Port obligatoire du casque de vélo
Sécurité routière
Six organismes réclament le port
obligatoire du casque de vélo
Six organismes du domaine de la santé, de l'activité physique
et de la famille ont uni leur voix cette semaine pour réclamer, à
l'occasion de la Commission parlementaire modifiant le Code de la sécurité
routière, une législation rendant obligatoire le port du casque
de vélo. Michel Vézina, porte-parole du Conseil des directeurs
de santé publique et professeur au Département de médecine
sociale et préventive, a expliqué cette position en rappelant
que chaque année, 40 cyclistes perdent la vie au Québec et
que les traumatismes crâniens causent 80 % de ces décès
et 40 % des 1 250 hospitalisations. «Nous avons évalué
que le port obligatoire du casque de vélo permettrait d'éviter
dix décès et près de 200 hospitalisations à
chaque année au Québec. Un sondage, réalisé
en juillet dernier, nous démontre que près de quatre personnes
sur cinq sont favorables au port obligatoire du casque à vélo.
Nous avons fait notre diagnostic de la situation. C'est maintenant à
nos élus de faire un choix.»
Le président de la Fédération des éducateurs
et des éducatrices physiques enseignants du Québec, René
Larouche, aussi professeur au Département d'éducation physique,
estime indispensable d'exiger le port obligatoire du casque cycliste. Citant
en exemple le cas du hockey où le port du casque protecteur, de la
visière et du protège-cou est maintenant obligatoire, il a
signalé l'un des effets bénéfiques produits par ces
mesures. «De 1987 à 1989, le port du casque est passé
de 25% à 88% et a généré des économies
de 2 millions de dollars à l'État.»
Germain Thériault, professeur au Département d'éducation
physique et médecin actif au sein de différentes équipes
olympiques canadiennes, signale que le monde de la compétition cycliste
a compris depuis longtemps les risques associés à la pratique
de ce sport. «Que ce soit pour des compétitions sur route ou
au vélodrome, le port du casque est obligatoire et les athlètes
en saississent bien l'importance.»
Loi ou éducation?
Une étude, publiée en 1994 par le professeur Michel Labrecque
et une équipe du Département de médecine familiale,
a révélé que, parmi 500 cyclistes sans casque interceptés
au hasard, ceux qui reçoivent une courte séance d'information
sur les mérites du casque protecteur sont quatre fois plus enclins
que les autres à en acheter un dans les semaines qui suivent. «Ces
résultats montrent que les médecins peuvent et doivent jouer
un rôle important dans la prévention des traumatismes chez
les cyclistes en les encourageant à acheter et à porter un
casque de vélo», rapportaient alors les auteurs de l'étude.
La sensibilisation contribue à changer les mentalités, reconnaît
Germain Thériault, et il faudra continuer à en faire même
si la loi est modifiée. «Malheureusement, ça exige du
temps et le sujet est trop important pour que l'on intervienne pas immédiatement
par voie légale», estime-il. Quant à l'argument des
opposants voulant que le coût d'achat d'un casque freine la pratique
du cyclisme, le professeur y prête peu de poids. «Les gens dépensent
des centaines de dollars pour acheter un vélo. Ajouter 30 $ pour
un casque représente peu pour éviter des traumatismes crâniens
graves ou même la mort.»
JEAN HAMANN