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16 janvier 1997 ![]() |
La transition études/marché du travail est loin d'être facile pour les diplômés ayant un handicap. Ceux-ci sont davantage touchés par le chômage et font face à de plus nombreux obstacles que les autres diplômés. C'est ce que révèle une étude de l'Association québécoise des étudiant(e)s handicapé(e)s au postsecondaire, dont les résultats ont été rendus publics, le 5 décembre, à l'Université Laval. L'enquête a été menée auprès de 19 personnes ayant des incapacités qui ont obtenu un diplôme d'études postsecondaires, entre 1984 et 1994, dans trois établissements de la région de Québec, soit l'Université Laval et les cégeps de Sainte-Foy et François-Xavier-Garneau. Normand Boucher, actuellement inscrit au doctorat de sociologie, agissait à titre de coordonnateur de la recherche.
L'étude, intitulée Intégration au travail des étudiantes et étudiants ayant des incapacités au postsecondaire. Les conditions de la réussite, voulait identifier les obstacles rencontrés par les diplômés handicapés dans leur démarche d'emploi et de mieux percevoir la réalité à laquelle ils font face sur le marché du travail. "Ce document se veut un outil de travail concret permettant d'articuler une action commune entre les divers intervenants du milieu autour du thème "travail et personnes ayant des incapacités diplômées du postsecondaire"", précise Normand Boucher.
Le profil de l'emploi
Il ressort de l'étude de l'AQEHPS que 74 % des répondants
ne sont plus aux études. Soulignons que 16 des 19 personnes interrogées
(84 %) ont fréquenté ou fréquentent encore l'Université
Laval. Plus de la moitié des répondants (53 %) occupaient
un emploi au moment de l'enquête: 60 % travaillaient dans le secteur
public. Par ailleurs, 95 % d'entre eux considèrent que leur incapacité
ne les empêche pas de gagner leur pain. Quand il est question de discrimination,
32 % craignent d'en être victime lors de leur recherche d'emploi.
Par contre, 47 % pensent que leur incapacité a déjà
été la raison première de leur non-sélection
pour un emploi.
Enfin, les principaux obstacles que les répondants ont eu à rencontrer s'énumèrent ainsi: l'accès au lieu de travail (42 %); l'état actuel du marché du travail (37 %); l'accès à un transport adapté et flexible (26 %); les valeurs et attitudes des employeurs à leur égard (26 %); le climat social actuel conjoncture économique difficile (21 %); les dépenses inhérentes à la recherche d'emploi (21 %); l'obligation d'aller travailler à l'extérieur des zones urbaines aménagements ruraux (16 %); la crainte d'absence de soutien social en région (16 %).
Des efforts communs
"Bien que l'on reconnaisse facilement les droits de tous et chacuns,
l'application de ces derniers n'est pas toujours aussi évidente.
Que de luttes doivent être menées, que de revendications faites
pour avoir tout simplement la ou les possibilités d'étudier,
de travailler, de se loger, de se déplacer. Cette lutte, les personnes
ayant des incapacités et les organismes défendant leurs droits
y sont confrontés tous les jours. Il importe donc d'unir de part
et d'autres les efforts vers un but commun: la reconnaissance du droit au
travail pour les personnes ayant des incapacités!", lancent
les auteurs du document, pour qui des actions significatives s'imposent.
Dans ce sens, la nécessité d'une opération de sensibilisation auprès des décideurs publics apparaît dès lors, selon eux, on ne peut plus impérative.