Le blues de Nelligan
Spectacle
Le blues de Nelligan
Un rendez-vous au TCU, les 23 et 24 février, avec Le Vaisseau
d'or, une troupe sur mesure pour monter l'opéra romantique de Michel
Tremblay et André Gagnon.
Vicky Talbot se souviendra toujours de cet instant béni des dieux
où elle a entendu réciter un poème d'Émile Nelligan
pour la première fois. «C'était à l'école
secondaire et le professeur avait lu Le Vaisseau d'or devant toute la classe.
Du coup, je suis littéralement tombée amoureuse de la poésie
de Nelligan.» Rien de surprenant, donc, que cette étudiante
en éducation musicale à l'École de musique décide
de monter Nelligan, un opéra écrit en 1990 par le dramaturge
Michel Tremblay et mis en musique par le compositeur bien connu André
Gagnon. L'opéra sera présenté les 23 et 24 février,
à 20 h, au Théâtre de la cité universitaire,
par la troupe du Vaisseau d'or, d'ailleurs fondée expressément
pour l'occasion.
Construit en flash-back, cet opéra en deux actes débute au
moment où Émile, enfermé à l'asile pour cause
de démence précoce - on dirait aujourd'hui schizophrénie
- se remémore ces courts moments où il a pu créer.
Pris entre un père irlandais qui méprise son talent et une
mère canadienne-française adorée dont il a fait siennes
la langue et la culture, le poète se heurte constamment à
l'incompréhension de son milieu et au mépris dans lequel on
tenait ceux qui déviaient des us et coutumes de l'époque.
Le poète à nu
«Le destin tragique de Nelligan, la dualité linguistique et
culturelle qu'il a vécue au sein de sa famille représentent
des aspects de sa vie qui en font un sujet d'opéra romantique par
excellence, explique Vicky Talbot. Sans compter que les années actives
de Nelligan se comptent sur les doigts d'une main. En effet, les quelque
170 poèmes qu'il a écrits l'ont été entre l'âge
de 16 et 19 ans, tout juste avant son internement à Saint-Jean-de-Dieu
où il mourra dans l'anonymat, en 1941, à 62 ans.»
La production regroupe une trentaine de chanteurs, de musiciens et de comédiens,
dont un bon nombre proviennent de l'École de musique. Assurée
par Richard Paquet, la mise en scène brille par son dynamisme, remarque
Vicky Talbot. Et si le décor fait dans le dépouillement, c'est
d'abord et avant tout afin de respecter l'intériorité du poète,
le mettre à nu, en quelque sorte. Quant aux costumes, d'époque
s'il-vous-plaît, ils sont somptueux, promet-on. «Émile
Nelligan est un très grand poète dont l'apport à notre
culture est immense. En montant ce spectacle, nous avons voulu lui rendre
hommage, d'abord parce qu'il le mérite bien et, ensuite, pour que
son souvenir ne sombre jamais dans l'abîme du rêve.»
Les billets sont en prévente au coût de 10 $ jusqu'au 23 janvier,
à 17 h, au Service des activités socioculturelles, bureau
2344, pavillon Alphonse-Desjardins, au magasin HMV de Place Laurier et à
la boutique Face à face, 242, rue Saint-Jean. À l'entrée
le soir du spectacle, 12$
RENÉE LAROCHELLE
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