Summa, firme conseil en ingénierie
Emploi
Du génie d'apprêter les restes
Le défi des étudiants de Summa Conseils: apprendre à
survivre dans la jungle des petits contrats et de la sous-traitance.
Il y aura bientôt trois ans que l'aventure de Summa Conseils a commencé
et, si cette petite boîte de consultation en génie ne croule
pas encore sous les contrats, elle contribue néanmoins à bien
préparer les étudiants qui y travaillent aux dures réalités
du marché de l'emploi. «Bon trimestre, mauvais trimestre, une
cinquantaine d'étudiants gravitent autour de Summa Conseils, dont
une quinzaine qui assurent le roulement quotidien du bureau», estime
son actuel directeur général, Philippe Gauthier.
L'idée de créer une boîte de consultation étudiante
en génie est née en février 1993, dans l'esprit d'une
étudiante de génie civil, Élise Villeneuve, aujourd'hui
présidente de l'entreprise, en réponse au manque de formation
pratique dans certains programmes de génie. Elle et un petit groupe
d'étudiants concrétisent le projet en fondant, en mai 1993,
Summa Conseils. La compagnie émet 1 000 actions à un dollar
afin de constituer un fonds de démarrage. De son côté,
la Faculté des sciences et génie donne un coup de pouce à
Summa Conseils en lui prêtant un petit local du pavillon Pouliot et
en lui donnant accès à ses laboratoires informatiques.
Un marché de petits contrats
Évidemment, il n'est pas question pour Summa de rivaliser avec les
grandes firmes d'ingénierie. «On prend un marché délaissé
par les grandes boîtes, celui des petits contrats en consultation
et en recherche et développement, explique Philippe Gauthier. En
général, nos clients ont des problèmes bien précis
et peu d'argent pour les résoudre. Nous visons aussi le marché
de la sous-traitance.» Au cours des deux premières années
de fonctionnement de Summa Conseils, ses dirigeants ont consacré
beaucoup d'énergie à l'organisation interne de l'entreprise.
«On n'a eu que deux contrats pendant cette période mais cette
année, on en a cinq totalisant 20 000 $», souligne Philippe
Gauthier.
Pour chaque contrat obtenu, Summa Conseils nomme un chef de groupe, étudiant
à la maîtrise ou au doctorat, qui se constitue une équipe
à partir de la banque de pigistes de la firme. «Un membre de
l'Ordre des ingénieurs du Québec est associé à
chaque projet, précise le directeur de Summa. Il supervise l'équipe
et approuve les plans et rapports. Sa participation fait augmenter nos tarifs
mais c'est essentiel pour assurer la crédibilité de notre
travail. Les chefs d'équipe reçoivent de 20 $ à 30
$ l'heure et les pigistes, de 10 $ à 15 $.»
Le seul travail qui n'est pas rémunéré chez Summa est
celui du fonctionnement du bureau. «On n'a pas encore un volume de
contrats assez grand pour ça, ce qui cause certains problèmes
de participation. Pourtant, faire de la recherche de contrats et assurer
la permanence du bureau sont deux choses essentielles pour la survie de
l'entreprise», dit Philippe Gauthier.
Le problème de la relève
Étudiant finissant en génie physique, le directeur général
se dit préoccupé par la relève. «Je suis un des
seuls rescapés de l'équipe de l'an dernier et, cette année,
plus de la moitié des membres terminent leurs études. Il faudrait
recruter de nouveaux étudiants dès leur première année
à l'Université afin qu'ils aient le temps de se familiariser
avec le fonctionnement de la boîte. L'idéal serait évidemment
de pouvoir compter sur un permanent qui assurerait le suivi d'une année
à l'autre.»
Malgré tout, Summa Conseils affichera cette année, un bilan
record côté contrats et plusieurs autres projets pourraient
être signés d'ici peu. Au printemps, la firme quittera son
petit local du pavillon Pouliot pour emménager dans des locaux tout
neufs au pavillon Desjardins, gracieuseté de la CADEUL. Au moment
où Summa Conseils prend son erre d'aller, une seule question subsiste:
qui reprendra le flambeau?
JEAN HAMANN
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