5 septembre 1996 |
Mesdames et messieurs,
Une tradition de plusieurs années déjà veut qu'en
début d'année universitaire, le Recteur prononce ce qu'il
est convenu d'appeler le "discours de la rentrée", sorte
de "discours sur l'état de la nation" où après
avoir dressé le bilan de l'année écoulée, il
annonce le programme de l'année qui s'amorce. Je me conforme bien
volontiers à cette tradition.
BILAN DE L'ANNÉE 1995-1996
La partie "bilan" de ce discours n'est toutefois pas à
confondre avec le rapport annuel. Il s'agit simplement de glaner quelques
faits saillants qui donnent une idée du chemin parcouru et des progrès
accomplis ou qui permettent d'identifier les zones où nous devons
continuer de faire porter nos efforts.
Inscriptions et diplômes
Quelques chiffres d'abord. En 1995-1996, l'Université Laval a connu
une baisse importante de sa clientèle étudiante. Par rapport
à l'année précédente, elle comptait, en effet,
2198 étudiants de moins, ce qui représente une baisse de 6,31%.
Au premier cycle, la baisse a même été de 7,4% alors
qu'au deuxième cycle, elle était de 4,6%. Au doctorat, on
enregistrait plutôt une augmentation de 2,8%.
Le nombre d'étudiants canadiens non Québécois a lui
aussi diminué de 8,6%, passant de 1036 à 946. Il en est allé
de même des étudiants étrangers -par-lons plutôt
des étudiants "internationaux" car, une fois inscrits chez
nous, ils ne sont plus des étrangers, mais des membres à part
entière de notre université- dont le nombre est passé
de 1836 à 1626 pour une diminution de 11,4%, ce qui a eu pour effet
de nous éloigner d'un objectif personnel qui était d'atteindre
le chiffre de 2000 étudiants internationaux cette année.
Je rappelle qu'il y a dix ans, il y en avait moins de 800.
Sur le plan de la diplomation, l'Université a décerné
6689 grades, sans compter les diplômes et les certificats, ce qui
la place très nettement dans le peloton de tête des grandes
universités canadiennes à ce chapitre : 5269 baccalauréats,
1187 maîtrises et 233 doctorats (un nouveau sommet !), tel est le
bilan de l'an dernier.
Qualité de la formation
Si je passe à des aspects plus qualitatifs reliés à
notre priorité des priorités, la qualité de la formation
de nos étudiantes et de nos étudiants, je voudrais attirer
l'attention sur le fait que l'évaluation périodique des programmes
a vraiment atteint chez nous sa vitesse de croisière et que la nouvelle
procédure adoptée suite aux recommandations du "comité
de sages" de la CREPUQ entre dans les moeurs sans problème.
Nous sommes vraiment dotés maintenant des meilleurs outils pour
améliorer nos programmes et pour attester de leur qualité.
J'attire aussi l'attention sur la création, suite à l'abolition
du Service des ressources pédagogiques, du Réseau de valorisation
de l'enseignement qui vise à susciter et à soutenir, chez
les professeurs et tous les membres du personnel enseignant de l'Université,
l'intérêt et la préoccupation pour la qualité
de l'enseignement et pour la richesse de leur lien avec les étudiantes
et les étudiants. Le lancement du Réseau a pris la forme
d'une déclaration officielle : plus de 700 professeurs ont tenu
à signer un engagement formel envers la réussite des étudiants.
La première structure d'animation du Réseau est composée,
entre autres, de professeurs ayant reçu des prix d'enseignement dans
leurs facultés respectives.
Les budgets d'innovation pédagogique et de développement pédagogique
(200 000 $) et d'application pédagogique des technologies de l'information
(380 000 $) ont été maintenus. Pour la seconde année,
et dans la visée de supporter des activités reliées
à une amélioration de l'encadrement pédagogique des
étudiants, notamment des étudiants de 1re année, les
projets admissibles doivent concerner des cours obligatoires de 1re année
ou des cours destinés à des grands groupes.
Formation continue
Si l'on passe à la vie des programmes, c'est dans le champ de la
formation continue que les choses ont le plus bougé et il fallait
qu'elles bougent, car on doit reconnaître --et nous l'avons reconnu-
que c'était un des points faibles de notre dernier plan directeur.
Neuf programmes de formation continue ont, en effet, été
élaborés ou implantés, six au premier cycle et trois
au deuxième cycle. En outre, le Conseil universitaire a accepté
un nouveau mode d'élaboration et d'approbation des programmes de
certificat de premier cycle axés sur la formation continue de façon
à permettre la mise en place, dans des délais raisonnables,
de programmes de qualité répondant à des besoins bien
identifiés. Comme exemples de tels programmes, je citerai le certificat
en soins palliatifs qui repose sur le véritable centre d'excellence
en ce domaine que représente la Maison Michel-Sarrazin; le certificat
en horticulture et gestion des espaces verts, qui correspond à la
fois à une expertise internationalement reconnue de notre université
et à une expansion remarquable du domaine en notre milieu et le certificat
en planification financière personnelle qui répond à
un besoin manifeste puisque plus de 600 personnes s'y sont déjà
inscrites.
Recherche et coopération internationale
J'ai évoqué précédemment le nombre de diplômes
décernés par notre université et, notamment, le chiffre
de 233 doctorats qui représente un nouveau sommet -rappelons-nous
qu'il y a dix ans, l'objectif de 100 doctorats par année nous motivait
encore- et qui nous place nettement parmi les grandes universités
de recherche, non seulement au Canada, mais même en Amérique
du Nord et sur le plan mondial.
Un tel résultat n'aurait jamais pu être atteint sans une intensification
de l'activité de recherche. À ce chapitre, nous avons vraiment
réussi, non seulement sur l'objectif, mais sur la stratégie.
L'objectif, c'était que l'Université Laval se hisse parmi
les premières universités canadiennes sur le plan de sa capacité
d'encadrer, "académiquement" et financièrement,
les étudiants des cycles supérieurs. Cela s'est réalisé.
Le nombre de professeurs subventionnés, donc évalués
par les pairs, est passé en quelques années de 600 à
900 et le montant des subventions et contrats de recherche est passé
en moins de quinze ans de 20 à 125 millions de dollars.
Quant à la stratégie, elle comportait plusieurs volets, les
deux principaux étant : le recrutement des professeurs et la structuration
de la recherche. Je crois que, là aussi, nous avons bien joué
et que nous avons gagné.
Au sujet du recrutement des nouveaux professeurs, je vous ferai part de
deux choses : un fait et une expérience :
- le fait, c'est qu'en 1995-1996, les nouveaux professeurs de l'Université
Laval ont obtenu 36% des montants destinés par le Fonds FCAR à
l'établissement de nouveaux chercheurs;
- l'expérience, c'est qu'il y a quelques jours, j'ai eu la joie
d'accueillir avec mes collègues (plusieurs d'entre vous avez participé
à cette rencontre) les quarante nouveaux (et nouvelles !) professeurs
que l'Université a pu embaucher en 1995-1996. Quelle extraordinaire
relève ! Des jeunes hommes et des jeunes femmes bardés de
diplômes obtenus dans les meilleures universités, le plus souvent
riches d'études post-doctorales ou d'une expérience professionnelle
on ne peut plus pertinente, ouverts au changement et pleins d'enthousiasme.
Voilà, mesdames et messieurs, où réside l'avenir de
l'Université Laval ! En ces temps difficiles que d'aucuns devront
forcément qualifier de moroses pour se poser en sauveurs et où
la conjoncture nous a contraints et nous contraint toujours à parler
à outrance des questions de finances et de budget, reconnaissons
que, sur le point le plus fondamental, nous n'avons pas si mal réussi
au cours des dernières années. Et si nous faisons tant d'efforts
pour équilibrer nos finances, c'est précisément pour
garder cette capacité de renouvellement indispensable au dynamisme
de notre université.
J'en viens au deuxième volet de notre stratégie : la structuration
de la recherche. Encore cette année, nous avons progressé
dans cette voie. En effet, deux nouveaux centres de recherche ont été
officiellement reconnus, le Groupe interuniversitaire de recherche sur les
éléments finis (GIREF) et le Centre de service, d'orientation
et de recherche sur la compétitivité internationale et l'entreprise
de réseau (SORCIER), alors qu'un autre le sera bientôt, le
Centre de recherche en économie et finance appliquées (CREFA).
De plus, tous nos centres de recherche qui ont présenté cette
année une demande de renouvellement de leur subvention triennale
au Fonds FCAR (il y en avait huit) l'ont obtenu alors que le même
organisme octroyait une première subvention triennale au Centre de
recherche en géomatique.
Nos chercheurs ont de nouveau connu des succès remarquables dont
je ne mentionnerai que quelques-uns :
- une augmentation de 11% des subventions obtenues du CRSNG. C'est la plus
forte augmentation au Canada. D'ailleurs, le dernier rapport annuel du
Conseil montre qu'au cours des dix dernières années, c'est
l'Université Laval qui a connu le taux de croissance annuel moyen
de plus élevé, ce qui la place maintenant au 6° rang
des universités canadiennes ;
- un accroissement significatif de la part relative obtenue par l'Université
Laval des subventions reçues par les universités québécoises
d'organismes subventionnaires accrédités par le ministère
de l'Éducation, le pourcentage obtenu par l'Université Laval
étant maintenant de 19,4% après être passé à
18,8% en 1994-1995, alors qu'il n'avait jamais été supérieur
à 18,2% les années précédentes ;
- la reconnaissance, par le Gouvernement québécois, de deux
instituts de recherche sociale qui s'appuient sur des recherches réalisées
principalement par des chercheurs de l'Université Laval ;
- la participation de chercheurs de l'Université Laval aux deux nouveaux
réseaux de centres d'excellence du gouvernement fédéral
dans le domaine de l'environnement et du développement durable et
dans celui de la maîtrise de technologies de l'information associées
à l'enseignement à distance ;
- l'obtention, par des astrophysiciens de l'Université Laval, de
76,5 heures d'observation sur le télescope spatial Hubble, plaçant
notre établissement dans le peloton de tête des universités
canadiennes qui ont cet avantage ;
- la création d'une chaire industrielle sur les protéines
laitières ;
- la mise en place d'une installation majeure de caractérisation
des matériaux naturels et synthétiques grâce à
l'obtention, dans le nouveau programme d'infrastructures de recherches régionales
et nationales du CRSNG, d'une subvention permettant l'acquisition d'une
microsonde électronique valant plus d'un million de dollars ;
- la reconnaissance par le CRSNG du Centre d'études nordiques et
de l'Observatoire du Mont Mégantic dans le nouveau programme d'infrastructures
régionales et nationales de recherche ;
- le soutien particulier accordé par le CRSH aux grands projets de
"Nag Hammadi" et du "Trésor de la langue française".
Dans le domaine médical, les médias ont largement diffusé
certaines découvertes de nos chercheurs, notamment sur la thérapie
génique des maladies du foie, sur le dépistage précoce
de la trisomie 21 et sur la compréhension du processus de dégradation
et de mort des cellules humaines.
En coopération internationale, en plus de la signature de 41 accords
avec des universités et des milieux de recherche étrangers,
je me contenterai de mentionner l'obtention d'une nouvelle subvention de
24 millions de dollars de l'Agence canadienne de coopération internationale
par le Centre de coopération internationale en santé et développement
de la Faculté de médecine pour réaliser la seconde
phase du programme canadien de lutte contre le sida.
Relations avec le milieu
Beaucoup d'événements et de réalisations mériteraient
d'être soulignés au chapitre des relations avec la société.
Je me bornerai à attirer l'attention sur un événement
extrêmement important pour l'avenir de notre université. Je
veux parler de la création du Centre hospitalier universitaire de
Québec (CHUQ) résultat de la fusion du CHUL, de l'Hôpital
St-François-d'Assise et de l'Hôtel-Dieu-de-Québec.
Ce regroupement favorisera sans contredit la poursuite de l'excellence en
enseignement et en recherche dans les sciences de la santé et notre
université peut se réjouir du leadership indéniable
qu'elle a exercé dans ce dossier.
Vie organisationnelle
Au chapitre de la vie organisationnelle, je voudrais mentionner six éléments
:
1) la tournée de toutes les unités de l'Université
par les membres de l'équipe de direction. Cette centaine de rencontres
d'une durée moyenne d'une heure et demie à trois heures a
permis des échanges très féconds sur la situation budgétaire
de l'Université et sur les moyens de faire face à la crise.
À vrai dire, cette communication directe avec les professeurs et
les membres du personnel s'est avérée si utile et précieuse
que nous avons décidé de reprendre la tournée cette
année. Elle nous a, entre autres, permis de constater de l'inquiétude
certes chez les membres de notre personnel (c'est bien normal dans le contexte
actuel), mais nous n'avons franchement pas trouvé trace du climat
de morosité généralisée que certains croient
déceler chez nous. Au contraire, nous avons rencontré, à
peu près partout le désir de mieux cerner les contours de
nos difficultés et de contribuer à leur solution ;
2) la consultation sur la restructuration facultaire et l'adoption par les
deux conseils des recommandations du comité que j'ai moi-même
présidé ;
3) la poursuite du travail de réingénierie qui, je vous le
rappelle, porte sur trois grands chantiers prioritaires :
la gestion des études et, plus précisément, l'accueil
et l'intégration des nouveaux étudiants ;
la décentralisation de la gestion financière de la recherche
et
la gestion des ressources humaines ;
4) la décentralisation des masses salariales. Dans l'esprit du Rapport
Bélanger qui pronait la décentralisation en vue d'une responsabilisation
et d'une imputabilité accrues, l'Université a entrepris de
décentraliser progressivement les masses salariales qui représentent
maintenant près de 85% de ses dépenses. En effet, seule une
gestion décentralisée de l'ensemble du budget permettra aux
unités de faire les choix qui s'imposent dans le contexte budgétaire
extrêmement difficile que nous connaissons ;
5) la mise en oeuvre des recommandations du projet AMI et l'intégration
accélérée des technologies de l'information dans tous
les aspects de la vie universitaire. Mentionnons :
- les 23 projets d'applications pédagogiques de l'ordinateur ;
- la pénétration du courrier électronique ;
- le passage d'Alérion au mode Web ;
- la facilitation de l'accès au réseau à partir de
l'extérieur ;
- la forte fréquentation de la vitrine Internet de la Bibliothèque
;
- l'adoption d'un plan de support aux usagers de l'informatique dans les
unités ;
- l'adoption d'une politique de normalisation et la promulgation d'une
première série de produits et de protocoles normalisés
;
- l'inventaire détaillé des équipements informatiques
dans les unités administratives ;
6) l'évaluation des services. On a continué d'évaluer
systématiquement les services dans une perspective d'amélioration
de la qualité et d'utilisation optimale des ressources. Ont été
approuvés les rapports d'évaluation du Service des ressources
pédagogiques, du Service des approvisionne-ments et du Service de
reprographie, du Service de sécurité et de prévention
et du Service de la Bibliothèque. Des suites très concrètes
ont été données à ces évaluations.
Sur le plan de la gestion des ressources humaines, je me dois d'attirer
l'attention sur les ententes intervenues avec nos deux plus importants syndicats,
le syndicat des professeurs (SPUL) et le syndicat des employés de
soutien (SEUL). Dans le premier cas, il y a eu réouverture de la
convention collective en vigueur et signature d'une nouvelle convention
collective conduisant à toutes fins pratiques jusqu'à la fin
de 1999. Cette entente permet des économies de plus de 10% sur la
masse salariale et constitue une contribution significative à la
solution des problèmes budgétaires de l'Université.
Le second cas a consisté en une entente dans le difficile dossier
de l'équité salariale et en une entente de partenariat permettant
aux deux parties de faire face aux difficultés de la décroissance
et de rediscuter, suivant une nouvelle approche, de certains aspects normatifs
de la convention collective échue depuis 1994.
Finances de l'Université
Je ne veux pas insister sur les questions financières dont nous avons
tant parlé au cours de la dernière année, mais je me
dois tout de même de mentionner :
- que les états financiers de 1995-1996 devraient montrer un surplus
accumulé d'environ 4,9 millions de dollars ;
- que ce surplus permettra d'atténuer le déficit d'exercice
anticipé de 9,5 millions de dollars en 1996-1997 ;
- que l'année 1995-1996 a été marquée par l'adoption
d'importants plans de compression dans les unités pour faire face
à un manque à gagner de près de 30 millions de dollars
attribuable pour 18,2 millions à la compression de la subvention
gouvernementale et pour 6 millions aux effets des baisses de clientèle
étudiante ;
- que nous avons officiellement lancé en janvier une grande campagne
de souscription sous le thème du "Défi" avec un
objectif de 60 millions de dollars.
Nouveaux pavillons
Je conclus cette partie "bilan" en faisant état de la construction
du pavillon Alphonse-Desjardins et de la rénovation du pavillon Maurice-Pollack.
Ce très bel ensemble architectural regroupant les activités
communautaires et les services aux étudiants contribue déjà
et contribuera encore davantage à la qualité de vie sur le
campus, notamment pour les dizaines de milliers d'étudiants et d'étudiantes
qui le fréquenteront.
L'année 1995-1996 fut donc une année très exigeante
et difficile pour nous tous, mais ce fut aussi une année extraordinaire
sur le plan des réalisations et des progrès accomplis. Je
tiens à féliciter et à remercier chaleureusement tous
les membres de la communauté universitaire qui, par leur engagement
et leur solidarité, ont contribué à ces succès.
L'ANNÉE 1996-1997
Cet engagement et cette solidarité ne seront pas moins requis pour
l'année qui commence et qui s'annonce, elle aussi, remplie de défis
à relever.
Une année placée sous le signe du souci de l'étudiant
et de sa réussite.
Cette année 1996-1997, je vous propose de la placer sous le signe
du souci de l'étudiant et de l'étudiante et de sa réussite.
Pendant de nombreuses années, nous avons connu des augmentations,
parfois très importantes, de la clientèle étudiante.
De surcroît, nous vivions dans une situation de quasi-monopole, Laval
étant la seule université d'une vaste région. Cela
a pu entraîner des effets pervers. N'a-t-on pas vu naître à
l'occasion des attitudes d'indifférence, voire de négligence
par rapport à la clientèle étudiante ou s'émousser
le souci de leur accueil, de leur encadrement et de leur réussite
? La chose est certes difficile à mesurer.
Quoi qu'il en soit, la baisse du nombre des étudiants et des étudiantes
aurait-elle pour effet de raviver chez nous ce souci et le désir
d'offrir à chaque étudiant et étudiante un service
de haute qualité, elle aurait constitué un mal pour un bien.
Je sais bien que l'expression "approche-client" agace en notre
milieu. Elle a une connotation mercantile qui déplaît. Et,
après tout, n'est-il pas essentiel à notre rôle d'éducateur
de dire et de montrer à nos clients qu'ils n'ont pas toujours raison
?
Il reste que nous devons constamment nous rappeler que les étudiants
sont la raison d'être de l'Université, que l'essentiel de notre
mission est d'assurer la meilleure formation possible à ces dizaines
de milliers de jeunes et de moins jeunes qui placent en nous leur confiance
et leur espoir et que nous devons être constamment soucieux de ne
pas les décevoir et de leur offrir un service de la plus haute qualité.
Nous avons d'excellents programmes de formation à leur offrir. Nous
devons trouver les moyens de les faire connaître et d'attirer chez
nous des étudiants et des étudiantes doués et motivés.
Nous devons aussi nous soucier de les accueillir avec chaleur, de les bien
informer dès le départ et de les encadrer avec soin, notamment
dans cette période cruciale que constitue le premier trimestre de
la première année. Des expériences tentées
en ce sens l'année dernière ont donné d'excellents
résultats. Elles sont étendues cette année à
l'ensemble du campus. Nous en espérons beaucoup.
Nous devons aussi nous préoccuper au plus haut point de la qualité
de nos programmes et de la qualité de notre enseignement. Pour au
moins 25 000 personnes qui fréquentent notre université, l'excellence
de celle-ci se mesure à la qualité des cours qu'ils reçoivent.
Nous devons encore tout mettre en oeuvre pour que ceux et celles qui ont
les capacités intellectuelles réussissent, complètent
leurs études et obtiennent leur diplôme. Nous avons à
Laval un excellent taux de diplomation, mais il y a encore place pour de
l'amélioration, surtout dans certains programmes.
Nous devons enfin nous préoccuper de l'insertion socio-professionnelle
de nos diplômés. À une époque où le marché
de l'emploi s'est considérablement resserré, même pour
les diplômés universitaires, il convient que nous aidions nos
étudiants et nos étudiantes à se trouver du travail
au terme de leurs études. Ceci vaut particulièrement pour
l'Université Laval dont une bonne partie des diplômés
trouvaient un débouché naturel dans la fonction publique et
para-publique. On pense donc ici à toutes les activités lancées
par le Service de placement et aux multiples formes d'assistance qu'il offre
aux diplômés. On pense aussi à un projet comme Entrepreneuriat-Laval
qui vise à soutenir l'esprit d'entreprise chez nos étudiants.
On pense encore à toutes les formes de stage en milieu de travail
intégrées à la formation. Plus généralement,
on pense à l'adaptation de nos programmes à un monde du travail
où tout évolue très vite et où rien ne semble
permanent, hormis le changement. Je ne plaide pas ici en faveur de l'utilitarisme
et du pragmatisme à courte vue, bien au contraire. Mais nous devons
sans cesse nous remettre en question et nous demander si la formation que
nous donnons à nos étudiants et à nos étudiantes
est bien de nature à favoriser leur insertion dans la société
et à leur permettre d'y exceller.
Un des volets de ce questionnement aujourd'hui a certainement trait à
l'utilisation des immenses possibilités offertes par les technologies
de l'information en matière d'appui à l'enseignement et à
l'apprentissage. Il est difficile de prévoir les changements qu'entraînera
sur le métier de professeur l'introduction de ces nouveaux outils.
On sent bien néanmoins que ce seront des changements profonds, analogues
et peut-être même plus importants que ceux qu'a entraînés
jadis la découverte de l'imprimerie.
Diverses actions seront menées dans le cours de l'année en
appui à cette grande priorité donnée à la réussite
de l'étudiant et de l'étudiante. J'en mentionne quelques-unes
:
- je l'ai déjà dit, la présente rentrée sera
marquée par l'extension à l'ensemble du campus des expériences
d'accueil faites l'an dernier ;
- on poursuivra avec intensité l'évaluation périodique
des programmes aux trois cycles (36 programmes de premier cycle et 47 programmes
de 2° ou de 3° cycle sont en cours d'évaluation) ;
- on adoptera une politique d'évaluation des unités d'enseignement
et de recherche, en tablant sur les expériences déjà
réalisées ou en cours et en veillant à l'harmoniser
avec la politique d'évaluation des programmes ;
- on adoptera une politique d'évaluation de l'enseignement en visant
à généraliser et à systématiser l'évaluation
des cours par les étudiants, comme cela se fait dans la plupart des
autres universités ;
- on mettra en oeuvre le premier plan d'action et d'animation du Réseau
de valorisation de l'enseignement ;
- de concert avec les associations étudiantes, on adoptera une politique
de valorisation de l'enseignement ;
- dans la foulée d'un avis à recevoir bientôt de la
Commission des études, on adoptera des lignes directrices en ce qui
a trait à la dimension internationale dans les programmes de formation
;
- neuf nouveaux programmes d'applications pédagogiques des technologies
de l'information seront réalisés, l'accent étant mis
sur des projets communs à plusieurs professeurs et à plusieurs
cours et faisant appel à l'auto-apprentissage, à l'interactivité
et au multimedia ;
- aux deuxième et troisième cycles, on prendra des mesures
pour resserrer l'encadrement des étudiants (je pense ici à
tout ce qui a trait à l'habilitation des professeurs, aux comités
de thèse et à l'examen de synthèse).
Recherche
C'est aussi dans le but d'offrir aux étudiants de 2° et de 3°
cycles un encadrement de qualité et un milieu intellectuel stimulant
que nous nous efforcerons de maintenir le rythme de progression de la recherche
à l'Université Laval en continuant, notamment, de mieux structurer
la recherche et de favoriser le regroupement des chercheurs. Je me réjouis
à cet égard de constater que les jeunes professeurs semblent
bien accepter cette orientation puisque, l'an dernier, ils ont formé
par moins de six nouvelles équipes de recherche qui constitueront
autant de pôles d'excellence et d'attraction pour les étudiants.
Au chapitre de la recherche interdisciplinaire, on tentera de mener à
terme le dossier de la création d'un institut de recherche réunissant
autour d'une même thématique générale des chercheurs
déjà regroupés au pavillon Charles-Eugène-Marchand.
De plus, on suivra de près l'évolution du dossier du regroupement
des professeurs-chercheurs en études anciennes.
Un projet de révision du règlement de l'Université
en matière de propriété intellectuelle, de droits d'auteur
et de brevets est en préparation et devrait être soumis au
Conseil universitaire en cours d'année après qu'auront eu
lieu toutes les consultations et les discussions requises.
La recherche qui s'effectue à Laval est de plus en plus importante.
Sa qualité est assurée par l'évaluation qui en est
faite par les pairs. En outre, il s'agit très souvent de recherche
appliquée. On devrait donc en attendre des retombées considérables
sur le plan du transfert technologique, de la naissance de nouvelles entreprises
et de la création d'emplois. Tout en étant loin d'être
négligeable, le bilan à cet égard laisse à désirer.
Dans le cours de l'année, des mécanismes concrets de transfert
qui laisseront intacts la mission de l'Université tout en impliquant
le milieu des affaires pour tous les aspects commerciaux des retombées
de la recherche seront proposés.
Vie organisationnelle
Au chapitre de la vie organisationnelle, des dossiers majeurs retiendront
notre attention. J'en mentionne cinq :
1) Des suites concrètes seront données aux décisions
prises par le Conseil d'administration sur la restructuration facultaire.
Ainsi, les questions reliées au statut de la Faculté des
arts, de la Faculté de philosophie, de la Faculté d'architecture
et d'aménagement, de la Faculté des sciences et de génie,
de l'École de pharmacie, de l'École des sciences infirmières,
de l'École des arts visuels et de l'École de musique devraient
être définitivement réglées. De plus, des études
importantes seront menées sur la Faculté des lettres et la
Faculté des sciences sociales et sur la bidimensionalité.
2) On poursuivra l'évaluation systématique des services et
on procédera à l'évaluation de quelques unités
d'enseignement et de recherche.
3) Les travaux de la réingénierie se préciseront suivant
ses trois volets :
- En réingénierie des études, on assistera à
un déploiement rapide des nouvelles modalités d'accueil et
d'encadrement. Les travaux sur le recrutement progresseront à un
rythme accéléré, de même que la révision
de la séquence admission-inscription.
- En recherche, le déploiement des nouveaux processus se fera de
façon graduelle, étant donné l'importance de la formation
à assurer aux intervenants et la profondeur des transformations en
cours.
- Du côté de la gestion des ressources humaines et financières,
les travaux porteront principalement sur la gestion du temps, sur les mouvements
de personnel et sur la décentralisation des masses salariales.
En outre, une décision est imminente dans le dossier du progiciel
de gestion dont l'Université doit absolument se doter pour rendre
sa gestion plus efficace et être en mesure de répondre à
ses obligations. Il fraudra par la suite implanter avec soin cette innovation
en accordant une attention toute spéciale à la formation du
personnel.
4) Le projet "Aménagement des moyens informatiques" (AMI)
sera lui aussi poursuivi. Travaux visant à faciliter l'accès
aux données budgétaires et aux statistiques sur la recherche,
implantation de bornes interactives, développement important des
laboratoires d'informatique personnelle à l'intention des étudiants,
émission d'un NIP (numéro d'identification personnel) que
les étudiants utiliseront dans leurs transactions à travers
le réseau électronique, mise à jour du plan de développement
des technologies de l'information, telles sont les principales actions envisagées
dans le cadre de ce projet en plus, bien sûr, des applications pédagogiques
déjà mentionnées.
5) Des négociations importantes auront lieu dans le cours de l'année.
Entre autres, on enclenchera très bientôt la négociation
avec le syndicat des chargés de cours (SCCCUL). L'évolution
des dernières années a entraîné des changements
qui affectent de façon si importante cette catégorie de notre
personnel enseignant que les deux parties seront amenées à
se poser ensemble des questions fondamentales et à faire preuve d'imagination
et de créativité. Quant à la négociation avec
l'Association du personnel administratif et professionnel (APAPUL), elle
est pour l'instant suspendue, mais devra être réouverte très
bientôt dans le contexte de la nécessaire adaptation de l'Université
à la situation engendrée par la baisse dramatique de ses revenus.
Finances de l'Université
Sur le plan des finances et du budget, j'ai déjà traité
du budget 1996-1997. Il s'agira de veiller attentivement à ce que
les compressions prévues dans les plans des unités soient
effectivement réalisées.
Mais il faut aussi déjà penser à élaborer le
budget 1997-1998 en sachant que nous subirons une nouvelle compression budgétaire
au moins aussi importante que celle de cette année. En fait, on
envisage à ce moment-ci un nouveau manque à gagner se situant
quelque part entre 25 et 30 millions de dollars. Or, actuellement, les
réductions de dépenses prévues par les unités
pour la deuxième année de leur plan de compression sont loin
d'équivaloir à pareille somme. Il reste donc un énorme
travail à faire de ce côté.
Campagne "Défi"
Plus positivement, j'ai le plaisir de vous annoncer que la Campagne "Défi",
officiellement lancée en janvier dernier avec un objectif de 60 millions
de dollars, a dépassé à ce jour le cap des 34,5 millions
de dollars. C'est un éclatant succès, mais il faudra redoubler
d'efforts pour qu'au terme de la présente année, on ait atteint
l'objectif ou, du moins, qu'on s'en soit considérablement rapproché.
Constructions nouvelles
Conformément au plan "Campus 2000", débuteront dans
quelques semaines les travaux d'agrandissement et de rénovation du
pavillon Adrien-Pouliot. Il s'agit d'un projet majeur qui dotera le secteur
"génie" de notre Faculté des sciences et de génie
d'installations modernes et fonctionnelles répondant aux besoins
des étudiants ainsi qu'à ceux de la recherche en expansion.
Toujours conformément au plan "Campus 2000", nous nous
efforcerons d'obtenir l'accord et le financement du Gouvernement du Québec
pour la rénovation et l'agrandissement du pavillon Palasis-Prince
qui loge la Faculté des sciences de l'administration. Vous le savez,
il s'agit d'un des deux plus vieux bâtiments du campus et il a vraiment
besoin de réparations et de rafraîchissement. Par ailleurs,
depuis plusieurs années déjà, il ne répond plus
aux besoins d'une population étudiante qui, si elle a décru
ces dernières années, avait connu des croissances très
considérables les années précédentes. Il s'agira
de réaliser quelque chose d'analogue à ce qui a été
fait avec succès il y a quelques années pour l'autre plus
vieux bâtiment du campus, le pavillon Abitibi-Price. Reconnaissant
le besoin, le ministère de l'Éducation a déjà
accepté de financer l'élaboration des plans et devis préliminaires
qui sont complétés. Il s'agit maintenant de passer aux plans
définitifs et à la réalisatioin.
Planification
Un mot maintenant des perspectives à plus long terme.
Dans la tournée des unités que nous avons faite l'an dernier
et dans celle que nous effectuons présentement, un point qui revient
constamment est le besoin ressenti et exprimé d'une vision à
plus long terme de l'avenir de l'Université Laval. Il serait plus
facile, nous dit-on, de surmonter les difficultés actuelles et de
faire les choix qui s'imposent si nous savions vers quoi nous nous en allons
et quel avenir nous attend. On fait même parfois à la direction
le reproche à peine voilé de ne pas fournir cette vision.
Encore un peu, certains attendraient du recteur une sorte de description
"ex cathedra" de l'avenir de l'Université Laval.
Il y aurait beaucoup à dire là-dessus.
Premièrement, je crois que nous avons à plusieurs reprises
et en diverses circonstances fait partager nos vues sur l'avenir de cette
université, sur sa mission spécifique, sur les priorités
qu'elle devait mettre de l'avant, sur la place que devait y occuper la recherche,
sur son ouverture sur l'international, sur son implication régionale,
sur la place qui lui revenait dans le réseau universitaire québécois
et sur la scène canadienne et internationale. Cette vision, nous
l'avons exprimée, entre autres, dans le dernier plan directeur 1992-1997.
Le problème, c'est que les événements se sont bousculés
au cours des dernières années et que le contexte dans lequel
évolue l'Université s'est transformé de manière
radicale et imprévisible en fort peu de temps. La vision proposée
il y a cinq ans a maintenant besoin d'être réexaminée,
réévaluée et réactualisée. Qui avait
prévu le degré de dégradation des finances publiques
et l'ampleur des compressions budgétaires qui nous affecteraient
? Qui avait prédit que les clientèles étudiantes
décroîtraient de cette façon ? Il y a deux ans à
peine, nous envisagions tous ensemble quatre nouvelles constructions sur
le campus, après le Desjardins, ce qui paraît aujourd'hui tout
à fait irréaliste. Il y a urgence à refaire nos plans.
En second lieu, l'avenir de notre université est largement dépendant
de facteurs externes. Quelle priorité l'État québécois
accordera-t-il dans les faits, et non seulement dans le discours, à
l'éducation en général et à l'enseignement supérieur
en particulier ? Quelle part respective du financement des universités
la société voudra-t-elle faire reposer sur le financement
public et sur le financement privé ? Que concluront sur ces questions
les États généraux de l'éducation, puis le Gouvernement
du Québec? La société québécoise est-elle
toujours prête à payer le prix de l'accessibilité et
de la scolarisation optimale de la population, objectifs qui, depuis 1960,
faisaient partie de notre projet de société ? La réponse
à ces questions ne relève pas de nous, même si nous
pouvons et devons en influencer l'examen, mais elles appellent des débats
de société dont on peut espérer plus qu'il y a quelques
mois qu'ils se feront dans un climat libéré de la démagogie
et empreint d'une certaine hauteur de vues.
En troisième lieu, cette vision de l'avenir de l'Université
Laval ne descendra pas des autorités de l'Université comme
l'eau descend d'une montagne pour se répandre dans la plaine. Elle
ne sera pas individuelle et imposée d'en haut. Elle sera forcément
collective et partagée et résultera d'échanges et de
discussions. J'ajouterai que, dans une perspective de différenciation
et de décentralisation, les contours de l'Université Laval
de demain seront, pour une très large part, la résultante
des orientations de ses composantes et des relations qu'elles établiront
avec leur milieu de référence. Ceci dit sans rien enlever
à la nécessité d'une vision commune, d'orientations
générales et d'objectifs institutionnels et sans minimiser
en rien le rôle indispensable d'inspiration, d'animation, de rassemblement
et de représentation de la direction de l'Université et, notamment,
de son recteur.
Vers la fin de la présente année, une autre personne prendra
la direction de l'Université et, au début de 1997-1998, elle
mettra en place une nouvelle équipe de direction. C'est à
eux qu'il reviendra de proposer les orientations de l'Université
pour assurer son entrée réussie dans le XXI° siècle.
Mais nous pensons, comme équipe de direction, que l'Université
ne peut se permettre de perdre une année dans l'attentisme et que
nous devons rendre à la prochaine équipe le service de préparer
le terrain en amorçant la réflexion et les discussions sur
notre situation actuelle, sur la lecture de l'environnement et de la conjoncture,
sur l'identification des principales questions à résoudre
et des défis prioritaires à relever. Nous prévoyons
être en mesure de soumettre un document de conjoncture aux instances
décisionnelles en février 1997.
Conclusion
Voilà ! Comme vous pouvez le constater, l'année qui commence
sera plutôt bien remplie. Un de mes anciens collègues comparaît
la dernière année d'un mandat au vendredi après-midi
d'une semaine de cinq jours. C'est plutôt l'image olympique du sprint
final qui me vient à l'esprit. Je sais pouvoir compter sur votre
collaboration à tous et à toutes pour que cette dernière
année de mandat soit une année de progrès intense pour
cette institution à laquelle nous sommes tous et toutes si profondément
attachés.