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6 février 1997  |
Espace, forme et création
Le rattachement de l'École des arts visuels à la Faculté d'architecture et d'aménagement permettra une synergie propice aux idées nouvelles
Lors de sa séance du 16 octobre dernier, le Conseil d'administration de l'Université Laval donnait officiellement son assentissement au rattachement de l'École des arts visuels à la Faculté d'architecture et d'aménagement. Ce rattachement a un impact sur les trois composantes de cette faculté créée en 1992, soit l'École d'architecture, maintenant logée dans le Vieux-Québec, le Centre de recherche en aménagement et en développement (CRAD) et le Département d'aménagement, qui offre un programme de maîtrise et de doctorat en aménagement du territoire et de développement régional (ATDR). Ces deux unités sont situées sur le campus deSainte-Foy.
Selon le doyen de la Faculté d'architecture et d'aménagement, Takashi Nakajima, ce rattachement ne constitue pas un simple décision d'ordre administratif mais offre également l'occasion d'un renouveau pour les deux parties concernées: "Le mariage civil est fait. Il ne reste plus qu'à célébrer le mariage religieux, qui se fera lors d'une journée de fête prévue pour le printemps prochain, à l'École des arts visuels, située à l'Édifice La Fabrique."
Un lieu d'échanges
Au cours de cette journée aura lieu, entre autres, une exposition
conjointe des finissants de l'École des arts visuels et ceux de l'École
d'architecture. D'autres activités communes sont prévues durant
l'année, notamment une semaine d'architecture et d'art, ainsi que
la présentation de conférences touchant ces deux domaines.
Du côté de la formation, cette nouvelle orientation pourrait
se traduire, par exemple, par des cours d'histoire de l'architecture offerts
aux étudiants en arts visuels et par des cours de dessin aux futurs
architectes. Mais on prévoit avant tout ajuster les programmes existants
avant de se lancer dans la création de nouveaux programmes, précise
le doyen.
"Essentiellement, nous voulons créer un lieu de découverte et d'intégration où professeurs et étudiants pourront échanger sur leur travail. Nous espérons que ces nouveaux liens contribueront à créer une synergie propice à une relance culturelle et à une amélioration du cadre de vie qui ne pourra que rejaillir sur la société québécoise."
Selon Takashi Nakajima, l'Université Laval est la seule université au Canada à prendre l'initiative de faire se côtoyer si intimement l'architecture, les arts et l'aménagement, la tendance actuelle étant plutôt à établir un cloisonnement entre ces domaines dans les universités et les écoles nord-américaines. Pourtant, estime t-il, les affinités qu'entretiennent ces composantes entre elles constituent un gage de créativité et d'énergie qu'une université engagée dans l'action concrète ne saurait ignorer.
Une synergie productive
Pour sa part, le directeur de l'École d'architecture, Alexis
Ligougne, considère que l'École d'architecture a tout à
gagner en s'alliant à l'École des arts visuels et estime que
ce rattachement constitue une "synergie des plus intéressantes":
"Nous avons d'abord intérêt à jeter des passerelles
avant tout fondées sur la réflexion commune pour ensuite,
trouver des points de convergence entre nos productions respectives. Ce
travail doit s'effectuer en vue d'un projet pédagogique précis:
former les étudiants et étudiantes à la réflexion
critique sur l'avenir et sur notre monde actuel."
Alexis Ligougne souhaite que l'architecture soit davantage reconnue pour sa valeur culturelle et qu'elle puisse servir de véhicule à l'expression de l'art. "Parler d'architecture, c'est questionner le projet sociétal, insiste-t-il. L'architecture n'est pas indépendante d'une vision utopique de la recherche d'un monde meilleur. Dans ce sens, l'architecture rejoint une réflexion sur l'art, l'art étant une réflexion sur le monde, sur ce que nous sommes."
Bien que les architectes et les artistes travaillent de plus en plus en collaboration, il reste beaucoup de chemin à faire quant à l'intégration de l'art à l'architecture, soutient pour sa part André Théberge, directeur de l'École des arts visuels: "Généralement, on demande à l'architecte de concevoir le bâtiment et à l'artiste de jouer en quelque sorte un rôle de finition, alors que les deux formes d'art gagneraient à être davantage intégrées." Il verrait ainsi d'un très bon oeil la création d'un programme court sur le design de l'objet, un domaine de création touchant à la fois à l'utilitaire et l'esthétique de la forme. "Chose certaine, les arts visuels et l'architecture partagent un point essentiel, souligne André Théberge: ce sont deux domaines concernés par l'espace, la forme et la création."
RENÉE LAROCHELLE