16 janvier 1997 |
Les consultations qui commencent seront l'occasion d'un examen détaillé de la structure actuelle de la Faculté des sciences et génie
La Faculté des sciences et de génie (FSG) vivra des moments déterminants pour son avenir au cours des prochaines semaines. En effet, le Comité consultatif sur le statut de la Faculté des sciences et de génie a entrepris des consultations sur la pertinence de créer deux facultés distinctes, l'une de génie et l'autre des sciences, ou de maintenir la structure actuelle de la FSG. Le Comité a rencontré, en fin d'année, le recteur Michel Gervais et la direction de la FSG, et il entendra, les 20 et 21 janvier, toutes les personnes désireuses d'exprimer leurs vues sur la question.
Cette consultation fait suite au rapport Gervais sur la restructuration facultaire, déposé en avril 1996. On se souviendra que la proposition 16 du document demandait "que l'Université examine la possibilité de créer une Faculté de génie et, en conséquence, de diviser l'actuelle Faculté des sciences et de génie". Les auteurs du rapport notaient que cette recommandation pouvait sembler étonnante considérant les remarquables succès de la FSG en recherche et sur le plan de la qualité de la formation, soulignant au passage l'agrément des programmes d'ingénierie par le Bureau canadien de programmes en ingénierie. Mais, poursuivaient-ils, de toutes les grandes universités nord-américaines engagées dans le domaine du génie, l'Université Laval est la seule à ne pas avoir une faculté de génie ou de sciences appliquées et à regrouper dans une même faculté les sciences et le génie. "Il faut reconnaître que le secteur du génie à l'Université Laval satisfait toutes les conditions et répond à tous les critères justifiant l'existence d'une faculté... On ne peut manquer de regretter que le génie à Laval n'ait pas la visibilité dont il jouit ailleurs."
Par ailleurs, les auteurs du rapport se demandaient si le regroupement des sciences pures et du génie dans une même faculté ne comportait pas d'immenses avantages (interdisciplinarité et économies) tant du côté de l'enseignement que de la recherche. "Devrait-on alors briser des liens qui existent depuis de nombreuses années et qui sont appelés à continuer à se développer? Sur le plan administratif, il semble évident que la séparation en deux facultés entraînerait des coûts supplémentaires."
Unité ou spécificité?
La Faculté des sciences, créée en 1937, a pris le nom
de Faculté des sciences et de génie en 1974. Elle regroupe
aujourd'hui six départements de génie, cinq de sciences et
deux unités en sciences appliquées (actuariat et informatique).
La clientèle étudiante des programmes de génie représenterait
environ 40 % des effectifs de la FSG.
"Au delà des intérêts personnels et professionnels,
il faut analyser la situation dans un seul contexte: quel serait le bénéfice
d'une séparation pour l'Université et ses étudiants?",
interroge le doyen de la FSG, André Cardinal. Le mémoire de
la direction de la FSG, présenté au Comité consultatif
le 11 décembre, fait valoir les mérites de la cohabitation
sous un même toit des deux cultures, une situation unique en son
genre au pays, tant pour l'enseignement que la recherche. De plus, la structure
actuelle favoriserait des économies d'échelle importantes
sur le plan administratif.
"Pour ce qui est de l'option de la séparation, dit le doyen
Cardinal, le jeu n'en vaut vraiment pas la chandelle. Même si, à
quelques égards, la création d'une Faculté de génie
promet aux yeux de certains des bénéfices considérables,
nous sommes plutôt convaincus qu'en travaillant ensemble à
faire disparaître les quelques irritants qui peuvent encore demeurer
et en exploitant pleinement la formule actuelle qui garantit de multiples
avantages que l'on ne rencontre nulle part ailleurs, la Faculté des
sciences et de génie est vouée à un avenir très
prometteur."
Pour sa part, Louis Cloutier, directeur du Département de génie mécanique et ex-doyen de la FSG, croit que l'Université gagnerait à créer une Faculté de génie. "Partout en Amérique du Nord, il y a consensus sur l'importance de modifier l'enseignement du génie afin de mieux répondre aux spécificités de la profession d'ingénieur. La formation des ingénieurs repose sur l'acquisition de connaissances scientifiques mais elle doit être orientée vers la résolution de problèmes par le biais de modes d'enseignement qui lui sont particuliers. Les étudiants nous reprochent que pendant les deux premières années du baccalauréat, les programmes ne sont pas suffisamment orientés vers l'ingénierie. Je ne dis pas qu'il est impossible de modifier les programmes en demeurant dans la FSG, mais je crois qu'on pourrait le faire plus facilement et plus efficacement, tout en favorisant l'interdisciplinarité entre les génies, dans une Faculté de génie autonome. Et tout cela n'empêcherait pas la collaboration qui existe déjà avec les autres unités du campus."
Selon Louis Cloutier, l'intégration du génie dans la FSG nuit à l'image et à la visibilité des programmes de génie et, de ce fait, ne favorise pas le recrutement: "La perception des étudiants est que nos programmes de premier cycle sont très teintés de sciences et beaucoup d'étudiants préfèrent aller à Sherbrooke à cause de son programme de stages ou à Polytechnique qui se présente comme une école vouée exclusivement à la formation d'ingénieurs. Sans compter l'École de technologie supérieure dont 20 % de la clientèle viendrait de la région de Québec."
Deux jours de rencontres
Les personnes qui veulent exprimer leur avis sur le statut de la FSG ou
soulever des questions qui pourraient éclairer le débat peuvent
écrire au comité, lui adresser des mémoires individuels
ou collectifs ou encore le rencontrer. Toute correspondance ou demande de
rencontre doit être adressée, avant le 17 janvier 1997, à
Léonce Beaupré, local 1722, pavillon des Sciences de l'éducation,
U. Laval, G1K 7P4, tél. 656-2131, poste 7080.
Le Comité consultatif sur le statut de la FSG est formé de Gilbert Drouin (ex-directeur des Études avancées à Polytechnique), Pierre Lavigne (directeur de l'INRS- Énergie et Matériaux) et du président Camille Limoges (président du Conseil de la science et de la technologie du Québec). Le Comité remettra son rapport final à la mi-février.