500 000$ de Bayer pour l'insuffisance cardiaque
Bayer injecte 500 000 $ dans la recherche
sur l'insuffisance cardiaque
L'Institut de cardiologie de Québec et la firme Bayer ont signé,
récemment, une entente en vertu de laquelle trois professeurs de
la Faculté de médecine de l'Université Laval associés
à l'Institut, Pascal Daleau, Jean Jobin et John Kingma, bénéficieront
d'une somme de 500 000 $ au cours des cinq prochaines années pour
réaliser des recherches dans le domaine de l'insuffisance cardiaque
globale.
Fait à signaler, les projets que mèneront les chercheurs grâce
à ces fonds ne visent pas le développement à court
terme de médicaments au profit de Bayer mais plutôt une meilleure
compréhension des phénomènes fondamentaux qui interviennent
dans l'apparition et l'évolution de cette maladie.
Une maladie débilitante
«Près de 90 % des gens qui souffrent d'insuffisance cardiaque
ont fait un infarctus dans le passé, explique d'entrée de
jeu l'un des chercheurs subventionnés, Jean Jobin. Ce syndrome provoque
un affaiblissement physique progressif qui rend difficile l'accomplissement
de tâches même peu ardues.» La cascade de complications
associées à l'insuffisance cardiaque est longue et pénible:
douleurs musculaires surtout dans les jambes, rétention d'eau et
de sodium causant de l'oedème, problèmes respiratoires causés
par l'accumulation d'eau dans les poumons, essoufflement, dégradation
de la musculature, incapacité du coeur à acheminer suffisamment
d'éléments nutritifs et d'oxygène aux autres organes
du corps. «Éventuellement, dit le chercheur, rien ne fonctionne
plus comme ça devrait fonctionner et le coeur devient incapable de
subvenir aux besoins de l'organisme.»
Trois projets
Les chercheurs attaqueront le problème de l'insuffisance cardiaque
sur trois fronts. D'abord, Pascal Daleau étudiera les modes de communication
existant entre les différents types de cellules du coeur afin de
mieux cerner les facteurs qui nuisent ou favorisent la transmission des
messages entre cellules cardiaques. Pour sa part, John Kingma cherchera
à savoir pourquoi des cellules cardiaques meurent ou récupèrent
après avoir été privées d'oxygène pendant
une certaine période de temps. Ces travaux permettront de mieux comprendre
le préconditionnement ischémique, un phénomène
qui fait que le coeur accroît sa capacité de résister
à un manque d'oxygène s'il a précédemment été
privé d'oxygène. Le préconditionnement ischémique
expliquerait pourquoi les personnes qui souffrent d'angine de poitrine,
mais qui persévèrent dans un programme d'exercices, élèvent
progressivement leur seuil de douleur.
Quant à Jean Jobin, il s'intéressera aux modifications que
subissent les muscles du corps à mesure que s'installe le processus
d'insuffisance cardiaque. «L'insuffisance cardiaque entraîne
des modifications dans les muscles avant même que le coeur ne montre
des signes d'affaiblissement, dit le chercheur. Il semble exister un message
nerveux ou hormonal qui commande la détérioration des muscles
dans le but de protéger le coeur. Nous voulons mettre au point un
moyen non invasif pour détecter la dégradation des muscles
afin de pouvoir suivre le processus et également le prévenir.»
Le chercheur veut notamment vérifier si des exercices physiques
adaptés, qui préviendraient la détérioration
des muscles et la surcharge de travail du coeur, pourraient influencer favorablement
l'évolution de la maladie.
D'une pierre deux coups
L'investissement de 500 000 $ permet à Bayer de créer une
alliance stratégique avec les chercheurs de l'Institut de cardiologie
de Québec, alliance qui pourrait éventuellement conduire
à d'autres projets, souligne Jean Jobin. Du même coup, la
firme remplit une partie des engagements pris par les compagnies pharmaceutiques
à la suite de la modification de la loi canadienne touchant la durée
des brevets sur les médicaments. On se souviendra que les firmes
s'étaient engagées à accroître leurs investissements
en recherche si le Canada prolongeait la durée de protection des
brevets pharmaceutiques.
JEAN HAMANN