6 février 1997 |
POURQUOI PAS UN ÉTUDIANT CANDIDAT AU RECTORAT?
Depuis quelques années, les administrateurs et les recteurs des universités québécoises font des représentations auprès des gouvernements pour qu'ils mettent fin au gel des frais de scolarité. En plus d'attaquer l'accessibilité aux études universitaires, ces mesures ne solutionneraient pas le problème du sous-financement des universités puisque les frais de scolarité déterminent le nombre des inscriptions.
Or, délaissant l'idée que l'éducation doit être une priorité au coeur de notre projet de société, la plupart des recteurs baissent les bras. Alors que le combat pour l'enseignement supérieur nécessite un ralliement de tous les groupes intéressées, les recteurs de nos universités ont décidé de faire sécession. Ils se désolidarisent de ce qui aurait pu être une grande coalition visant à affronter les coupures gouvernementales. Comble de l'ironie, il semble que les recteurs aient choisi d'attaquer ceux qui devraient être au coeur de tout projet éducatif: les étudiants.
Alors que la course au rectorat débute, nous assistons à un lamentable torrent de propos creux. (Vous savez, du genre: recréer les solidarités, planification stratégique, synergie...). Les candidats paraissent totalement déconnectés des enjeux qui concernent les étudiants. Pour que les préoccupations des étudiants aient une chance d'être retenues, il faudra que les étudiants s'impliquent dans le débat. Comme certains de mes collègues, je commence à me demander si une candidature étudiante, appuyée par l'ensemble des étudiants membres du collège électoral, parviendrait à enrichir un peu le discours des candidats.
MARTIN TREMBLAY
Étudiant à l'Université Laval
L'AGROALIMENTAIRE RÉGIONAL:
UNE TRADITION ET UN AVENIR
Encore cette année, depuis 22 ans déjà, les étudiants de la Faculté des Sciences de l'Agriculture et de l'Alimentation (FSAA) de l'Université Laval innovent et profitent de cette opportunité qu'est la Semaine de l'Agriculture, de l'Alimentation et de la Consommation (SAAC) pour se faire connaître et valoir. En effet, bien que peu connue sur le territoire universitaire, cette semaine qui comporte une multitude d'activités pédagogiques et sociales est une des rares occasions qu'ont les étudiants d'entrer en contact avec les professionnels du milieu, de mettre en pratique bon nombre de concepts théoriques vus en classe ou encore d'actualiser des développements technologiques agroalimentaires.
Cette semaine, qui se déroule du 10 au 17 février 1997, comprend plusieurs activités éducatives: un colloque traitant de plus d'une vingtaine de sujets d'actualité et rassemblant plus de 250 personnes (étudiants et professionnels) venues d'un bout à l'autre de la province et ce, dans le but d'écouter, de discuter, et surtout d'apprendre sur la fonction agroalimentaire au Québec. Également, des activités et divertissements sociaux: souper international où des mets typiques de divers pays sont servis, déjeuner champêtre où oeufs bénédictines et croissants sont au menu, journée sportive où des compétitions inter-universitaires ont lieu et spectacle-amateur où de jeunes talents se font connaître, viennent agrémenter et égayer cette semaine toujours fort appréciée.
Le clou de cette semaine, c'est le Salon de l'Agriculture, de l'Alimentation et de la Consommation qui a lieu au Parc Expo-Québec, les 14, 15 et 16 février. Plus de 20 000 personnes sont attendues à cette exposition entièrement organisée par les étudiants de la FSAA. Ce salon est un moyen de créer un lien unique et efficace entre les étudiants et la population de Québec. Effectivement, cet événement permet l'information, la vulgarisation, l'observation de phénomènes inusités, la dégustation de produits agroalimentaires et la chance de caresser une multitude d'animaux (de ferme et exotiques). Aussi, le Salon est une invitation à la découverte de nouveaux horizons et de nouvelles saveurs puisque la thématique de la SAAC 1997 résulte en la promotion des régions et des produits québécois. Également, le Salon, qui comprend plus d'une centaine de kiosques animés et commentés par des étudiants, se veut un lieu de divertissements, de surprises mais, aussi, d'information générale et ce, grâce à des conférences interactives, à des ateliers-conseils de jardinage, à une cabane à sucre réelle, et à un mini-marché québécois. Plusieurs autres activités ont lieu lors de ce salon unique. L'entrée et le stationnement sont gratuits en tout temps.
Cette semaine qui demeure, année après année, une motivation des plus précieuses pour tous les étudiants de la Faculté offre, également, une énorme visibilité pour cette institution qu'est l'Université Laval. En effet, grâce à cet événement unique qu'est la SAAC, la FSAA peut ainsi voir augmenter le nombre d'étudiants inscrits chaque année et, finalement, de regarder la fierté et l'implication des étudiants permet à l'Université Laval d'améliorer et de hausser sa cote de popularité ainsi que sa réputation. En espérant que vous viendez en grand nombre encourager les
étudiants à ce 22e Salon de l'Agriculture, de l'Alimentation et de la Consommation.
MARIE-AUBE SIMON
Responsable des communications
Semaine de l'agriculture, de l'alimentation et de la consommation
ÉGALITÉ
Sur les mots tus des enfants
Sur tous leurs maux tus
Sur les bornes imposées
J'écris ton nom
Sur les graffitis interdits
Sur les étendards permis
Sur les peaux décorées
J'écris ton nom
Sur les regards cicatrisés par le temps
Sur les deuils tatoués
Sur les espoirs fatigués
J'écris ton nom
Sur tous les ventres arrondis
Sur les bols vides du mercredi
Sur les décrets maudits
J'écris ton nom
Sur tous les visages de jais
Sur tous les yeux bridés
Sur les langues colorées
J'écris ton nom
Sur le mur de Berlin
Sur la tempête du désert
Sur la Première et la Seconde
J'écris ton nom
Sur toutes les petites filles de Chine
Sur la traite des Blanches
Sur le droit de cuissage
J'écris ton nom
Sur toutes le femmes bleuies
Sur les poings levés
Sur les armes brandies
J'écris ton nom
Sur les bouches voilées
Sur les corps mutilés
Sur toutes les tombes de Salem
J'écris ton nom
Sur l'ignorance qu'on oblige
Sur les sphères réservées
Sur la colère que je crie
J'écris ton nom
Sur les esprits menacés
Sur le pouvoir abusé
Sur le Dieu des hommes
J'écris ton nom
Égalité
NATASHA BOUCHARD ST-AMANT
Étudiante à la Faculté des lettres
(D'après le poème Liberté de Paul Éluard)
QUELQUES VÉRITÉS DE LA PALICE
De quel triste spectacle n'avonsnous pas été témoins aux mois de septembre et d'octobre! En effet, les États généraux sur l'éducation ont été l'objet d'un détournement idéologique flagrant. À moins d'être complètement ingénus, nous avons tous cru sincèrement, dès le départ, que la campagne sur fond d'éducation lancée par M.Jean Garon en 1995 visait essentiellement l'amélioration de la qualité de l'enseignement quant au contenu et à certaines approches. Or, le cirque de la malhonnêteté intellectuelle a été tel que les tenants du confessionnalisme et ceux de l'enseignement privé se sont vus dans l'obligation de se rebiffer. À juste titre d'ailleurs. C'est à se demander si cet exercice d'hypocrisie nationale n'a pas fait l'affaire de la classe politique, des décideurs bureaucratisés et des intérêts corporatistes. Au fait, nous n'avons jamais su la véritable raison de l'éloignement de M. Jean Garon du ministère de l'Éducation.
Au siècle dernier, Octave Crémazie avait bien raison de dire que nous nous complaisions dans une mentalité de commis d'épicerie. Nous respectons notre épicier, mais nous ne compterons jamais sur lui ou sur elle pour assurer la formation culturelle et scientifique de la jeunesse. Nos dresseurs de listes d'épicerie, qu'ils soient de la CEQ ou de tout autre organisme voué à ses propres intérêts, auraient avantage à écouter davantage ceux et celles qui savent pertinemment de quoi il retourne, c'estàdire, les parents soucieux de l'avenir de leurs enfants et les éducateurs habituellement à l'avantgarde de la transmission des matières scolaires. Ils auront vite fait le constat que le savoir et le savoirfaire ne se calculent pas en deniers.
Si l'on se fie aux dépêches de la presse écrite et électronique à partir du 1er septembre 1996, on s'aperçoit qu'il aura été rarement question des conditions d'apprentissage des élèves. Par ricochet, la vaste mise en scène des États généraux aura été des plus désolantes. En effet, il faut avoir oeuvré aux premières instances de l'éducation (en salle de classe surtout) pour savoir que le nombre élevé de décrocheurs au Québec et les lacunes d'ordre culturel des élèves ne sont pas le fruit du pur hasard. D'une part, d'aucuns parmi les enseignants, de par leur compétence et leur dévouement, réussissent à aller au secours d'élèves ayant besoin d'un enseignement plus personnalisé, mais ils sont souvent débordés par le nombre et réduits à n'accorder que très peu d'attention aux élèves les plus faibles. Si la formation scolaire avant l'Université ne consiste pas à revenir sur le sujet à maintes reprises et le plus clairement possible, force estil de constater que de nombreux intervenants se leurrent. D'autre part, depuis une bonne vingtaine d'années déjà, bon nombre d'organismes, sous le couvert des conventions collectives, ont la fâcheuse tendance à "parachuter" des enseignants et des enseignantes dans des matières pour lesquelles ils et elles ne sont pas adéquatement préparé(es). De là à imaginer le brouillamini dans la tête des élèves à la fin du secondaire, il n'y a qu'un pas à faire. Si nous avions eu au moins la présence d'esprit, comme société, d'offrir des cours de recyclage aux enseignants jouissant de tous les droits d'ancienneté et d'offrir des tâches de remplacement aux jeunes enseigants aspirants, nous aurions pu éviter le gâchis du vague à l'âme et des connaissance tronquées et poreuses. Làdessus, les permanents de la CEQet les comptables ratatineurs de l'État auraient beaucoup à se reprocher.
N'en déplaise à tous les chefs syndicaux, à tous les ministres de l'Éducation et des Finances spécialistes du leurre, à tous les comptables bureaucrates en herbe, à tous les éditorialistes ne jurant qu'au nom de la nébuleuse mondialisation, à tous les idolâtres de la technologie, à toutes les élites locales férues de considérations ayant peu de liens avec l'Éducation et à tout intervenant
porté à faire abstraction de la bonne vieille culture générale, nous ne ferons jamais le premier pas vers l'excellence tant et aussi longtemps que l'on n'abordera pas de front les deux pierres d'achoppement que nous venons de souligner et tant et aussi longtemps que l'on ne fera pas preuve de transparence à leur sujet. Voilà ce qui équivaut véritablement à donner l'heure juste. Et ce ne sont ni les Lorraine Pagé, ni les Pauline Marois, ni les Jean Garon, ni les André Garon (le d.g. de la Commission scolaire de Jonquière) qui pourront camoufler ces vérités de La Palice.
JEAN ARSENAULT
Professeur de français au secondaire et et étudiant à temps partiel en traduction