23 janvier 1997 |
LUTTONS ENSEMBLE CONTRE LA DISCRIMINATION
Nous, étudiants non-québécois, portons à votre connaissance la situation alarmante dans laquelle nous nous trouvons. Devant la mesure discriminatoire annoncée par la Ministre Marois, nous crions notre indignation. Au niveau des frais de scolarité, un étudiant non-québécois paie déjà près du double (ou plus) des frais de scolarité payés par un étudiant québécois (tarif pour 12 crédits-étudiant étranger: 3 052 $ contre 770 $ pour un étudiant québécois). Nous devons en plus nous nourrir, nous loger et assurer nos frais de transport, etc. Ceci demande un investissement de 15 000 à 20 000 $ par an par étudiant (soit pour un baccalauréat: 60 000 $ à 80 000 $ par étudiant, sans parler de la maîtrise et du doctorat). Nous n'avons pas le droit de travailler, ni accès aux prêts et bourses (sans le revendiquer).
Il est clair que le fait de nous demander d'en assumer plus est inhumain. Il nous serait impossible de payer plus, et nous serions obligés d'interrompre nos études en plein cours à cause de cette décision totalement injuste et déloyale à plus d'un titre. Faire assumer les conséquences fâcheuses d'un déficit aux plus faibles est totalement cruel, et c'est diviser pour mieux régner. Il faut aussi souligner qu'avec une décision de la sorte, nous sommes tous portés à quitter le Québec pour nous tourner vers d'autres universités francophones où nous trouverons plus de considération et de respect envers nos personnes. Ceci détournerait une grande partie de la clientèle universitaire ailleurs qu'au Québec. C'est donc une source de revenus importante qui viendrait à s'amenuiser et, par là même, nous y perdrions tous à tous points de vue. Cette décision relève de la PURE DISCRIMINATION. Nous avons besoin du soutien et de la mobilisation de la communauté universitaire face à cette épreuve qui nous accable. Donnons-nous la main afin de dire non à la discrimination. N'oublions pas le slogan de l'université Laval: "Le savoir du monde passe par ici".
À LA MÉMOIRE DE MARTIN PRÉVEL
Nous aimerions rendre un hommage mérité à monsieur Martin Prével, professeur titulaire à l'École de musique de l'Université Laval depuis près de 20 ans, qui vient de nous quitter à l'âge de 55 ans à la suite d'une brève et subite maladie.
Guitariste formé à l'Université de Montréal puis à la Schola Cantorum de Paris auprès d'Alexandre Lagoya, c'est avant tout comme professeur d'instrument et comme concertiste qu'il commence sa carrière, donnant de nombreux récitals dans divers pays d'Europe et au Canada. Récipiendaire de plusieurs bourses de recherche, il publie divers ouvrages concernant tant le répertoire que la technique propres à la guitare, auxquels viennent s'ajouter plusieurs écrits touchant cette fois le développement musical de l'enfant. Mais c'est principalement au domaine de la pédagogie musicale assistée par ordinateur et plus spécifiquement encore à la formation auditive qu'il consacre la plus grande partie de ses recherches dont les travaux sont désormais connus sur le plan international. Il a par ailleurs assuré activement le développement du secteur informatique de l'École de musique. Tout d'abord fondateur et directeur du Laboratoire d'informatique musicale, il a été également le principal artisan du tout nouveau site de l'École sur Internet, dont le lancement officiel eu lieu en sa présence en septembre 1996.
Personne dotée d'une grande ouverture d'esprit mais aussi d'une grande rigueur intellectuelle comme en témoignent ses diverses réalisations dans les domaines aussi variés que l'interprétation, la pédagogie et l'informatique, il était avant tout pour ses collègues et étudiants un homme généreux, accueillant et d'une grande simplicité. Afin de lui rendre un hommage durable et lui témoigner ainsi notre reconnaissance pour ses multiples contributions à l'avancement de la recherche musicale et pour le souvenir qu'il laisse au sein de notre école, une dédicace à sa mémoire sera prochainement apposée à la page liminaire du site de l'École de musique sur Internet.
ÉGALITÉ
Sur les mots tus des enfants
Sur tous leurs maux tus
Sur les bornes imposées
J'écris ton nom
Sur les graffitis interdits
Sur les étendards permis
Sur les peaux décorées
J'écris ton nom
Sur les regards cicatrisés par le temps
Sur les deuils tatoués
Sur les espoirs fatigués
J'écris ton nom
Sur tous les ventres arrondis
Sur les bols vides du mercredi
Sur les décrets maudits
J'écris ton nom
Sur tous les visages de jais
Sur tous les yeux bridés
Sur les langues colorées
J'écris ton nom
Sur le mur de Berlin
Sur la tempête du désert
Sur la Première et la Seconde
J'écris ton nom
Sur toutes les petites filles de Chine
Sur la traite des Blanches
Sur le droit de cuissage
J'écris ton nom
Sur toutes le femmes bleuies
Sur les poings levés
Sur les armes brandies
J'écris ton nom
Sur les bouches voilées
Sur les corps mutilés
Sur toutes les tombes de Salem
J'écris ton nom
Sur l'ignorance qu'on oblige
Sur les sphères réservées
Sur la colère que je crie
J'écris ton nom
Sur les esprits menacés
Sur le pouvoir abusé
Sur le Dieu des hommes
J'écris ton nom
Égalité
Copyright 1996
D'après le poème Liberté de Paul Éluard
DE L'INTOLÉRANCE OU DE LA PHILOSOPHIE?
Il ne me serait normalement pas venu à l'esprit de donner suite à l'article de J.-L. Gouin intitulé Interdit de ne pas fumer! Le texte est un ramassis de ratiocinations, d'arguties et d'incohérences qui forment les lieux communs d'un certain discours sur le tabac. Mais M. Gouin appuie sa signature de sa qualité de philosophe. Et là, le bât blesse: la pauvreté de la réflexion et de la pensée effraie et, surtout, présente un mode de réflexion, tenant davantage de la phobie et de la névrose, qui contribue au discrédit de la philosophie.
D'abord, au sujet du contre-exemple, c'est-à-dire M. Gouin lui-même, lequel, dit-il, présente à lui seul l'argument contre les dénonciations des propriétaires de restaurants et de bars qui s'objectent à un bannissement complet du tabac, recherchant plutôt un aménagement plus conforme à la réalité. M. Gouin, gourmet-gourmand, réplique par une explication fondamentale de la cause de la situation: il a cessé de dépenser des sommes fabuleuses au restaurant, se rabattant sur l'achat de livres - l'effet pervers du délaissement silencieux des gens de son espèce est, bref, la source des problèmes actuels de la restauration! Certes, il y a McDonald ou Pacini, heureusement, où il peut compenser - tout le monde sait que ce sont des endroits où ne règne pas le bannissement! Nostalgique, M. Gouin évoque le cas exemplaire de Montréal - on ne doit pas connaître la même ville! Il s'en prend également aux épiceries: je ne sais pas où il s'approvisionne, mais je ne vois pas de tabac dans aucune des épiceries que je fréquente: Métro, Roset, Picardie, etc. Quant aux restaurants, j'ai vérifié auprès de plusieurs restaurateurs chevronnés, nantis de sens pratique à défaut d'être beaux parleurs, et leur constat unanime est une diminution générale de la clientèle depuis plusieurs années en raison de la situation économique et de la modification des pratiques alimentaires, y compris la consommation d'alcool. Ils ajoutent du reste qu'ils ont une importante clientèle habituée de non-fumeurs qu'ils accommodent comme tous les autres clients, comme ceux qui parlent fort, ou ceux qui empestent le parfum - il faut de tout pour faire un monde. Bref, la démonstration du contre-exemple Gouin tourne court, n'est pas vraiment documentée, est biaisée, voire tout simplement malhonnête. Le seul regret est que le contre-exemplet n'ait pas poussé son inconséquence jusqu'à démissionner de son poste de professeur en signe tangible de protestation contre l'usage du tabac sur le campus!.
Sur le fond, la question du tabac ne se pose pas d'abord en droit; à cet égard, du reste, les chartes sont des instruments contemporains de l'individualisme forcené, susceptible de supporter un excès comme son contraire. En fait, le problème est celui de la liberté et, surtout, d'une dimension philosophique essentielle qui y est liée: la tolérance. C'est là un enseignement issu de la réflexion philosophique de Socrate à Perelman, en passant par Locke, pour ne citer que ceux-là. La liberté est totalitaire; le droit de chacun est la négation de l'autre. C'est pourquoi les ayatollahs ne sont jamais bien loin. Au nom du respect de la liberté et de mon droit à l'air pur, pourquoi ne pas revendiquer le bannissement de tous les véhicules motorisés, sur terre et dans le ciel, pour les remplacer pas des charrettes à chevaux et des chaloupes à rames? N'a-t-on pas vu récemment un État décréter, pour cette fois lutter contre un irritant éthique propre aux croyances de celui-ci, le retour de ses femmes à la maison, visage couvert? Ou encore, ne devrait-on pas rétablir la prohibition de l'alcool dont le coût social, tout aussi important que celui du tabac, contribue injustement à la diminution de la qualité de vie déjà réduite du bon citoyen gourmet-gourmand Gouin! Trêve d'ayatollatrie! En réalité, le problème qui se pose n'est pas tant de savoir qui du fumeur ou du non-fumeur a raison - débat d'ailleurs sans issue -, mais d'aménager une coexistence des libertés de l'un et de l'autre, au lieu de crier à l'ostracisme et au bannissement. C'est ce que fait oublier le thème politically correct de l'antitabagisme; certes éphémère comme toutes les modes, il présente l'intérêt d'être une bonne façon de détourner l'attention des vrais problèmes. Et pour qui veut réfléchir et ouvrir les yeux, il y en a de gros tout à côté - plus sérieux que d'avoir à écouter de la musique américaine chez Pacini. Certes à condition que la fumée n'aveugle le regard, ni n'obstrue la réflexion...
LETTRE À LA MINISTRE LOUISE HAREL
Madame la Ministre,
C'est avec beaucoup de satisfaction que j'ai suivi le travail du gouvernement québécois dans son effort pour en arriver à une loi obligeant les entreprises de plus de dix employés à éliminer les écarts salariaux dus à la discrimination basée sur le sexe à l'égard des personnes qui occupent des fonctions dans des catégories d'emplois à prédominance féminine.
Aux cours des six dernières années, nous avons fait à l'Université Laval l'exercice qui devait mener à l'équité salariale pour les employés de soutien. Les raisons principales des écarts salariaux étaient une structure salariale et un barème d'évaluation des fonctions différents pour les diverses catégories d'emplois. Ces catégories sont: le groupe bureau, le groupe métiers et services et le groupe technique. Après de très longues négociations, l'Université et le Syndicat des employés et employées de l'Université Laval (SEEUL) en sont arrivés à une entente qui ne donne malheureusement qu'un semblant d'équité. Même s'il avait été prévu au manuel d'évaluation des fonctions que la structure salariale serait la même pour toutes les fonctions, l'Université Laval a changé les règles lors de l'établissement du plan d'implantation du nouveau système de rémunération. En effet, elle a favorisé une catégorie d'employés composée majoritairement d'hommes (le groupe métiers et services) par une structure salariale différente de celle des autres catégories.
En novembre dernier, j'ai déposé une plainte auprès de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse. La Commission a jugé les motifs de ma plainte suffisants pour y donner suite et a enjoint au Vice-recteur aux ressources humaines et à la Présidente du syndicat d'expliquer les contradictions du système de rémunération. Depuis, les plaintes d'autres employés lésés continuent d'être déposées auprès de la Commission.
Je suis a votre disposition, Madame la Ministre, pour vous fournir toutes les informations sur les démarches qui ont été entreprises jusqu'à maintenant. L'expérience des employés de l'Université Laval pourra être fort utile lors de la mise au point des règlements se rattachant à la Loi sur l'équité salariale. Elle aidera à empêcher des employeurs qui se targueraient d'avoir réalisé un processus d'équité salariale de maintenir des pratiques discriminatoires ou d'y revenir par la suite.
Je vous remercie à l'avance de l'attention que vous voudrez bien accorder à ma demande et vous prie d'accepter, Madame la Ministre, l'expression de mes sentiments les plus distingués.
DÉCLARATION DISCRIMINATOIRE ET CONFUSE
DE LA MINISTRE MAROIS
Le 18 novembre 1996, le gouvernement du Québec a rendu public un communiqué de presse rapportant des propos tenus par la ministre de l'Éducation, madame Pauline Marois, notamment sur les frais de scolarité des étudiants étrangers. L'Association des étudiants étrangers (A.É.É) et l'AELIES (Association des étudiantes et des étudiants de Laval inscrits aux études supérieures) dénoncent ces propos qui sont de nature à semer la discrimination et entretenir la confusion au sein de la communauté étudiante. L'A.É.É. et l'AELIES rejettent les méthodes cavalières par lesquelles le gouvernement aborde les problèmes des étudiants étrangers, et annoncent la tenue imminente d'un sommet régional consacré aux conditions de vie et d'étude des étudiants étrangers au Québec.
Dans une déclaration lapidaire faite à la volée, la ministre Marois soutient qu'il ne lui paraît pas opportun de procéder à une hausse des droits de scolarité "à l'université" et que "la hausse des frais de scolarité serait la dernière option" qu'elle retiendrait. Dans le même temps, la ministre Marois estime qu'à compter de la rentrée universitaire 1997-1998, les étudiants étrangers qui fréquentent des universités québécoises verront leurs droits de scolarité majorés à un niveau comparable à celui de leurs homologues de l'Ontario, et que les étudiants canadiens non québécois paieront la moyenne canadienne.
En tenant un tel discours manifestement contradictoire, la ministre Marois laisse entendre que les étudiants étrangers et les canadiens non québécois ne font pas partie intégrante des universités québécoises, et qu'en conséquence, ils ne sont guère concernés par le gel des frais de scolarité qu'elle a annoncé.
En outre, la ministre Marois indique, dans une formule générale voulue et sans la moindre nuance requise en l'espèce, que les "étudiants ne financent directement qu'une partie des coûts liés à leur formation", soit "12 % à l'université". De tels propos sèment délibérément la confusion dans l'esprit des contribuables québécois, qui pourraient croire que leur taxes et impôts financent également tous les étudiants étrangers à hauteur de 88 %. Une version objective des faits devrait conduire la ministre Marois à préciser que la plupart des étudiants étrangers sont financés par leurs parents ou autres organismes à 100 %. La ministre de l'Éducation devrait ainsi éclairer l'opinion publique québécoise et rendre justice aux étudiants étrangers, en précisant que depuis 1978, les frais de scolarité de ces derniers ont connu, par quatre fois, une augmentation exponentielle, de sorte qu'aujourd'hui, ils sont près de cinq fois plus élevés que ceux des étudiants québécois.
En rétablissant les faits ainsi distordus par madame Marois, le L'A.É.É. et l'AELIES prennent l'opinion publique québécoise à témoin, afin qu'elle se rende compte des méthodes du gouvernement qui consistent, consciemment ou non, à opposer les étudiantes et étudiants, les uns aux autres. L'A.É.É. et l'AELIES mettent le gouvernement devant ses responsabilités, car les mesures draconiennes qu'il entend prendre à l'encontre des étudiants étrangers ne feront que provoquer un mouvement de désinscription massive des étrangers dans les universités québécoises, une désaffection vis-à-vis du Québec et même une campagne internationale de boycott des universités québécoises.
L'A.É.É et l'AELIES estiment que ce n'est pas par des mesures unilatérales et arbitraires que le gouvernement québécois parviendra à résoudre les problèmes du redressement économique du Québec. En ce qui concerne les étudiants étrangers, seul un dialogue constructif avec eux peut éviter leur désintégration de la société québécoise. C'est pourquoi, l'A.É.É. et l'AELIES annoncent, d'ores et déjà, la tenue prochaine d'un Sommet régional sur les conditions d'étude et de vie des étudiants étrangers au Québec. Ledit Sommet, dont la date et le lieu seront annoncés ultérieurement, réfléchira, entre autres, sur la meilleure utilisation que le Québec pourrait faire du capital humain que constituent les étudiants étrangers. Il y va du développement et de la visibilité de la province dans le monde.
LETTRE À LA MAIRESSE ANDRÉE BOUCHER
Chère madame Boucher,
Votre service policier engage des agences (ADMARI en serait une) pour distribuer les contraventions dans Ste-Foy et notamment à l'Université Laval. J'ai été durant les mois récents plusieurs fois victime du zèle irraisonné des agents ADMARI à l'Université alors que je paie 450 $ par année pour y stationner. Le comble: les contraventions m'ont été distribuées sur le propre stationnement de ma Faculté pour des raisons frivoles.
Exemple 1: 42 $ pour avoir les roues sur le trottoir... alors que j'avais une roue qui touchait à peine à un trottoir tout à fait secondaire qui n'est pas déneigé l'hiver et qui jouxte notre Faculté;
Exemple 2: Autour de 50 $ (je ne me souviens pas du montant exact) pour avoir stationné avec mes clignotants pendant quelques minutes devant ma Faculté... alors que je paie 450 $ par année pour stationner là. Etc.
Le 23 décembre dernier, alors qu'il y avait quatre voitures sur le même stationnement vers 10 h du matin, deux agents ADMARI ont collé une contravention à un "pauvre diable... qui croyait bien, (j'imagine,) qu'il pouvait stationner gratuitement à l'université quand il n'y a personne". Le simple bon sens, et le moindre discernement, commandaient qu'on ne s'attaque pas à ce "pauvre diable". Devant ce fait précis, j'ai parlé aux deux agents ADMARI qui m'ont répliqué qu'ils appliquaient le règlement, un point, c'est tout. En principe, ils ont peut-être raison. En pratique, c'est rire du monde que d'agir sans discernement... comme les agent ADMARI le font.
Par ailleurs, j'ai ouï-dire qu'un grand nombre de mes collègues ont été victimes du zèle intempestif et irraisonné des agents en question. Je suis d'avis que votre service policier se doit d'apprendre à ses "engagés ADMARI" comment discerner entre une contravention méritée et une contravention "abusive". Leur façon de faire constitue quasiment de l'extorsion "légale". L'Université Laval ne devrait pas permettre qu'on applique le règlement sans discernement... alors que les gens concernés ont pour la plupart déjà payé de 300 $ à 450 $ pour stationner à l'Université.
Je vous remercie de la considération que vous apporterez à mes doléances.