace d'investir d'abord dans ses ressources humaines.
La chasse au déficit a déclenché le bal des coupures. Je coupe. Tu coupes. On se coupe. Nous sommes contents de nous couper. C'est valorisant pour certains semble-t-il. Ça fait un bon moment que ça dure. On consolide les coupures. Et je te recoupe. Les courants sado-masochistes font partie de nous et nous ne sommes pas loin de l'auto-mutilation. Un roi des coupures, comme celui des Affaires sociales, pourrait même en fasciner certains. Ici et là, dans les unités, on s'affaire encore à compter les gommes à effacer qui nous restent. Les usagées aussi que l'on pourrait recycler pour effacer encore. Il s'efface. Elle t'efface, etc. Je préfère barbouiller et écrire pour avancer.
Et voici le "DRAB" (le mot anglais drab me semble plus évocateur que le beige). Nous avons le goût de travailler à donner encore plus d'éclat au ROUGE et à l'OR mais le "DRAB" nous guette aussi. Nous en avons encore plusieurs bidons de ce "drab" si facile à appliquer, à étendre. La même teinte pour tous. Il a un grand pouvoir cachant. Nous pouvons en couvrir encore plusieurs murs et risquons de nous en faire couvrir le coeur et l'esprit si nous manquons d'attention. Teinte terne, grisaille dira le dictionnaire. Ceux qui le sont devenus - "drab" - cherchent à vous en imbiber. "DRAB" c'est pas pour moi. Et vous?
"Drab" c'est l'envers de l'imagination, de l'invention. La mort lente. L'enlisement dans l'administrativite, contrôlatite, formulairite et cie. L'intéressant texte du vice-recteur Alain Vinet - toujours dans le Fil du 20 - contient dans l'un de ses derniers paragraphes un mot explosif: créativité. Le mot qui fait fondre le "drab".
Créativité, création, des mots rares dans le discours de la course au rectorat. Et pourtant je crois que seule l'Université créative survivra. À mon avis, il est vraiment dans la mission de l'Université d'identifier et de mettre à profit le talent de chacun de ses membres, de permettre à chacun de déployer ses ailes pour arriver à offrir des moyens nouveaux, des pistes neuves à la clientèle étudiante. L'actuel recteur, Michel Gervais, a pourtant donné le ton en affirmant la priorité de l'humain. Et l'extraordinaire c'est qu'il n'y a pas de robots parmi nous et que nous ne sommes pas interchangeables. L'OR. Le prochain recteur ou la prochaine rectrice pourrait instituer d'urgence un Bureau de la créativité voué à la promotion des solutions originales, des idées lumineuses. Nous en avons plus besoin que de n'importe quel comité de valorisation de quoi que ce soit.
Pour ma part il m'a fallu acquérir un autre baccalauréat - cette fois en arts plastiques - pour apprendre un peu plus ce que veut dire créer: cette facilité à faire l'inventaire des ressources qu'on a, à les mettre ensemble, à suivre ses intuitions, à donner du sens, à jouer avec couleur, forme et lumière et laisser les choses prendre leur place. Je souhaitais d'ailleurs qu'on installe en plein centre du campus l'École des arts visuels, afin qu'on puisse voir chaque jour ce que veut dire puiser en soi pour s'éclater et donner plus. ROUGE passion.
Chaque étudiant devrait avoir la possibilité d'intégrer un cours de créativité dans son cheminement ici. Et chaque membre du personnel de l'Université Laval aurait profit à suivre un atelier de peinture aux doigts dans lequel on lui proposerait de créer quelque chose de très personnel à partir du ROUGE, de l'OR et du "DRAB". Peinture, crayons, tout pour jouer avec ces couleurs et s'embarquer vraiment. Je parie qu'au sortir de cet exercice chacun saurait traquer et déloger toute trace de "drab" autour de lui, inventer de nouvelles combinaisons du rouge et de l'or pour attirer de nouvelles clientèles et les satisfaire.
Le ROUGE et l'OR; nous avons tout ce qu'il faut. Pourtant l'Université dort sur des mines d'or. L'une d'elles, c'est l'utilisation du médium télévisuel à des fins éducatives et culturelles. Un exemple que je connais. Les réseaux se multiplient et cherchent du contenu. On nous offre des facilités de diffusion à travers le Canada et sur les autres continents pour presque rien. C'est aussi une belle occasion de faire partout la promotion de ce que nous sommes. Le médium vidéo se prête magnifiquement à la démonstration , au témoignage et à la simulation. Ce savoir-faire existe ici et à des coûts moindres que toute autre technologie. Il y a de la demande pour les productions de l'Université Laval. Mais nous lui préférons le papier. Et l'Université Laval s'absente de plus en plus des ondes. Oui, le rouge de la passion et l'or des ressources sont là. Encore. Ne manquerait-il que l'audace?
La commission Nicolet vient de déposer son rapport sur les inondations survenues au Saguenay, en juillet dernier. Selon les conclusions du rapport, il faut revoir le partage des responsabilités quant à l'entretien et à la sécurité des barrages, raffermir les règlementations en vigueur en mettant au haut de l'échelle des priorités, la sécurité de la population. Ainsi, la commission Nicolet fait de la sécurité l'élément central de son rapport. "La sécurité du public n'est pas négociable. Il faut désormais adopter une approche préventive. Car, même si la prévention comporte des coûts, ceux-ci risquent d'être largement inférieurs à ceux encourus pour réparer les dégâts, comme l'effet destructeur du déluge au Saguenay nous en a fait la leçon."
Le comité des riverains de la rue de l'Anse de Saint-Rédempteur tient à rappeler à la population que le projet hydroélectrique des Chutes-de-la-Chaudière est le plus important projet de centrale privée (24 mégawatts) à être aménagé en zone urbaine (ce qui est une première en soi) et de surcroît dans un parc régional à vocation récréo-touristique. Nous croyons qu'il est impératif de prendre toutes les mesures nécessaires afin d'assurer la sécurité de nos familles et de nos propriétés.
Les audiences publiques du BAPE, tenues cet automne sur ce projet, ont permis de mettre en évidence que la zone d'influence du projet, en amont du barrage, incluait une section de la rue de l'Anse. Le promoteur doit reconnaître que l'augmentation de près de deux mètres du niveau du bassin de la retenue se fera sentir dans notre secteur. Nos propriétés sont construites sur des terrains remblayés, et ce, en zone inondable. Il faut donc considérer très sérieusement le problème de l'érosion des berges. Il faut rappeler, ici, que ce secteur a connu un glissement de terrain en 1983, provoquant l'évacuation, par mesure de sécurité, de propriétés situées dans la zone à risque. De plus, tous les hydrologues québécois s'entendent sur le fait qu'il faut revoir à la hausse les paramètres concernant les crues 1/20 ans, 1/100 ans et 1/1000 ans. L'effet conjugé de multiples facteurs comme les pluies torrentielles, les crues printanières, les embâcles nous commandent une très grande prudence quant à l'aménagement d'un barrage en zone urbaine. Des riverains de Saint-Jean-Chrysostome et de Charny ont aussi exprimé leurs préoccupations concernant leur sécurité.
L'épaississement du couvert de glace dans la retenue du barrage constitue aussi un élément d'insécurité majeur. Il est un fait établi que la particularité d'un tel couvert de glace est de provoquer des embâcles au début de la retenue de ce couvert, zone située à la hauteur du pont du CN. D'autre part, la modélisation (étude en modèle réduit) a démontré l'effet de blocage important exercés par les piliers du pont. Dans sa réponse au BAPE, le CN reconnait son inquiétude "quant à l'effet d'érosion au niveau des piliers du pont provoqué par l'amoncellement de glace, avec la construction du barrage et que ceci pourrait engendrer des coûts d'entretien plus élevés". D'autre part, le CN reconnaît aussi "que la modélisation démontre clairement que le pont du CN retarde le coût d'eau ( embâcle ) printanier par des amoncellements de glace ce qui pourrait engendrer des inondations en amont du pont". Un autre élément d'incertitude s'ajoute donc au dossier. Si le barrage se construit, nous serons désormais confrontés à une conjugaison de ces deux retenues provoquant des embâcles dans notre secteur.
Compte tenu des recommandations de la commission Nicolet et des informations obtenues lors des audiences publiques sur le projet , le comité des riverains considère que la sécurité des citoyens, leur qualité de vie et l'intégrité de leurs propriétés constituent des droits fondamentaux et inaliénables et que ces conditions ne doivent pas se monnayer au profit d'un appui inconditionnel au projet. Rappelons que lorsque nous nous sommes installés sur la rue de l'Anse, le barrage n'était plus en opération depuis 1971 et que rien ne nous permettait alors de prévoir qu'il le redeviendrait un jour de nouveau.
Nous croyons cependant qu'il est indispensable qu'un consensus s'établisse autour de la question de la sécurité de la population dans les plus brefs délais. Jusqu'ici, tous les mémoires déposés au BAPE se préoccupent très peu de la sécurité des citoyens, comme si cet aspect était subordonné aux préoccupations économiques. La question essentielle est de savoir quelle est la limite du risque acceptable que nous devons assumer en tant que riverains affectés par le projet. La commission Nicolet, sur ce point, est unanime, "il faut garantir la sécurité de la population " en impliquant les intervenants locaux et la commission reconnaît aussi que " les gestionnaires de centrale devront assumer une plus grande part de responsabilité à cet égard ".