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6 février 1997 ![]() |
Les diplômés en aménagement du
territoire et développement régional
vont-ils changer le visage de nos centres-villes?
Isabelle Boutin est catégorique: la revitalisation d'un quartier s'effectue d'abord et avant tout de concert avec les résidants et commerçants qui y habitent. Chargée de projet pour la revitalisation du Vieux-Lévis depuis l'obtention de sa maîtrise en aménagement du territoire et développement régional à l'Université Laval en 1994, cette jeune femme dynamique ne conçoit pas qu'on puisse redorer les couleurs d'un quartier sans faire appel à ceux qui y vivent ou y travaillent.
Il semble que cette façon de voir les choses ait porté fruit puisque la Ville de Lévis décrochait cet automne le Prix d'excellence du Groupe Commerce pour ses efforts dans la revitalisation du Vieux-Lévis. Le prix a été décerné à l'occasion du colloque annuel de "Rues principales", un organisme issu de la Fondation Héritage Canada qui vise la promotion, la protection et la revitalisation du patrimoine dans les centres-villes. Seize autres municipalités d'un peu partout au Canada avaient soumis leur candidature.
Un nouveau souffle
Quatre types d'actions ont été entreprises par le Comité
de revitalisation et la Ville de Lévis afin de redonner un nouveau
souffle au centre-ville, explique Isabelle Boutin. D'abord, doter le quartier
d'une vocation en se basant sur les besoins de la clientèle. Cette
première phase s'est traduite, entre autres, par l'arrivée
de différents commerces spécialisés, de boutiques et
de restaurants. La seconde action concernait l'animation et la promotion
et s'est concrétisée par l'organisation d'un concours de décoration
de vitrines pour l'Halloween, d'une parade de Noël dans les rues du
Vieux-Lévis, etc. On a également publicisé les activités
du quartier au moyen de dépliants et d'une campagne radiophonique.
Troisième objectif d'action du Comité: l'aménagement physique, consistant notamment en l'enlèvement des parcomètres, la mise en place de bancs, de colonnes Morris et de présentoirs d'une carte du Vieux-Lévis. Enfin, le quatrième volet touchait le développement résidentiel, l'un des objectifs du Comité de revitalisation étant de ramener les jeunes familles dans le quartier. "Après Montréal et Québec, Lévis s'avère la ville comportant le plus de bâtiments patrimoniaux au Québec", affirme avec enthousiasme Isabelle Boutin, qui ajoute que l'aventure ne s'arrête pas là: "Au cours des deux ou trois prochaines années, le visage du secteur de la Traverse de Lévis va changer..."
Une histoire à succès
Professeur titulaire au Département d'aménagement de la Faculté
d'architecture et d'aménagement et membre du Conseil d'administration
de la Fondation Héritage Canada, Claude Dubé explique que
la collaboration de l'Université Laval avec le programme Rues principales
s'est amorcée en 1990 par la création d'un programme de formation
continue intitulé "Relevez le défi de la revitalisation".
En 1993, le programme a fait l'objet d'une restructuration et sa reconnaissance
a mené à une attestation d'étude. À ce jour,
plus de 50 journées de formation ont été offertes et
les participants proviennent de 108 villes du Québec.
Depuis deux ans, l'Université Laval offre un programme de formation dans ce domaine à l'Université de Moncton. Depuis 1994, deux nouveaux cours sont offerts à la maîtrise en aménagement du territoire et du développement régional (ATDR), l'un en revitalisation économique et l'autre en revitalisation physique. Selon Claude Dubé, l'ajout de ces deux cours fait des diplômés en ATDR des candidats de choix pour les municipalités démarrant un programme de revitalisation des centres-villes ou des artères principales, puisqu'ils sont déjà formés et donc prêts à entrer en action.
Les résultats à l'embauche confirment d'ailleurs cet avantage des diplômés en ATDR. Ainsi, cinq finissants du premier groupe ayant suivi ces deux cours ont trouvé de l'emploi dans ce domaine dès 1995, soit autant d'emplois que dans les sept années précédentes. Subventionné par le gouvernement fédéral, le programme Rues principales a été créé en 1984 afin d'aider les municipalités à développer tout leur potentiel économique, social et culturel. Ce programme préconise la discussion, la collaboration et la concertation entre les citoyens, les élus, les gens d'affaires et les divers groupes d'intérêts au sein des communautés.