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31 octobre 1996 ![]() |
L'Association Hémisphère présente une exposition de photos sur les réfugiés tibétains en Inde. Images d'une culture à la dérive.
En mai 1995, 10 étudiantes et étudiants de l'Université Laval de l'Association Hémisphère ont passé trois mois dans le nord de l'Inde, se partageant entre deux villages comptant quelque 1 000 réfugiés tibétains, Bir et Chauntra. Hébergés dans des familles d'accueil, les étudiants ont partagé le quotidien de ces gens vivant en exil depuis maintenant trois générations, le gouvernement chinois occupant le Tibet depuis 1950.
Au cours du séjour, l'un des participants au projet, Olivier Chanteau, a photographié ces enfants et ces adultes qui vivent dans des camps où les conditions de vie sont relativement bonnes, mais où règne un mal de vivre presque tangible. En fait, ce n'est d'ailleurs pas un hasard si cette exposition a lieu sous le thème "Sans pays, sans frontières: le Tibet, une culture à la dérive".
«Même si on les voit sourire, les Tibétains qui vivent dans les camps ne semblent pas heureux, constate Oliver Chanteau. À l'instar des 120 000 réfugiés disséminés en Inde, ils possèdent une nationalité qu'aucun pays ne reconnaît. Il leur est donc impossible de travailler à l'extérieur de leur village et de voyager, à moins de renoncer à leur nationalité. Vivant dans une sorte de no man's land, ils attendent que le Tibet - leur Terre promise en fait - soit libéré.»
Faire, c'est vivre
Durant leur voyage, les membres du groupe se sont retroussé les manches,
travaillant dans des fermes, des crèches ou des centres de santé.
De plus, le groupe a consacré 1 000 $ par village pour mener à
terme un projet. Ils ont ainsi acheté une pompe à eau à
Bir, tandis qu'ils ont fait installer un terrain de basket à Chauntra.
«La situation des jeunes Tibétains se compare à celle
de nos autochtones, estime Olivier Chanteau. Dans ces villages qui ne survivent
que grâce à l'aide internationale, le désoeuvrement
représente un problème.»
Côté culturel, un des Québécois a écrit une pièce de théâtre sur le recyclage, qui a été traduite en anglais puis en tibétain. Selon Olivier Chanteau, «les réfugiés qui ont participé à la pièce ont pris conscience qu'ils pouvaient faire quelque chose. L'expérience leur a permis de se valoriser à leurs propres yeux.» Sans compter cette soirée mémorable où Tibétains et Québécois se sont lancés à corps perdu dans un joyeux délire de sets carrés et de break dancing. Tout un succès!
Mais le clou du voyage demeure encore cette rencontre de 75 minutes avec le Dalaï Lama, le chef spirituel et politique du gouvernement tibétain en exil, un homme doté d'un charisme incroyable, selon Olivier Chanteau: «Quand nous lui avons demandé de quelle façon il percevait l'avenir du Tibet, il nous a répondu que les valeurs boudhistes devaient demeurer et qu'il fallait respecter toute chose vivante.»
Coopération et solidarité
Fondée en 1993, l'Association Hémisphère est composée
d'étudiants et d'étudiantes de l'Université Laval ayant
à coeur la coopération et la compréhension entre les
peuples. La mission de ce groupe membre de Carrefour Tiers-Monde consiste
à promouvoir la notion d'interculturalisme et à réaliser
des projets de solidarité internationale. Pour amasser les quelque
50 000 $ nécessaires à leur projet, les étudiants ont
reçu des subventions de Jeunesse Canada Monde et du programme Jeunes
Volontaires. Ils ont également été appuyés financièrement
dans leurs démarches par des caisses populaires, des communautés
religieuses et des départements universitaires.
L'exposition a lieu du 4 au 27 novembre, à la salle d'exposition du pavillon Alphonse-Desjardins. Les heures d'ouverture sont du lundi au vendredi, de 9 h à 17 h.