Carpe diem, café littéraire
Carpe diem
Vous en avez assez des bars salons virtuels sur Internet? Un café
littéraire et philosophique ouvre ses portes le 9 mars au Pub du
pavillon Alphonse-Desjardins. Bienvenue à ceux et celles qui veulent
changer le monde!
Il fut une époque - pas si lointaine - où l'avenir du monde
se réglait dans les cafés. Entre deux gorgées d'expresso
ou de bière, hommes et femmes se laissaient aller au plaisir de la
discussion, partageant malaises existentiels et cigarettes, tirant les fils
de la conversation au gré de leurs préoccupations et de leurs
intérêts. Convaincus que le choc des idées avait son
mot à dire quant à l'avancement de l'humanité, ils
parlaient et rêvaient, et le verbe se faisait - littéralement
- chair.
C'est dans cette optique que deux étudiants à la maîtrise
en communication publique, Moussa Sarr et Denise Bérubé, ont
conçu le projet de créer un café littéraire
et philosophique à l'Université Laval. Les rencontres auront
lieu tous les samedis après-midi, de 15 h à 19 h, au restaurant-bar
Le Pub du pavillon Alphonse-Desjardins, et ce, à partir du 9 mars,
jusqu'à la fin du trimestre.
«Nous souhaitons que ce café soit un espace de rencontre et
un lieu d'apprentissage qui se situe au-dessus des départements et
des facultés», souligne Moussa Sarr. Sa collaboratrice, Denise
Bérubé, estime pour sa part qu'il n'existe pas vraiment de
lieu pour échanger sur le campus: «En ce sens, la tenue de cette
activité vient combler un vide.» Si ces beaux parleurs - et
grands faiseurs - ont choisi de nommer leur café Carpe diem , c'est
qu'ils demeurent convaincus que la traduction de cette expression, «saisir
le jour», équivaut à «cueillir la connaissance»
pouvant résulter d'échanges fructueux entre les personnes.
«Dans le film La société des poètes disparus,
les jeunes fuient en quelque sorte l'institution pour se réfugier
dans un lieu où ils pourront créer et se recréer, explique
Moussa Sarr. Dans cet ordre d'idée, Carpe diem constitue un cri
de ralliement, un appel au dépassement.»
Un espace ouvert
Bien qu'elle se veuille souple, la formule-type de ce café répond
à un plan précis: chaque semaine, un invité, choisi
par les membres de la communauté universitaire ou de l'extérieur,
introduit un thème relié à la littérature ou
à la philosophie, pendant une quinzaine de minutes. Une fois le débat
lancé, les participants au café ont tout le loisir de discuter
et d'approfondir la question, avant que la personne-ressource revienne conclure.
Parmi les thèmes traités figurent le temps et la modernité,
l'interculturalité, les médias et la société,
la différence, etc.
«Aucun sujet n'est interdit; c'est un espace ouvert et rien ne pourra
le fermer», lance Moussa Sarr, qui a eu la piqûre des cafés
et de leur ambiance, alors qu'il étudiait à Paris, à
la fin des années 1980. Pour ce Sénégalais d'origine,
il n'existe pas d'engouement pour l'interaction sociale à l'Université,
à part évidemment les réunions sociales où la
bière coule à flots: «Si ''le savoir du monde passe par
ici'', comme le stipule la campagne publicitaire de l'Université
Laval, il serait tout à fait bénéfique qu'elle déborde
du cadre professeurs-étudiants.»
RENÉE LAROCHELLE
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