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30 janvier 1997 ![]() |
Une étude démontre que les Jeux olympiques d'hiver de 2002 auraient été très rentables pour la région de Québec.
Dans cinq ans, jour pour jour, la région de Québec aurait pu être à la veille de connaître l'un des moments les plus excitants de son histoire, les Jeux olympiques d'hiver. Des quatre coins de la planète, 3 500 athlètes auraient convergé vers la région, entraînant dans leur sillage deux fois plus de représentants des médias qui, pendant deux semaines, auraient loué les charmes et les attraits de Québec sur toutes les ondes du village global. Les bénéfices marginaux de ce grand rassemblement de la jeunesse du monde n'auraient pas été minces: des centaines d'emplois créés avant et pendant les Jeux, des hôtels et des restaurants bondés pendant une période creuse de l'année, une visibilité internationale pour le tourisme québécois et même un nouveau complexe résidentiel sur le campus de l'Université.
Pourtant, jusqu'à ce que tombe, en juin 1995, la décision du Comité international olympique tranchant en faveur de Salt Lake City, la région de Québec a été déchirée entre ceux qui voyaient dans l'aventure olympique un projet mobilisateur unique pour stimuler une économie à la dérive et ceux qui craignaient que toute l'affaire ne se solde par un désastre financier.
Affaire classée, croyait-on, mais voilà qu'une analyse bénéfices-coûts des Jeux de Québec 2002 vient tourner le fer dans la plaie. L'étudiant-chercheur Yves Marceau, sous la supervision du professeur Jean-Yves Duclos, du Département d'économique, vient de démontrer que la rentabilité de l'événement aurait atteint environ 216 millions de dollars pour la région de Québec. "Cette somme ne représente pas de l'argent comptant dans les coffres, précise l'auteur de l'étude, mais plutôt les avantages pour la région, en termes d'argent et d'équipement (après avoir tenu compte des coûts) qui auraient résulté de la présentation des Jeux."
L'analyse révèle également que, pour l'ensemble du Québec, la rentabilité économique aurait été de l'ordre de 116 millions de dollars. Seul le Canada n'y aurait pas trouvé son compte puisque les coûts reliés à l'événement auraient excédé de quelque 75 millions de dollars les avantages retirés dans tout le pays. "Ce résultat vient du fait que l'ensemble des Canadiens auraient contribué à la subvention fédérale de 208 millions versée pour la présentation des Jeux mais que la plupart des retombées auraient eu lieu dans la région immédiate de Québec", explique Yves Marceau. Évidemment, poursuit l'économiste, ce résultat ne tient pas compte des bénéfices qualitatifs de la présentation des Jeux, notamment en termes de développement du sport, de fierté nationale, d'unité canadienne et d'image de marque du Canada sur la scène internationale.
Cette étude constitue la première analyse bénéfices-coûts des Jeux de Québec 2002. Une étude antérieure portant uniquement sur les retombées économiques, réalisée par les chercheurs Fréchette, Villeneuve, Boisvert et Leblanc, du Centre de recherche en développement et aménagement (CRAD) de l'Université Laval, estimait que l'activité économique supplémentaire générée par les Jeux se chiffrait à 611 millions pour la région de Québec, 724 millions pour tout le Québec et 761 millions pour l'ensemble du Canada.
L'analyse de Yves Marceau, entreprise au plus fort de la course pour l'obtention des Jeux, arrive aujourd'hui comme de la moutarde forte après un repas. "Je n'ai pas été surpris outre mesure que Québec ne soit pas retenu parce qu'après tout, il a fallu quatre tentatives à Salt Lake City, dit-il. Par ailleurs, l'exercice que nous avons effectué n'est pas inutile parce qu'il prouve que les Jeux seraient rentables pour la région de Québec et il se pourrait fort bien que Québec soit de nouveau dans la course pour les Jeux d'hiver de 2010."