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5 décembre 1996 ![]() |
Trois ans après avoir quitté l'Université
pour le marché du travail,
88,5 % des diplômés de 1993 au 1er cycle
et 90,1 % de ceux sortant des 2e et 3e cyles occupaient un emploi
Un "bon portrait dans le contexte se dégage des deux premiers documents issus de l'opération Relance 1996 menée par le Groupe de recherches institutionnelles sur les effectifs étudiants de l'Université Laval et qui a rejoint quelque 5 400 titulaires de grade de 1er, 2e et 3e cycles, en janvier 1996, pour connaître leur situation. Plus de la moitié des diplômés des trois cycles ont répondu au questionnaire.
Pour encourageant qu'il soit au premier abord, le taux de placement ne peut circonscrire à lui seul la réalité que vivent les diplômés de l'Université Laval. Le groupe de recherche dirigé par Madeleine Perron a donc dû procéder à plusieurs recoupements et analyses pour brosser un tableau le plus complet possible: montagnes de statistiques, graphiques et tableaux abondent en révélations.
Précarité?
Par exemple, au 1er cycle, 62 % des 1 548 "nouveaux arrivants"
(excluant les travailleurs retournant aux études) jouissaient d'un
emploi régulier, 80 % travaillaient à temps plein, l'occupation
de 66 % d'entre eux correspondait à la formation reçue dans
le cadre de leur programme universitaire, et 86 % étaient néanmoins
satisfaits du travail qu'ils avaient déniché. Néanmoins,
parce que seulement 38 % de ces diplômés avaient réussi
à obtenir l'emploi idéal, dont les caractéristiques
sont: le temps plein, un statut régulier ou permanent (contrat à
durée indéterminée), et des fonctions "collant"
à la formation reçue.
Ce pourcentage n'est pas exceptionnel: on le rencontre au moins à l'échelle de la province. "Cet (emploi) idéal, du moins en début de carrière, est plus difficile à atteindre en 1994 qu'il ne l'était en 1982, puisque 38,9 % des titulaires d'un baccalauréat l'atteignent en 1994 en comparaison de 59,9 % en 1982, soit une diminution de 21 points de pourcentage au cours de la période", montre Marc Audet, du ministère de l'Éducation, dans son ouvrage Qu'advient-il des diplômés des universités - La promotion de 1992, qui fait état des résultats d'une relance provinciale entreprise par la Direction générale de l'enseignement et de la recherche universitaire du MEQ en 1994.
Fait surprenant, par ailleurs, seulement 4 % des bacheliers et des bachelières de Laval de 1993 disaient occuper un emploi très précaire, c'est-à-dire à temps partiel, temporaire et dont les fonctions ne sont pas reliées à la formation. Enfin, la proportion des personnes considérant leur gagne-pain comme un sous-emploi (emploi à temps plein et à temps partiel ne nécessitant pas le formation du niveau obtenu, en l'occurrence le bac) atteignait 32 %.
Glissement progressif vers le privé
Des analyses comparatives entre les Relances de 1988, 1990 et 1996 laissent
entrevoir d'autre part des tendances pour le moins conjoncturelles: "Les
deux premières Relances présentaient un portrait relativement
uniforme des secteurs d'emploi qui accueillaient les personnes diplômées
de l'Université Laval tant au 1er cycle que dans les 2e et 3e cycles:
à lui seul, le secteur public accueillait plus de la moitié
des diplômés de 1er cycle et près de 70 % des diplômés
des deux autres cycles. Le portrait s'est modifié depuis puisqu'en
1996, on trouve 12 % moins de diplômés de 1er cycle dans le
secteur public, ceux-ci ayant gonflé le taux du secteur privé
(51 %) dans des proportions semblables. Aux 2e et 3e cycles, la décroissance
dans le secteur public est beaucoup moins radicale (de 71 % en 1988 à
64 % en 1996), mais on note malgré tout un ralentissement de l'embauche
dans ce secteur", lit-on dans le premier document du Groupe de recherches
institutionnelles sur les effectifs étudiants.
Des hauts et des bas
La directrice du GRIEÉ ne manque pas d'ailleurs de nous signaler
au passage quelques traits marquants de la situation des diplômés
de 1993, dont quelques-uns laissent transparaître des différences
significatives entre les secteurs. Ainsi, les diplômés de certains
programmes d'études s'en tirent mieux que d'autres dans les circonstances
économiques actuelles, notamment en ce qui a trait à l'obtention
d'un emploi à temps plein: sous ce rapport, l'indice varie entre
23 % (architecture et aménagement) et 79 % (sciences de l'administration).
De façon générale, les sciences de l'administration,
les sciences de la santé, le génie et autres sciences appliquées
font partie des domaines favorisés par le marché du travail.
Les titulaires d'un grade en sciences humaines (particulièrement
en histoire et géographie) et sociales recontrent toutefois des difficultés
beaucoup plus grandes en raison, entre autres, de quelque dépendance
à la fonction publique.
Une comparaison entre le taux de chômage de 1990 et celui de 1996 indique d'autre part que les femmes connaissent une hausse de ce taux de quelques points seulement (de 8,5 % à 10,2 %), tandis qu'il double presque chez les hommes (de 7,5 % à 13, 8 %). "Les femmes acceptent davantage les emplois et sous-emplois qu'on leur offre", remarque Madeleine Perron.
La tête de l'emploi
Lorsqu'il est question de la formation universitaire et des compétences
"utilisées en emploi", les réponses des diplômés
de 1993 rejoignent les propos des spécialistes du Service de placement
de l'Université Laval et les données de diverses enquêtes
réalisées auprès des employeurs.
"Selon les cycles, les compétences disciplinaires propres à un champ de formation ne constituent qu'une partie des exigences pour s'insérer en emploi. L'importance d'autres compétences est devenue primordiale et fait la différence entre ceux qui cherchent un emploi et ceux qui trouvent ce qu'ils cherchent", constate le GRIEÉ, dans son premier document de la Relance 1996.
L'évolution récente du marché du travail nous montre un secteur privé fréquenté par une majorité de diplômés de 1er cycle de Laval (51 %), qui doivent dorénavant user de compétences davantage diversifiées. Car, souligne le GRIEÉ, leur destination "se fait de plus en plus vers divers secteurs d'activité économique pour exercer diverses fonctions professionnelles".
Dans ce sens, les compétences les plus souvent utilisées en emploi par les personnes diplômées de 1993 selon les cycles d'enseignement sont, dans l'ordre: "compétences dans le domaine de formation": 29,8 % au 1er cycle et 26,5 % aux 2e et 3e cycles; "s'autogérer": 23 %/21,3 %; "communiquer": 20, 6 %/27,2 %; "gérer le personnel et les tâches": 12,6 %/12,5 %; "compétences en langues, informatique, méthode quantitative et qualitative": 9,9 %/6,5 %; "susciter l'innovation": 4,1 %/6 %.
Le rapport du Groupe de recherches institutionnelles sur les effectifs étudiants conclut, à ce chapitre: "Il n'y a pas de correspondance étroite entre emploi et formation, ou du moins elle est de moins en moins visible dans le marché du travail actuel."