12 décembre 1996 |
"La personne âgée n'est pas qu'un corps à soigner, qu'un lit d'hôpital de plus ou de moins, qu'un montant d'argent à récupérer en baissant les pensions de vieillesse, en vendant des voyages ou des condominiums de luxe. C'est une personne en croissance psychologique et spirituelle, préoccupée par la réalisation du meilleur d'elle-même."
Voilà qui change du discours réductionniste auquel nous a habitués une société pour qui la population âgée semble parfois représenter davantage un fardeau à supporter, on pourrait imager en parlant du poids (économique) de l'âge, qu'une richesse à apprécier. Le temps a fait son oeuvre. Mais pour Denise Dubé, c'est l'occasion de remettre les pendules à l'heure, de situer la vieillesse "à sa juste place dans le cheminement de la vie: à son sommet".
La psychologue clinicienne, qui enseigne la psychologie gérontologique à l'École de psychologie de l'Université Laval, propose ainsi, comme elle l'écrit dans l'avant-propos de son ouvrage Humaniser la vieillesse, publié récemment aux Éditions MultiMondes, "une perspective humaniste donnant priorité à la croissance humaine durant la vieillesse plutôt qu'au déclin, aux attitudes plutôt qu'aux comportements, aux valeurs, au dépassement de soi et à la quête du sens de la vie".
Conçu comme un outil d'apprentissage pratique et utile qui questionne en même temps les attitudes et les gestes du vécu quotidien, Humaniser la vieillesse jette un regard synthétique sur les principales connaissances de la psychologie gérontologique actuelle. Neuf grands thèmes coiffant autant de chapitres y sont abordés.
D'abord, les attitudes, "un point de départ obligé": mythes, stéréotypes, attitudes négatives, entre autres, sont exposés de même que les changements d'attitudes qu'ils nécessitent. Puis, tour à tour, défilent la santé mentale, le processus de vieillissement et ses changements physiques, psychiques et cognitifs, la vieillesse vue comme une étape de croissance, les besoins fondamentaux, l'adaptation aux changements et aux pertes, la sexualité, les problèmes psychologiques (processus confusionnel, dépression, hypocondrie, suicide, facteurs de risques élevés, prévention et intervention) et, finalement, les stratégies pour le maintien du sens de la vie.
Le vieillissement de la population québécoise est vraiment une réalité bien connue, fait remarquer Denise Dubé. La population du Québec compte présentement environ 10 % de personnes âgées de 65 ans et plus... un pourcentage qui devrait doubler d'ici à l'an 2020, prévoit-on. "Cette situation rappelle l'urgence de se préparer à la vieillesse, non seulement par l'instauration de politiques sociales visant un accroissement du bien-être physique et économique des personnes vieillissantes, mais par une réflexion plus approfondie sur la croissance et l'évolution psychologique des aînés, sur la réalisation de leur potentiel et sur la qualité de vie intérieure essentielle à toute vieillesse réussie", soutient la psychologue clinicienne.
Son ouvrage Humaniser la vieillesse constitue, dans ce sens, un précieux guide pour tous les êtres humains, "spécialement pour ceux qui progressent en âge et, souhaitons-le, en sagesse", pour reprendre ici l'expression de l'auteure.
DUBÉ, Denise. Humaniser la vieillesse, Sainte-Foy, Éditions MultiMondes, 1996, 190 p.