Travail debout et croissance du foetus
Les conditions de travail
influencent la croissance du foetus
Une étude du Groupe de recherche en épidémiologie
soulève des liens entre certaines caractéristiques du travail
des femmes et le risque d'avoir un enfant prématuré ou de
petit poids pour son âge gestationnel.
Travailler debout pendant plusieurs heures chaque jour augmente le risque
de donner naissance à un enfant présentant une insuffisance
de poids pour son âge gestationnel, révèle une étude
réalisée par trois chercheurs du Groupe de recherche en épidémiologie
de l'Université Laval. En effet, le risque d'avoir un enfant ayant
une insuffisance de poids est 42 % plus élevé chez les femmes
enceintes qui travaillent debout six heures ou plus par jour que chez celles
travaillant moins de trois heures debout.
Cette probabilité atteint presque le double lorsqu'en plus la mère
continue à travailler après la 24e semaine de grossesse. La
position debout, maintenue pendant plusieurs heures, entraverait la circulation
sanguine placentaire et nuirait à la croissance normale du foetus.
Les chercheurs Isabel Fortier, Sylvie Marcoux et Jacques Brisson ont également
trouvé que la probabilité de donner naissance à un
enfant prématuré est 45 % plus élevée chez les
femmes qui ont un horaire de travail régulier de soir ou de nuit
que chez celles qui ont un horaire de jour. Enfin, l'étude n'a décelé
aucun lien entre le fait de soulever des objets lourds ou de travailler
de longues heures chaque semaine et la probabilité d'avoir un enfant
prématuré ou un enfant ayant une insuffisance de poids.
Les bébés présentant une insuffisance de poids sont
ceux dont le poids à la naissance est sous le dixième percentile
compte tenu de leur âge gestationnel et de leur sexe. Par ailleurs,
un bébé est considéré prématuré
s'il naît avant la 37e semaine de grossesse.
L'étude, publiée dans le dernier numéro de la revue
scientifique
Scandinavian Journal of Work Environment and Health,
a porté sur 4390 femmes de la région de Québec qui
ont accouché entre janvier et octobre 1989. Quelques semaines après
l'accouchement, ces femmes ont participé à une entrevue téléphonique
visant à recueillir des renseignements sur le nombre de semaines
de grossesse complétées au moment de la naissance, les caractéristiques
de l'emploi occupé pendant la grossesse et les autres facteurs qui
auraient pu brouiller les analyses. Le poids de chaque enfant a été
établi en consultant les certificats de naissance.
Les études réalisées jusqu'à maintenant sur
les femmes enceintes qui travaillent debout pendant des périodes
prolongées ont produit des résultats contradictoires. «Notre
étude ne vient pas trancher définitivement le débat,
prévient Sylvie Marcoux. Nous entreprenons d'ailleurs une nouvelle
étude afin de mieux cerner l'importance que peuvent avoir les conditions
de travail pendant la grossesse.»
JEAN HAMANN
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