5 septembre 1996 |
«Je n'ai pas assez de 24 heures dans une journée... Le temps
passe trop vite... Je ne m'en sortirai pas... Le trimestre est trop court...»
La gestion du temps constitue une des causes importantes de consultation
au Service d'orientation et de counseling de l'Université Laval.
Selon la psychologue Anne-Louise Fournier, deux raisons expliqueraient la
crainte du manque de temps qui tenaille à l'occasion ou en permanence
certains étudiants ou certaines étudiantes.
En premier lieu, il faut remonter à l'époque des études
collégiales, où l'on n'a pas appris à gérer
son temps. «Souvent, on a réussi ses études au niveau
collégial sans gérer son temps, en travaillant à la
dernière minute, de façon sporadique, mais sans développer
une routine de travail, une régularité, sans prendre le temps
de penser à planifier son temps, explique la psychologue du Service
d'orientation et de counseling. Au cégep, les examens sont plus fréquents,
les travaux viennent plus rapidement; on a moins besoin d'y penser. Quand
on arrive à l'université, on doit composer avec beaucoup de
périodes où il n'y a pas d'évaluation. Alors, les étudiants
ne se sentent plus pressés...»
Apparaît à ce moment le laisser-aller, l'éparpillement
dans les activités. On perd de vue les priorités, on s'engage
dans quantité d'activités plus ou moins importantes, qui grugent
des heures précieuses à celles qui sont essentielles. «Plus
les évaluations sont régulières et plus les examens
sont nombreux, plus ce genre d'encadrement favorise une bonne gestion du
temps», estime Anne-Louise Fournier. La cause principale du problème
de gestion, c'est donc l'encadrement.
La réalité économique joue également dans l'apprentissage
plus ou moins difficile de l'écoulement (et parfois de l'écroulement)
des heures. Le phénomène des études à temps
plein combinées à un emploi à temps partiel est monnaie
courante de nos jours. On estime en effet que 60 % environ des étudiants
et des étudiantes occupent un emploi qui absorbe plus de 10 heures
de leur temps chaque semaine. Le défi de la conciliation entre ces
deux types d'activités «concurrentielles» se trouve dès
lors posé dans toute son acuité.
Inévitables séquelles
Peu importe la discipline, peu importe que l'on soit inscrit en sciences
humaines ou en sciences pures, la mauvaise gestion du temps frappe autant
d'un côté que de l'autre, atteignant ses points culminants
lors des intenses périodes d'anxiété que sont la mi-trimestre
et la fin du trimestre.
Et, inévitablement, ses conséquences se font sentir sur les
résultats scolaires (moins bonnes notes, abandons, échecs,
voire exclusion du programme) et sur le plan de l'estime de soi (grand sentiment
d'insatisfaction). Sans parler ici de la procrastination, cette tendance
à toujours remettre à plus tard, qui dérive en droite
ligne d'une gestion du temps déficiente (le Service d'orientation
et de couseling propose d'ailleurs, à compter du 27 septembre, et
ce, chaque vendredi de 9 h à 11 h 30, des rencontres pour les procrastinateurs).
Assurer son propre salut
Il est possible de se sortir du bourbier de l'agenda universitaire dans
lequel on aurait pu s'enliser malencontreusement. Contrairement à
ce que pensent plusieurs étudiants, la gestion du temps, ce n'est
pas établir une grille- horaire fixe pour le trimestre. «C'est
loin d'être le cas, car il n'y a pas deux semaines pareilles, les
exigences des travaux ne sont pas les mêmes d'une semaine à
l'autre», tient à souligner la psychologue du Service d'orientation
et de counseling.
Les mesures de redressement s'échafaudent donc en fonction de chaque
individu. Première étape primordiale: établir ses priorités
pour le trimestre ou pour l'année: quels sont ses buts, ses objectifs,
et ce, bien avant le début des cours. Puis à partir des syllabus
distribués dans la première semaine de cours, soupeser la
quantité d'ouvrage, remarquer le type d'évaluation et de travaux
pour répartir la somme de travail de semaine en semaine. On peut
prévoir un emploi, mais il faut d'abord le reconnaître comme
une priorité, si l'on veut faire ressortir le but que l'on cherche
à atteindre.
Établir ses priorités, c'est aussi, selon Anne-Louise Fournier,
apprendre à ne pas essayer d'être un étudiant parfait
ou modèle. «C'est de savoir si on est meilleur pour étudier
le matin, l'après-midi ou
le soir... C'est essayer d'y aller selon son propre rythme, son fonctionnement
personnel... Il n'y a pas de bon ou de mauvais choix dans les objectifs
qu'on se fixe. Il ne faut surtout pas tenter de suivre un modèle
parfait: cela, on n'y arrive pas», avertit-elle.
Nous sommes donc en présence d'une approche en trois temps, trois
mouvements: on identifie d'abord ses priorités, on s'observe pour
détecter les pertes de temps, puis on se réajuste.
Des ateliers sur mesure
Les conseillers et les conseillères du Service d'orientation et de
counseling (656-7987) proposeront bientôt, à ceux et à
celles qui ont besoin d'un bon coup de main, des rencontres pour apprivoiser
le temps. Ces ateliers se tiendront du 16 au 19 septembre. Ils poursuivent
un double objectif: favoriser la responsabilisation vis-à-vis de
ses études et l'autonomie efficace. On peut également se procurer
au Service (bureau 2121, pavillon Maurice-Pollack) une brochure sur la gestion
du temps.
Voilà d'excellents moyens de passer sereinement à travers
cette épreuve contre la montre qu'est une grille-horaire qui vous
«chauffe». Il serait peut-être temps d'y songer sérieusement...