3 octobre 1996 |
Étude du CRIRES
Les garçons adhèrent plus aux modèles stéréotypés que les filles. Le fait de s'affranchir des stéréotypes mène vers la réussite scolaire. Donc, les filles réussisent mieux en classe. Ce syllogisme résume de façon quelque peu lapidaire l'une des grandes conclusions à laquelle en arrivent deux chercheurs du Centre de recherche et d'intervention sur la réussite scolaire (CRIRES) de l'Université Laval, dans une étude qu'ils viennent de publier aux Éditions du remue-ménage sous le titre: Garçons et filles: stéréotypes et réussite scolaire.
Une étude originale
Pierrette Bouchard, professeure à la Faculté des sciences
de l'éducation et chercheure principale, et Jean-Claude St-Amant,
professionnel de recherche au CRIRES, ont mis quatre ans pour réaliser
leur recherche, que l'on qualifie d'originale. C'est la première
fois, en effet, dans le monde de l'éducation d'ici et d'ailleurs,
que des chercheurs ont recours à l'élément «identité
de sexe» pour établir des liens avec la réussite scolaire.
Les deux membres du CRIRES ont mené leur vaste investigation auprès de 2 249 élèves de troisième secondaire en provenance de 24 écoles de la province. Ils voulaient savoir, notamment, pourquoi les filles ont de meilleures performances à l'école et décrochent moins que les garçons, et quelle influence l'identité de sexe, le milieu familial et la classe sociale pouvaient exercer sur les «rapports à l'école».
Il ressort en outre de leur examen que les stéréotypes les plus «en vogue» chez les garçons ont trait à la sexualité (Jean-Claude St-Amant a noté chez eux, entre autres, un degré très élevé d'opposition à l'homosexualité masculine contrairement aux filles qui acceptent mieux l'homosexualité féminine), aux sports («Ils se définissent beaucoup (même trop) par l'activité sportive et physique», nous signalera le coauteur) et à la notion de leadership.
Réussir, c'est s'affranchir
«Un vent frais sur le monde de l'éducation», confiera Jean-Claude
St-Amant en parlant des résultats de leur enquête. Car ceux-ci
démontrent, selon lui, que l'affranchissement des stéréotypes
passe aussi par une bonne scolarisation des parents et des jeunes qui réussissent,
c'est-à-dire par le contact avec l'école.
Fait à souligner, Pierrette Bouchard et Jean-Claude St-Amant ont aussi publié chez le même éditeur, avec Natasha Bouchard et Jacques Tondreau, un guide d'intervention auprès des élèves de troisième secondaire intitulé Modèle de sexe et rapports à l'école. Un autre ouvrage des chercheurs Bouchard et St-Amant devant paraître incessamment sur le même sujet rendra compte d'une recherche qualitative effectuée dans la région de Québec. Il aura pour titre: De l'amour de l'école à l'amour à l'école.