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10 octobre 1996 ![]() |
Qu'est-ce qui pousse les femmes adultes à revenir à l'université?
Les femmes adultes qui retournent s'asseoir sur les bancs de l'Université le font en premier lieu par intérêt et par goût pour les études. Viennent ensuite la valorisation personnelle, l'avancement professionnel, des raisons financières et certains éléments contextuels particuliers, comme la perte d'un emploi ou une plus grande disponibilité familiale.
C'est ce que révèle Carmelle Cyr, dans son mémoire de maîtrise portant sur le retour à la formation universitaire chez les femmes. Pour les fins de cette étude dirigée par Merardo Arriola-Socol, du Département de didactique, psychopédagogie et technologie éducative de la Faculté des sciences de l'éducation, Carmelle Cyr a interrogé 13 femmes âgées de 31 à 47 ans, inscrites en sciences sociales, en sciences de l'éducation et en sciences de l'administration, à l'un ou l'autre des trois cycles d'études.
Pour près de la moitié du groupe, l'accueil à l'Université a été vécu de façon heureuse, note Carmelle Cyr: «Quand il s'agit de l'accueil dans les départements principalement, les étudiantes adultes se disent bien reçues. Elles apprécient particulièrement, d'une inscription à l'autre, les responsables qui reconnaissent leurs besoins de façon spécifique. D'autres ont évoqué les longues files d'attente, le dépaysement et des difficultés à trouver les pavillons et les locaux.»
Si certaines étudiantes ont apprécié le fait de se voir reconnaître des équivalences d'acquis relatifs à une formation antérieure, d'autres avouent avoir démissionné devant la lourdeur des dossiers à produire pour se faire attribuer des crédits. Par ailleurs, souligne la chercheuse, la plupart des personnes interrogées ont trouvé auprès des conseillers scolaires une bonne partie de l'information «technique» souhaitée; de même, elles jugent tout à fait positives des formules comme les cours compensateurs.
Du temps, s.v.p.
Déplorant l'atmosphère impersonnelle et déshumanisante
des cours de grands groupes (150 à 200 étudiants), elles sont
plusieurs à penser qu'elles perdent là un temps précieux,
qui pourrait être employé à des tâches plus efficaces.
D'autre part, les femmes souhaitent que leurs professeurs soient avant tout
des andragogues et des guides respectant leurs besoins d'adultes et de travailleuses
aux prises avec des multiples rôles. Incidemment, elles rappellent
leurs affinités avec certaines professeures, mères et travailleuses
comme elles, qui les comprennent et considèrent leur vécu
de femme.
Pour la moitié des participantes, le temps s'avère une cause importante de stress, surtout chez les femmes qui ont charge de famille et les mères de jeunes enfants. À cet égard, ces dernières déplorent les débuts de cours trop hâtifs, qui les empêchent d'assister à première demi-heure du cours de 8h30, par exemple, parce qu'elles doivent aller reconduire leur enfant à l'école, ou ceux survenant à des heures incompatibles avec les heures de retour à la maison des jeunes écolières gardiennes.
D'autre part, indique Carmelle Cyr, la plupart des intervenantes consultées, qu'elles soient mères de jeunes enfants, séparées ou divorcées, avouent avoir été confrontées, à un moment ou l'autre de leurs études, à négocier le partage des tâches avec les enfants et le conjoint. La majorité des femmes ont également dénoncé le manque de support approprié des parents, des amis et de l'employeur. Finalement, si les femmes étudiantes monoparentales ont affirmé avoir de la difficulté à joindre les deux bouts, les mêmes ont avoué que la «course aux petits contrats» en valait bien la peine pour se donner une information de qualité.