L'amour derrière ses masques
L'AMOUR DERRIÈRE SES MASQUES
Des relations amoureuses, ça se soigne. Deux psychologues du Service
d'orientation et de counseling expliquent comment.
Certains mythes sur l'amour qui ont cours dans la société
ont la vie tenace, même chez les étudiants et les étudiantes.
Hélène Morrissette et Denis Garneau, psychologues au Service
d'orientation et de counseling de l'Université Laval, en ont relevé
cinq qui sont courants chez la clientèle étudiante de l'Université
qu'ils rencontrent régulièrement.
Romance et indivisibilité
Un premier mythe pointé du doigt par Denis Garneau, qui semble-t-il
pourrait résumer tous les autres, est celui qui veut qu'un amour
romantique signifie un bon mariage. Si le romantisme se déploie dans
toute son intensité au début d'une relation, il risque de
se faner rapidement (et l'amour aussi) si on ne l'entretient pas dans le
quotidien, pense le psychologue. Il ne faut pas, selon lui, voir dans l'absence
de romantisme une preuve que le couple ne fonctionne pas bien.
D'autres croient, de leur côté, que mari et femme ou homme
et femme devraient tout faire ensemble (second mythe). Ces fameux premiers
pas d'un couple, dictés par l'effet passion qui les soude dans leur
moindre geste... Il est important de respecter la liberté de l'autre,
de ne pas interférer dans sa vie intime, signale Denis Garneau.
Dormance et divisibilité
«Mon amoureux devrait me rendre heureuse.» Comme si un simple
contact pouvait apporter le bonheur par magie. Une personne qui nage dans
cet autre mythe va se sentir responsable des humeurs de l'autre, prévient
Hélène Morrissette. La psychologue va même jusqu'à
qualifier de «sirop Lambert de l'amour» ou d'«amour élixir»
l'attitude qu'elle décèle chez certains individus «qui
n'ont pas besoin de s'inquiéter, vu qu'ils sont en amour».
Autre mythe persistant: l'harmonie règne là où les
tâches sont divisées moitié-moitié. Une situation
qui peut parfois devenir absurde si l'on tient absolument à se conformer
à une norme sociale. Pour certains, la proportion 50/50 va de soi;
pour d'autres, c'est loin d'être le cas. Selon la psychologue, chaque
couple doit trouver la solution qui lui convient. Sinon la rigidité
créera un débalancement, puis de l'insatisfaction. Il ne faut
surtout pas tomber dans une relation où l'on «comptabilise»
tout ce que l'on fait ou que l'on paie.
En pays de conversion
Le dernier mythe de la série nous amène, pour sa part, loin
de la chanson des Classels: Ton amour a changé ma vie. Ici, le refrain
qui sera de mise chantonnera plutôt: Mon amour va le ou la changer.
«La rééducation, ça n'a pas grand-chose à
voir avec l'amour», tranche Hélène Morrissette en pensant
à cette personne qui s'«embarque» avec quelqu'un qui ne
lui convient pas sur plusieurs points. Ainsi se mettra en branle une relation
(forcément douloureuse par instants) fondée sur les rapports
entre un éducateur ou une éducatrice et une personne à
éduquer. La chaleur et les intérêts communs devront
alors céder la place au «missionnariat».
Beaucoup de gens sont insatisfaits, constatent finalement Hélène
Morrissette et Denis Garneau, probablement parce qu'ils donnent plus de
poids à l'idéal romantique qu'à la réalité
quotidienne de l'amour.
GABRIEL CÔTÉ
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