12 décembre 1996 |
Un projet de partenariat de 2,5 millions sur cinq ans pour améliorer la compétitivité des produits québécois et canadiens
Le vice-recteur à la recherche de l'Université Laval, Denis Gagnon, a annoncé hier la mise sur pied d'une chaire industrielle du Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) portant sur le développement de nouvelles connaissances et applications dans le domaine des ingrédients laitiers. L'annonce a été faite en présence de représentants du gouvernement fédéral, des partenaires engagés dans ce projet et du CRSNG.
Le financement de cette nouvelle chaire industrielle est assuré par le CRSNG ( I 000 000 $) la Société Novalait (500 000 $), le Centre québécois de valorisation des biomasses et des biotechnologies (375 000 $), Agropur (250 000 $), les Aliments Ault (250 000 $) et l'Université Laval ( 150 000 $).
Sur les rails pour une durée de cinq ans et éventuellement renouvelable pour une période équivalente, la Chaire industrielle sur les ingrédients laitiers a pour objectifs d'améliorer les connaissances dans le domaine des ingrédients laitiers et de contribuer au développement de l'industrie alimentaire et laitière. Elle s'inscrit dans le cadre du Programme de professeurs-chercheurs industriels et compte parmi les programmes du CRSNG appuyés par l'entremise de son Programme de partenariats de recherche.
Des marchés à conquérir
Selon le titulaire de la nouvelle chaire, Paul Paquin, de la Faculté
des sciences de l'agriculture et de l'alimentation, une recherche à
moyen et long terme dans le domaine des ingrédients laitiers protéiques
se doit d'être poursuivie pour le plus grand bénéfice
de l'industrie laitière canadienne. La mise sur pied d'une chaire
industrielle permettra la formation de la main-d'oeuvre spécialisée
dans le domaine de la fonctionnalité des ingrédients laitiers
protéiques et aussi d'orienter des chercheurs universitaires vers
des domaines d'intérêt scientifique et industriel.
Ces deux éléments sont essentiels pour permettre à l'industrie laitière canadienne de se positionner parmi les leaders mondiaux dans le domaine des ingrédients laitiers. En effet, suite aux accords du GATT et de l'ALÉNA sur le commerce international, seuls les pays les plus avancés technologiquement dans le domaine des protéines conserveront leur part de marché national, tout en pouvant légitimement espérer exporter des ingrédients dont les caractéristiques fonctionnelles, biologiques ou économiques sont compétitives.
Pour l'industrie laitière canadienne, le développement d'ingrédients fonctionnels issus des protéines sériques est certainement l'une des voies de diversification les plus prometteuses. Outre le fait qu'elles contiennent des acides aminés essentiels, les protéines sériques jouissent d'une réputation enviable sur le plan organoleptique et elles peuvent être facilement isolées à partir du lactosérum qui est passé, en l'espace de 20 ans, du statut d'agent polluant à celui plus enviable de produit à valeur ajoutée commercialement rentable.
Le marché des ingrédients fonctionnels se spécialise de plus en plus. Dans ce domaine, les principaux compétiteurs des protéines laitières sont les protéines d'origine végétale. Le point fort des protéines laitières repose sur des propriétés fonctionnelles précises et régulières. À la différence des protéines végétales, les protéines laitières correspondent à des applications très spécifiques et leurs qualités nutritionnelles et organoleptiques sont supérieures.
Recherche en quatre volets
La programmation de recherche de la Chaire porte sur les propriétés
fonctionnelles des protéines du lactosérum et leur potentiel
d'utilisation comme ingrédients alimentaires. Cette recherche s'effectuera
en partenariat avec Les Aliments Ault Ltée, Agropur, Novalait inc.
et le Centre québécois de valorisation des biomasses et des
biotechnologies (CQVB). Le Centre de recherche et de développement
sur les aliments (CRDA) d'Agriculture et agroalimentaire Canada participera
aussi au développement de certains volets de la recherche.
La réalisation du programme de recherche se fera au Centre de recherche en sciences et technologie du lait (STELA) de l'Université Laval et sera sous la responsabilité du titulaire de la chaire. Il sera assisté d'une équipe formée de la professeure Sylvie Turgeon, de l'attachée de recherche Muriel Subirade, du Dr Michel Britten, du CRDA, d'une professionnelle de recherche, Louise Tremblay, de trois chercheurs postdoctoraux et de quatre étudiants au doctorat.
Les protéines du lactosérum sont issues de la fabrication fromagère. De nos jours, elles sont, grâce aux techniques d'ultrafiltration et de nanofiltration, récupérées et utilisées comme ingrédients alimentaires. Cependant, leur utilisation exige une connaissance plus approfondie de leurs propriétés fonctionnelles, surtout en ce qui concerne leurs interactions avec d'autres constituants alimentaires (protéines, lipides, hydrates de carbone) présents dans les aliments. Actuellement, on voit apparaître sur le marché des ingrédients protéiques de deuxième génération qui sont isolés, purifiés et modifiés, afin d'en produire des ingrédients sur mesure adaptés aux besoins des utilisateurs, des substituts de matière grasse à base de protéines du lactosérum, ainsi que des agents gélifiants ou texturants. L'avancement des connaissances nous permettra d'aller plus loin dans ces domaines et, par conséquent, fournir aux industriels laitiers des données scientifiques et techniques de base pour faire avancer le développement de nouveaux ingrédients plus performants.
La programmation de recherche se divise en quatre volets. Les trois premiers volets visent à une meilleure connaissance du comportement des protéines du lactosérum lorsqu'elles interagissent avec d'autres constituants des aliments. Les travaux qui seront réalisés dans le cadre du quatrième volet porteront sur le développement de systèmes alimentaires standardisés. L'objectif des travaux de recherche de ce volet est de développer différents systèmes alimentaires basés sur une approche scientifique. Par la suite, ces systèmes seront utilisés afin de vérifier le comportement des ingrédients mis au point dans le cadre des volets I, II et III dans des systèmes alimentaires. De plus, un laboratoire de formulation alimentaire sera mis sur pied au Centre de recherche STELA.
Les résultats de ces recherches permettront de développer l'état des connaissances sur l'étude des interactions des protéines du lactosérum et les constituants alimentaires ainsi que de faire leur évaluation dans des systèmes alimentaires standardisés. Ces nouvelles connaissances permettront de fournir aux industriels laitiers des outils afin de développer de nouveaux ingrédients alimentaires (épaississants, gélifiants et/ou possédant les caractéristiques de la matière grasse) qui répondront aux réels besoins des industries alimentaires et des consommateurs.