Essai d'un nouveau médicament contre le cancer du sein
Cancer du sein
Essais cliniques d'un nouveau médicament
Les recherches qui ont conduit au développement du EM-800 avaient
commencé au Laboratoire d'endocrinologie moléculaire en 1992.
Un nouveau médicament, le EM-800, mis au point par l'équipe
de Fernand Labrie du Laboratoire d'endocrinologie moléculaire (Faculté
de médecine) sera mis à l'essai sur 32 femmes atteintes d'un
cancer du sein. Lors d'une conférence de presse tenue le mardi 27
février, Fernand Labrie a présenté le EM-800 comme
«un antiestrogène pur, sans aucun effet estrogénique,
qui bloque de façon très puissante et efficace l'action des
estrogènes sans exercer aucune autre action dans l'organisme».
Dans un cancer du sein, la présence d'estrogènes stimule la
prolifération des cellules cancéreuses d'où l'importance
de bloquer l'action de ces hormones avec un antiestrogène. «Nous
avons développé le EM-800 parce que les antiestrogènes
actuellement sur le marché possèdent différents degrés
d'activité estrogénique intrinsèque et ne peuvent donc
pas bloquer les estrogènes de façon aussi complète
que ce nouveau médicament», a expliqué Fernand Labrie.
Selon des études récentes, l'antiestrogène le plus
fréquemment utilisé jusqu'à maintenant contre le cancer
du sein, le tamoxifène, favoriserait le cancer de l'utérus.
Jusqu'à maintenant, le médicament a été testé
sur des cellules in vitro ainsi que chez le rat, la souris et le singe,
à des doses atteignant jusqu'à 2 500 fois la dose prévue
chez la femme, et aucun signe de toxicité n'a été observé.
Au cours des derniers mois, le médicament a été testé
chez des femmes normales sans provoquer d'effets secondaires. Une étude
réalisée à l'aide de souris porteuses de tumeurs cancéreuses
humaines a montré une régression complète d'environ
40 % des tumeurs ainsi qu'une diminution moyenne de 50 % du volume des
tumeurs suite au traitement.
Le vrai test
L'équipe de Fernand Labrie entreprend maintenant de tester l'efficacité
du EM-800 chez un groupe de 32 femmes qui prendront le médicament
par voie orale pendant six mois. Les sujets doivent être ménopausées
ou avoir subi l'ablation des ovaires, avoir répondu positivement
au traitement au tamoxifène et avoir un cancer du sein inopérable
en progression (pour participer à l'étude, faites le 654-2296).
Ces tests ont été approuvés par Santé Canada,
le Comité d'éthique du CHUL et le Conseil d'administration
du Centre hospitalier de Québec. L'étude pourrait être
étendue à d'autres hôpitaux du Québec.
Les recherches qui ont conduit au développement du EM-800 ont commencé
en 1992 au CHUL et une centaine de personnes y ont collaboré depuis.
Ce programme de recherche est réalisé sous la direction d'Endorecherche,
en collaboration avec la firme Schering Plough qui s'est engagée
à commercialiser les médicaments qui pourraient en résulter.
Une femme sur neuf sera atteinte du cancer du sein au cours de sa vie. En
1995 au Québec, 4 000 nouveaux cas ont été signalés
et 1 300 femmes sont décédées de cette maladie.
JEAN HAMANN
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