12 décembre 1996 |
Profil
Le prix Denise-Pelletier donne à François Morel le goût d'aller encore plus loin
"C'est la consécration d'un demi-siècle de carrière... et un élan pour continuer encore 50 ans." François Morel, professeur de l'École de musique, a reçu, le samedi 7 décembre, le prix Denise-Pelletier, la plus haute distinction accordée par le gouvernement du Québec dans le domaine des arts de la scène. Son prix lui a été remis lors d'une soirée de gala qui se déroulait au Théâtre Capitole, à Québec.
Le lauréat du prestigieux Prix du Québec n'en était pas à sa première marque d'appréciation. Depuis 1977, il a mérité plus d'une vingtaine de distinctions et de prix nationaux et internationaux. Il a même été décoré de l'Ordre national du Québec en 1994. Mais le prix Denise-Pelletier représente vraiment à ses yeux "la première des grandes reconnaissances".
François Morel est né à Montréal en 1926. Entré à 17 ans au Conservatoire de musique du Québec à Montréal, il fait partie de la première génération de compositeurs formés par ce vénérable établissement. Au fil des ans, son engagement sur la scène culturelle québécoise le mène à la Société Radio-Canada où il travaillera pendant 25 ans. Il y écrira la musique de plusieurs séries d'émissions et plus d'une centaine de musiques de scène pour des téléthéâtres. Le compositeur qualifie du reste son travail à Radio-Canada de "musique alimentaire" très enrichissante.
Tel qu'en lui-même
Mais l'authentique François Morel se fera surtout connaître
à travers son oeuvre qui compte une cinquantaine d'ouvrages de musique
de chambre, d'orchestre, de musique pour clavier, pour harmonie, qui en
font, selon les critiques, "l'un de nos plus éminents représentants
dans le domaine de la musique contemporaine". "Musique classique
du XXe siècle" ou "musique de concert de tradtion occidentale",
se plaît-il habituellement à corriger aussitôt.
Guidé par les phares que sont les Debussy, Varèse, Messiaen et Boulez, François Morel s'imposera chez nous et à l'extérieur du Québec. Si ses "objets" de fierté et ses moments marqués d'une craie sont nombreux, certains émergent cependant du lot. Ainsi, la création d'Antiphonie au Carnegie Hall, en 1953, sous la direction de Leopold Stokowski, marque pour lui le début officiel de sa carrière de compositeur. C'était la première fois qu'une oeuvre canadienne était créée à l'étranger, souligne-t-il.
Un autre pilier, c'est son expression, dont il peut légitimement s'enorgueillir est la mise au monde de Aux couleurs du ciel, une pièce pour grand orchestre à vent, commandée et présentée en première audition au cours de la saison 1987-1988 par l'Orchestre symphonique de Montréal, dirigé par Charles Dutoit, à qui elle était dédiée.
Pédagogue et émules
Le pianiste, le compositeur, le chef d'orchestre et, finalement, le
pédagogue. François Morel est professeur à l'École
de musique de l'Université depuis 1979, où il enseigne la
composition, l'analyse, l'orchestration, en plus de s'occuper de l'atelier
de musique contemporaine. Il prendra sa retraite à la fin du trimestre
d'hiver 1997, non sans avoir mis sur le rail, auparavant, une génération
de jeunes compositeurs qui ont déjà commencé à
percer, pensons, entre autres, à Denis Dion, Alain Perron et
Robert Lemay, non sans avoir réussi à produire, au préalable,
les six premiers disques de la série "Musique à l'Université
Laval".
"Lorsque je songe au contexte dans lequel doivent se débattre les compositeurs d'aujourd'hui, je dois avouer que j'ai été un être privilégié... mais avec beaucoup de travail et de ténacité qui ont dû appuyer le talent", confie François Morel.