![]() |
13 février 1997 ![]() |
COUNSELING
Mais ce n'est pas une raison pour se masquer
les risques de dérapage inhérents à toute relation
de couple.
L'amour est aveugle, dit-on. D'aucuns seraient tentés de rétorquer avec amertume, en cette veille de la Saint-Valentin: "Mais parfois, il ne tarde pas à nous ouvrir les yeux!" Justement, qu'arrive-t-il lorsque la désaffection s'installe progressivement dans la vie du couple et que l'amour meurt à petit feu?
"Les gens entrent dans la vie de couple avec des attentes élevées, entre autres, en ce qui a trait à l'amour, à l'intimité, au "sexe". La réalité les ramène parfois sur terre", remarque Denis Garneau, psychologue au Service d'orientation et de counseling de l'Université. Une réalité où l'indifférence et l'apathie en arrivent quelquefois à faire partie des meubles, consacrant ainsi - pour reprendre le jargon des spécialistes - la perte graduelle de l'attachement émotionnel. Le temps faisant son oeuvre, la "panne d'amour" risque alors de poindre à l'horizon.
La pente douce
Le processus de désamour, de désaffection maritale ou de l'union
libre se déroule habituellement en trois phases, explique le psychologue.
Apparaît d'abord la déception. C'est l'étape du désillusionnement:
après le mariage, on ne voit plus le partenaire du même oeil.
"C'est la période au cours de laquelle les gens font des essais
pour changer la relation", relate Denis Garneau.
Puis survient la phase qui est assise entre deux chaises: celle de la déception et celle de la désaffection. Les chicanes étant de plus en plus fréquentes - avec les colères et les blessures qu'elles entraînent dans leur sillage -, c'est l'impasse à laquelle on se bute... et la perte de l'amour. "On ne voit plus les traits positifs du partenaire, ni les efforts de l'autre. On en vient aussi à évaluer les coûts et avantages du mariage... avant de penser à quitter. Bien souvent, le mariage apparaît à ce stade comme une coquille vide", explique le psychologue. De petits efforts de changement sont encore possibles, mais ils peuvent être de courte durée.
Les conjoints ou les partenaires seront confrontés, enfin, à la désaffection proprement dite. La phase "terminale", pourrait-on dire, d'une vie à deux baignant dans l'apathie et l'indifférence, et où il n'y a plus de place pour de la culpabilité. C'est à ce stade critique que plusieurs individus songent sérieusement à la dissolution de leur mariage.
Se parler pour se comprendre
Il y a toujours moyen de donner une dernière chance à sa vie
de couple lorsque celle-ci est mise en péril par la tourmente, croit
Denis Garneau. Un premier moyen de prévention, selon lui, est de
reconnaître en premier lieu que certaines croyances peuvent être
nuisibles. Par exemple, l'obsession de l'amour romantique et la non-nécessité
de parler de ses problèmes de couple font partie de ce lot.
L'insatisfaction conjugale dépendant en grande partie de la capacité d'accepter l'autre, une bonne écoute et la libre expression claire et sereine de chacun sur ses divergences et ses déceptions sont à prescrire. Le psychologue voit dans cette forme d'échanges une façon d'améliorer les habiletés interpersonnelles des partenaires. Autre pas à faire: il faudra se pencher sur les "attentes maritales" en élaborant un cadre de réalisation prenant assise sur la question existentielle suivante: "Comme chacun a des attentes différentes, peut-on en arriver à établir un contrat fonctionnel où les deux en retireront une satisfaction?"
Un dernier geste, placé sous le signe du dialogue et de la compréhension, consistera à rechercher en couple les solutions qui permettront de mieux voir la situation et de prendre les décisions qui s'imposent. Arrivé à la croisée des chemins, à ce moment, le couple sera plus en mesure d'évaluer s'il reste une possibilité de réparer ou, au contraire, s'il faut plutôt faciliter le désengagement.