Conférence de Philippe Teyssié lors de la cérémonie de remise de doctorat
Philippe Teyssié: "Nous pouvons faire confiance à la
chimie"
"La chimie nous donne des leçons d'optimisme. Elle a apporté
des solutions à de grands problèmes dans le passé et
elle continuera à le faire dans l'avenir." Voilà, en
bref, le message livré par le chimiste Philippe Teyssié lors
de la conférence publique qui suivait la cérémonie
de remise de doctorat d'honneur ès sciences que lui a décerné
l'Université Laval, le jeudi 24 octobre. Cette véritable profession
de foi traduit bien l'attachement du chercheur à l'endroit d'une
science qu'il aime et qu'il contribue encore aujourd'hui à édifier.
Qu'on en juge. Il compte à son actif pas moins de 450 articles scientifiques
et il a dirigé les travaux de 150 étudiants-chercheurs. Aujourd'hui
âgé de 68 ans, il poursuit sur sa lancée: au cours des
six dernières années, il a publié, en moyenne, 15 articles
annuellement.
La remise de doctorat d'honneur et la conférence publique du professeur
Teyssié, qui se déroulaient dans le cadre des fêtes
du 75e anniversaire du Département de chimie, se voulaient un hommage
à la carrière et aux réalisations remarquables de ce
chercheur, "un modèle pour nos étudiants et, pourquoi
pas, pour toute notre Faculté", a déclaré le doyen
André Cardinal dans son éloge. Aujourd'hui professeur et conseiller
scientifique au Centre d'étude et de recherche sur les macromolécules
à l'Université de Liège en Belgique, Philippe Teyssié
est considéré comme un visionnaire au sein de sa discipline,
principalement pour le flair dont il a fait preuve en mariant la recherche
fondamentale et la recherche appliquée. Il détient 61 brevets
d'invention et toute l'industrie chimique européenne applique maintenant
ses découvertes.
Invité à discourir sur le passé, le présent
et l'avenir, le professeur Teyssié a préféré
faire de la perspective plutôt que de la prospective, car les boules
de cristal sont, à ses dires, des instruments fallacieux et dangereux.
"Quand j'étais étudiant, on nous prédisait, comme
on nous prédit encore aujourd'hui, une pénurie de pétrole
dans 50 à 100 ans", a-t-il rappelé pour calmer ceux qui
craignent que la dépendance de l'industrie des plastiques envers
le pétrole n'entraîne son effondrement. Pour assurer la stabilité
des approvisionnements, il suffirait, dit-il, de relancer les campagnes
d'exploration, d'avoir une politique énergétique plus intelligente
qui réduirait la quantité de pétrole brûlé
uniquement à des fins de chauffage et d'étudier dès
maintenant les filières du charbon et de la biomasse comme sources
de molécules complexes. "Je crois que nous pouvons faire confiance
à la chimie", a-t-il conclu.
Au cours de sa carrière, le professeur Teyssié a effectué
trois séjours au Département de chimie de l'Université,
notamment à titre de professeur invité en 1983. "Je
crains que les cours que j'avais donnés alors ont fait souffrir les
jeunes étudiants mais moi aussi j'ai souffert puisque c'était
en décembre et qu'il faisait très froid, a-t-il rappelé.
Mais je me souviens aussi des discussions chaleureuses que j'ai eues alors
avec les étudiants et les chercheurs, chaleur agrémentée
par l'usage d'une langue commune". Ces visites ont favorisé
la réalisation de travaux conjoints avec les chercheurs du CERSIM
(Centre de recherche en sciences et ingénierie des macromolécules)
qui ont conduit à huit publications et à l'échange
de sept étudiants-chercheurs entre Liège et Laval.
Jean Hamann