Les défis de la profession d'architecte
15 janvier 1996
Au secours des jeunes architectes
Sous le thème «Les jeunes et l'emploi: les défis que
lance la profession d'architecte» a eu lieu, le 10 février,
à l'École d'architecture, un colloque auquel ont participé
près de 200 jeunes architectes et stagiaires. «Entre autres
objectifs, nous visions à situer la profession d'architecte à
l'intérieur du processus global d'évolution de la société
québécoise», signalent les coordonnatrices de l'événement,
Anne-Marie Dufour et Marie-Claude Dubois, toutes deux étudiantes
au 2e cycle. «Nous voulions également ouvrir la discussion sur
la question de l'emploi en architecture et faire connaître les différentes
options professionnelles qui s'offrent aux jeunes architectes et stagiaires.»
Présidente de l'Ordre des architectes du Québec de juin 1994
à juin 1995, Odile Gagnon Hénault a fait remarquer qu'il existait
actuellement au Québec une profonde crise de l'emploi chez les jeunes
architectes. Selon la conférencière, une remise en question
s'impose de toute urgence; les voies de solution passent avant tout par
l'élargissement pur et simple de la commande actuelle à ces
jeunes qui ne demandent pas mieux que de faire valoir leurs talents. En
ce sens, croit Odile Gagnon Hénault, les concours d'architecture
garantissent des projets de meilleure qualité, en plus de permettre
aux jeunes d'accéder à la commande publique. Enfin, elle estime
que les écoles d'architecture de même que l'Ordre des architectes
du Québec doivent regarder le problème en face et tenter de
trouver des solutions, sinon «nous devrons songer à restreindre
l'accès à la profession d'architecte».
Professeur au Département de design à l'Université
du Québec à Montréal, Jean-Louis Robillard estime de
son côté que le contexte québécois de l'emploi
pour les jeunes architectes a connu dans les deux dernières décades
une évolution notoire. Si les étudiants en architecture se
sont enthousiasmés pour la conceptualisation par ordinateur, une
économie en récession n'a pas créé un terrain
fertile à l'exploration de nouvelles technologies constructives,
tant et si bien que le Québec est en retard dans ce domaine. Selon
le conférencier, les transformations profondes dans la pratique de
l'architecture sont encore à venir. Il croit notamment que les expériences
actuelles sur les mondes virtuels ne font qu'apparaître et qu'elles
seront porteuses d'une transformation des attitudes et des activités.
André Casault, professeur à l'École d'architecture
de l'Université Laval, constate que les voies traditionnelles de
la pratique architecturale apparaissent souvent comme des culs-de-sac aux
jeunes architectes qui arrivent sur le marché du travail: «Tout
un secteur de la construction, de rénovation du bâti est encore
trop souvent négligé des architectes. Des populations défavorisées,
qu'elles soient d'ici ou de pays en voie de développement, ne reçoivent
aucun service de personnes compétentes dans la conception, la construction
et la rénovation de leurs espaces de vie. Des défis énormes
se présentent aux jeunes designers, des emplois - pas toujours les
plus payants mais combien passionnants - s'offrent à eux et manquent
encore trop souvent de preneurs.»
RENÉE LAROCHELLE
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